Mieux préparer les municipalités aux changements climatiques

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Un forum régional organisé par le Conseil régional de l’environnement de la Gaspésie a rassemblé des acteurs du monde municipal et des chercheurs à Paspébiac pour tenter de mieux se préparer aux risques liés aux changements climatiques.

Le directeur régional de la sécurité civile en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Félix Caron, a notamment fait une présentation pour informer les municipalités des actions qui peuvent être posées en amont, comme avoir un centre de sécurité civile et un moyen d’alerter les gens lors d’événements d’urgence.

Il a aussi été question de mesures que peuvent prendre les citoyens pour se préparer, comme avoir une trousse d’urgence de 72 heures avec des médicaments sur ordonnance et de la nourriture.

Félix Caron.

Le directeur régional de la Sécurité civile en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Félix Caron (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / LOUIS PELCHAT-LABELLE

En Gaspésie, 95 % de nos municipalités ont adopté des plans de sécurité. C’est peut-être lié au fait que la majorité des municipalités sont côtières ou ont eu à faire face à des épisodes d’érosion ou de submersion et sont plus sensibilisées, explique Félix Caron.

Augmenter la résilience des communautés

Pour l’organisatrice du forum, Marie-Édith Turcotte-Maltais, qui est chargée de projet au Conseil régional de l’environnement de la Gaspésie, le forum se voulait un lieu d’échange sur les meilleures pratiques à adopter.

L’idée du forum, c’était d’offrir aux municipalités un lieu pour échanger ensemble sur leurs problèmes, mais aussi sur les meilleures pratiques en adaptation aux changements climatiques, et de mettre en valeur l’expertise disponible sur le territoire pour les accompagner, indique-t-elle.

Des experts en adaptation climatique et en aménagement du territoire étaient notamment présents. Même si le forum était ouvert à tous, le public était principalement composé de représentants du monde municipal et de professionnels en environnement.

On essaie d’amener les municipalités justement à être plus dans la prévention et la planification, donc en amont, ajoute Marie-Édith Turcotte-Maltais.

L’objectif est de planifier plutôt que d’être tout le temps en mode réaction parce qu’on sait que c’est là que ça coûte cher.

Une citation de Marie-Édith Turcotte-Maltais, chargée de projet au Conseil régional de l’environnement de la Gaspésie

L’érosion en toile de fond

Selon Marie-Édith Turcotte-Maltais, l’érosion est un des problèmes majeurs en Gaspésie et aux îles de la Madeleine.

On le vit depuis déjà plusieurs années. Des tempêtes qui sont de plus en plus fréquentes, la glace qui n’est plus là pour atténuer l’effet des vagues… On l’a encore vécu cette année. On a eu des tempêtes en janvier avec des effets considérables. C’est un sujet omniprésent, dit-elle.

Est-ce qu’on devrait autoriser les gens à construire des résidences dans des milieux à risque d’érosion et de submersion côtières? C’est un exemple de ce qu’on pourrait simplement interdire, dit-elle.

Le château Dubuc, à Chandler, a été emporté par la mer en raison notamment de l’érosion côtière. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / LOUIS PELCHAT-LABELLE

Mieux aménager le territoire

Selon Jean-François Sabourin, urbaniste et coordinateur en aménagement du territoire pour l’Union des municipalités du Québec (UMQ), d’autres leviers existent pour mieux se préparer.

La bonne pratique qui va coûter cher, c’est la mise à niveau des infrastructures pour le climat. Nos villes et villages se développent et se densifient. C’est ce que l’on souhaite à l’échelle du Québec, mais ça pose un risque ou une difficulté sur le plan des infrastructures pour avoir le niveau nécessaire, ajoute M. Sabourin.

Par exemple, élargir des conduites d’eau, ça coûte une fortune et c’est le genre de chose qui, à l’échelle du Québec, va coûter cher.

Selon lui, les municipalités devraient envisager l’aménagement de bassins de rétention pour recueillir les excédents d’eau ou encourager l’usage de matériaux de construction plus écologiques.

La réglementation en urbanisme a un très grand pouvoir. Ce sont des outils qui existent déjà et qui permettent de changer les manières de faire de nouveaux projets qui arrivent. Ça, c’est quelque chose qui ne coûte pas très cher, mais qui peut avoir un effet multiplicateur vraiment intéressant, ajoute Jean-François Sabourin.

L’importance de planifier en amont, plutôt que d’être en réaction… On connaît mieux maintenant nos vulnérabilités, donc c’est important d’agir là-dessus. On pense souvent à l’érosion côtière, mais il faut aussi réfléchir à tout ce qui est considéré comme des cônes alluviaux. Quand il y a de grandes précipitations, ça entraîne des sédiments de l’intérieur des terres qui peuvent provoquer de la mobilité dans les cours d’eau. On n’avait pas nécessairement prévu ça à la base et je retiens aujourd’hui que c’est une préoccupation qui commence à s’intégrer de plus en plus en matière d’aménagement du territoire.

Pour sa part, le chercheur du Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable (CIRADD) Esteban Figueroa met en lumière l’importance du leadership local et régional pour mettre en place des mesures d’adaptation.

Il ajoute que le transfert de connaissances est important avec les citoyens. Il y a beaucoup de données et des fois, les gens qui voient ça, ça ne leur dit pas grand-chose, donc c’est important de faire de la vulgarisation pour rendre ça plus simple.

Il note aussi l’importance pour les municipalités d’être proactives dans leurs communications avec la population et de tenter de rejoindre les gens les plus isolés ou faisant face à certaines barrières linguistiques ou de mobilité.

Un autre forum interrégional sur les risques côtiers aura lieu les 30 et 31 mai à Rivière-du-Loup.

 

LA UNE : Certaines infrastructures municipales ont subi de l’érosion sur la plage de l’Échouerie, à Havre-aux-Maisons. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

PAR Stéphanie Rousseau