Contrairement à plusieurs autres espèces marines en déclin, les stocks de pétoncles atteignent des niveaux records au large des îles de la Madeleine. Une réduction de l’effort de pêche expliquerait ces rendements inégalés depuis des décennies.
En 2023, près de 60 tonnes de chair de pétoncle ont été débarquées sur les quais de l’archipel, une hausse de 29 % par rapport à 2022.
Il faut remonter entre 1965 et 1970 pour retrouver des chiffres similaires, ça veut dire que ça fait très longtemps qu’on n’avait pas observé des rendements aussi élevés que ça pour le pétoncle des Îles-de-la-Madeleine
, souligne le biologiste à l’évaluation des stocks pour Pêches et Océans Canada, Rénald Belley.
Les 21 détenteurs de permis de l’archipel se sont partagé des revenus de 2,75 M$. Cette somme est 90 % plus élevée que la moyenne des cinq dernières années.
Selon le biologiste à l’évaluation des stocks pour Pêches et Océans Canada, Rénald Belley, la biomasse des pétoncles de 100 millimètres et plus, soit la taille commerciale, n’a pas été aussi élevée depuis des décennies.
On fait ce relevé scientifique depuis 1987 et, pour les pétoncles commerciaux, c’est la valeur la plus élevée qu’on a observée sur le fond. C’est la même chose pour les pétoncles qui vont arriver à maturité dans un an et dans deux ans. Donc, c’est très encourageant.
Seule ombre au tableau, les pétoncles de 70 millimètres et moins, qui doivent encore maturer plus de 2 ans avant d’atteindre la taille commerciale, sont moins nombreux.
Ce ne sont pas les valeurs les plus basses qu’on a observées, mais c’est quand même très bas
, mentionne M. Belley.
On espère en 2024 une nouvelle cohorte de petits pétoncles qui vont arriver sur les fonds et qui vont pouvoir être disponibles à la pêche,
ajoute le biologiste.

Les stocks de pétoncles de 70 millimètres et plus sont très encourageants, alors que la biomasse des plus petits spécimens est plus basse. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / GRACIEUSETÉ DE BARBARA LANTEIGNE
Limiter l’effort de pêche
Le petit triomphe du pétoncle s’explique, entre autres, par une réduction de l’effort de pêche.
Depuis 2021, les 21 pêcheurs madelinots ont choisi de se partager 230 jours de pêche, alors que 430 jours seraient autorisés par les scientifiques.
Ça n’a pas tout le temps bien été dans le pétoncle
, mentionne le président de l’Association des pêcheurs de pétoncle des Îles, Mario Poirier. Ça va bien depuis quelques années, mais dans le passé on s’apercevait que la biomasse diminuait un peu.
On s’est dit qu’on allait diminuer l’effort de pêche, et ça a été bénéfique pour nous autres, parce que depuis qu’on a fait ça, les débarquements ont toujours augmenté.
Les pêcheurs ont laissé plus de pétoncles sur le fond dans les dernières années, la reproduction s’est mieux faite et les densités qu’on observe maintenant sont élevées
, ajoute le biologiste Rénald Belley.

Les 21 pêcheurs de pétoncle madelinots ont 10 jours de pêche chacun. Quelques individus ont deux permis, ce qui leur permet de pêcher 20 jours. (Photo d’archives) PHOTO : PÊCHES ET OCÉANS CANADA
Ouvrir la saison à date fixe
À moins d’avis contraire, la saison 2024 de pêche au pétoncle sera lancée le 21 mars aux Îles.
Lors du comité consultatif qui s’est tenu le 22 février, Pêches et Océans Canada et les pêcheurs de pétoncle ont choisi de faire de cette date le début officiel de la saison de pêche pour les prochaines années, lorsque les conditions de glace le permettent.
Avec le réchauffement climatique, il y a de moins en moins de glace
, souligne Mario Poirier. On a décidé, à partir de cette année, que le début de la saison allait toujours être le 21 mars, peu importe si c’est un dimanche ou un mardi.
Traditionnellement, les pêcheurs de pétoncle ouvrent la saison de pêche aux îles de la Madeleine, en prenant le large avant les crabiers.
LA UNE : Dans l’archipel madelinot, les débarquements de pétoncle sont en hausse depuis 2020. (Photo d’archives) PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ROBERT F. BUKATY