Un rapport du Sénat critique vivement la gestion fédérale des phoques

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Après plus d’un an d’études, le Comité sénatorial des pêches et des océans conclut que le gouvernement fédéral n’a su gérer ni les populations de phoques ni la chasse. Les sénateurs se disent aussi « stupéfaits » du manque de données scientifiques permettant de comprendre les impacts de la présence grandissante du phoque sur les écosystèmes.

Notre étude a démontré qu’à l’heure actuelle le ministère n’a aucune orientation dans la gestion [des populations de phoque], a lancé sans détour la sénatrice et vice-présidente du Comité sénatorial, Bev Busson, jeudi matin.

Le Comité sénatorial est d’avis que le gouvernement fédéral a négligé la chasse commerciale au phoque, contribuant ainsi au déclin abrupt de l’industrie et à la perturbation écologique des océans.

Dans son rapport intitulé Assurer l’avenir de la chasse au phoque : passons à l’action, le Comité sénatorial exhorte le Canada à mettre en place une stratégie efficace et durable de gestion des populations de phoque de toute urgence, d’ici les six prochains mois.

Ce rapport est notre appel urgent à l’action pour assurer un avenir viable à l’industrie canadienne du phoque, a lancé le sénateur et président du Comité sénatorial, Fabian Manning.

Le sénateur Fabian Manning lors d'une conférence de presse.

Le sénateur Fabian Manning est président du Comité sénatorial sur les pêches et les océans. Il demande à Ottawa d’agir rapidement pour mieux gérer les populations de phoque du pays. PHOTO : TIRÉE D’UNE VIDÉO WEBDIFFUSÉE PAR LE COMITÉ SÉNATORIAL DES PÊCHES

L’une des principales conclusions du comité est que la chasse commerciale au phoque et l’industrie des produits dérivés du phoque au Canada sont au bord de l’effondrement, a ajouté le sénateur Manning. Ils ont été paralysés par des interdictions d’importation depuis plusieurs décennies, des interdictions alimentées par des mensonges sur la chasse au phoque.

M. Manning a déploré l’indifférence et l’inaction du gouvernement fédéral dans le dossier.

Si ce qui était arrivé à l’industrie du phoque était arrivé à n’importe quelle autre industrie, Ottawa se serait empressé de la défendre. Cette industrie mérite autant de soutien et de promotion que le bœuf, le poulet ou le porc canadien.

Une citation de Fabian Manning, sénateur et président du comité sénatorial

Le sénateur néo-écossais Réjean Aucoin croit aussi que Pêches et Océans Canada a négligé le dossier des phoques.

C’est certain que Pêches et Océans n’a pas fait tout le travail qu’il aurait pu faire parce qu’il ne considérait pas que c’était une priorité, mentionne-t-il. Au cours des années, les populations ont augmenté au point où maintenant tout le monde réalise qu’il y a une question de gestion qui doit être étudiée.

Un chasseur sur la banquise empile des peaux de phoques.

Les sénateurs s’inquiètent pour l’avenir des communautés côtières et des communautés des Premières Nations pour qui la chasse au phoque est économiquement et culturellement très importante. (Photo d’archives) PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE

Absence de données scientifiques

Bien que les pêcheurs affirment depuis des années que la présence grandissante de phoque a des impacts très néfastes sur l’industrie des pêches, le comité souligne que le ministère reste réticent ou incapable de quantifier les effets de la présence des phoques sur les stocks de poissons.

Notre comité a été stupéfait par les énormes lacunes en recherche et en connaissances de Pêches et Océans sur les huit espèces de phoque du pays et leurs interactions avec la vie marine, a affirmé la sénatrice Bev Busson. Les données écologiques sur les populations de phoque manquent cruellement et la plupart de celles qui existent sont complètement dépassées.

Il est urgent d’intensifier et d’améliorer les recherches sur les phoques.

Une citation de Bev Busson, sénatrice et membre du Comité sénatorial permanent des pêches et des Océans

La sénatrice a raconté que Pêches et Océans Canada n’a pas été en mesure de répondre clairement aux questions concernant l’effet de la population de phoques sur les pêches au Canada.

Le ministère a confirmé que les phoques gris nuisent au rétablissement des stocks de poissons de fonds dans le golfe du Saint-Laurent, mais ailleurs dans le Canada atlantique, le ministère a déclaré qu’il ne connaissait pas l’effet des stocks sur certains stocks de poissons, se désole Bev Busson.

Phoques gris sur l'île Brion en 2014.

La population de phoques gris de l’île Brion, aux îles de la Madeleine, est estimée à plus de 10 000 individus. (Photo d’archives) PHOTO : COURTOISIE PÊCHES ET OCÉANS CANADA

Mme Busson juge que le niveau d’incertitude et d’inaction de la part du service responsable de ce dossier est inacceptable. Les décideurs politiques ne comprennent pas bien le rôle que jouent les populations dans les écosystèmes océaniques ou même l’impact qu’elles ont sur les stocks de poisson, a renchéri le sénateur Réjean Aucoin.

Neuf recommandations

Dans son rapport, le Comité sénatorial formule neuf recommandations au ministère des Pêches et des Océans pour améliorer la gestion des populations de phoques, développer la capacité de recherche scientifique, contrer la désinformation et élargir l’accès aux marchés pour les produits dérivés du phoque.

Recommandations du comité sénatorial sur les pêches et les océans

    1. Mettre en place une stratégie de gestion des populations de phoques d’ici six mois
    2. Accroître la recherche marine et halieutique, de concert avec les Premières Nations
    3. Resserrer la collaboration en matière de recherche et de science sur les phoques
    4. Retirer le statut d’exemption du paiement d’impôt aux organismes qui produisent de la désinformation au sujet de la chasse au phoque
    5. Lancer une campagne nationale de sensibilisation au sujet du phoque
    6. Mener une campagne de lutte contre la désinformation entourant la chasse au phoque
    7. Élargir l’accès à la chasse au phoque en veillant à ce qu’elle soit viable économiquement
    8. Créer un centre d’excellence d’études sur les phoques
    9. Développement des marchés internationaux

Source : rapport Assurer l’avenir de la chasse au phoque : passons à l’action

On tourne en rond selon l’ACPIQ

Appelé à commenter le rapport sénatorial, le directeur général de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ), Gil Thériault, s’est montré très pessimiste sur les effets concrets qu’aura le document.

On n’avance pas dans ce dossier-là, on tourne en rond, croit-il. Quand je vois des rapports comme ça, je me dis que le but de gouvernement, c’est de tourner en rond et il fait ce qu’il faut pour.

Il juge qu’il s’agit d’un copier-coller du rapport de 2012. Je doute que le gouvernement donne suite aux recommandations, point à la ligne.

Portrait.

Gil Thériault, directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec estime que le rapport n’aidera en rien l’industrie de la chasse au phoque de l’archipel. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

M. Thériault est d’avis que le rapport sénatorial formule des recommandations qui n’aident aucunement l’industrie madelinienne du phoque à reprendre son envol.

C’est malheureusement encore un rendez-vous manqué. Les sénateurs sont allés se promener à Terre-Neuve, ils ont pris l’opinion des Terre-Neuviens, mais la réalité est très différente pour les Maritimes et le Québec et ils n’en tiennent pas compte.

Une citation de Gil Thériault, directeur général de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec

Selon Gil Thériault, le problème dans l’archipel madelinot réside d’abord dans le fait que l’industrie ne peut actuellement compter sur un approvisionnement suffisant de phoques, notamment en raison d’une législation dépassée.

À la base, il faut faire toute une révision des règlements qui entourent la chasse. On le demande depuis une décennie et plus et ça n’a jamais bougé d’un iota, déplore-t-il.

Il ajoute que la chasse pourrait être mieux soutenue afin qu’elle ne soit pas déficitaire.

Gil Thériault croit que le rapport démontre que les institutions fédérales ne comprennent pas réellement comment aider l’industrie madelinienne, mais aussi celle des autres provinces de l’Atlantique excluant Terre-Neuve.

LA UNE : Bien que Pêches et Océans estime qu’il y a près de 425 000 phoques gris et 7 millions de phoques du Groenland de l’Atlantique Nord-Ouest, le ministère fédéral n’a pas les données pour connaître leur impact sur les stocks de poissons. (Photo d’archives) PHOTO : GRACIEUSETÉ DE DAMIAN LIDGARD, OCEAN TRACKING NETWORK