La grippe aviaire a décimé la moitié des fous de Bassan

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L’épidémie de grippe aviaire de l’an dernier a été dévastatrice pour les fous de Bassan des Îles-de-la-Madeleine, selon les plus récentes données du Service canadien de la faune, obtenues par l’Agence QMI.

Le décompte, mené par l’organisme au cours du mois de juillet 2022 par photos aériennes, révèle que la colonie de fous de Bassan du Rocher aux Oiseaux, au large des Îles, a décliné de 58 %.

«Notre précédent suivi de la population de fous de Bassan remontait à 2020», explique Jean-François Rail, biologiste responsable du suivi des populations d’oiseaux marins qui nichent au Québec. «Et l’impact de la grippe aviaire est sans précédent, pour la colonie du Rocher aux Oiseaux. On n’avait jamais vu une telle baisse !»

Le biologiste au Service canadien de la Faune Jean-François Rail fait le suivi de l’évolution de la population de Fous de Bassan aux Îles-de-la-Madeleine.
Le décompte porte sur le nombre de couples nicheurs au pic de la saison de reproduction qui s’étend de mai à octobre. Cela confirme les images qui ont circulé dans les médias l’an dernier montrant des milliers d’oiseaux morts sur les rives aux Îles-de-la-Madeleine.

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En comparaison, la population de fous de Bassan de l’île Bonaventure, en Gaspésie, n’a baissé que de 13 % en 2022, par rapport à 2020.

Le biologiste dit n’avoir aucune explication permettant de comprendre un tel écart entre les colonies de ces deux régions.

«On peut faire le parallèle avec les colonies d’eiders à duvet dans l’estuaire, où certaines îles ont été affectées avec des centaines de carcasses d’oiseaux morts et où d’autres n’ont pas du tout été affectées. Alors, pourquoi un endroit plus que l’autre? C’est vraiment étrange», souligne M. Rail.

D’ailleurs, ce dernier s’étonne également de ce que les guillemots marmettes qui nichent en grand nombre au Rocher aux Oiseaux aient eux aussi échappé au virus H5N1.

«Les guillemots marmettes sont là par milliers et en densité parfois beaucoup plus grande que les fous de Bassan, mais sur les photos, on ne décèle aucune mortalité. Alors pourquoi ça n’a affecté que les fous et pas les guillemots marmettes ? Je ne sais pas. C’est un autre mystère !»

Nouvelle vague appréhendée

Alors qu’il qualifie de significatif l’impact des mortalités causées l’an dernier par le virus H5N1, le biologiste appréhende une nouvelle vague de grippe aviaire au cours des prochains mois.

«Il y a des signes de grippe aviaire en Amérique du Sud, où nos oiseaux migrateurs du Québec sont descendus dans leurs aires d’hivernage. Mais au niveau de l’ampleur que ça va prendre, on ne le sait vraiment pas. Chose certaine, s’il devait y avoir un impact supplémentaire sur la mortalité de la population l’été prochain, ce serait vraiment inquiétant.»

La population de fous de Bassan était déjà en déclin au Québec avant la vague de grippe aviaire de l’an dernier. Il y a eu un pic d’abondance en 2009, à près de 90 000 couples, mais ce nombre a baissé sous les 75 000 l’année suivante, a précisé Jean-François Rail.

LA UNE : COURTOISIE PAULINE MARTIGNY
PAR HÉLÈNE FAUTEUX