Écofaune Boréale confirme avoir signé une entente avec l’entreprise Boréal Omega pour l’utilisation du distillateur moléculaire de l’ancienne entreprise Total Océan. C’est donc dire que ces équipements demeureront dans l’archipel madelinot.
Le Centre collégial de transfert technologique (CCTT) du Cégep de Saint-Félicien, qui a mis la main sur les actifs de Total Océan après sa faillite, survenue à l’hiver dernier, envisageait de les vendre à une entreprise terre-neuvienne.
Écofaune Boréale estimait alors ne pas être en mesure d’assumer les coûts du maintien des équipements aux Îles. On a envoyé une missive à des décideurs en leur expliquant que s’ils voulaient garder les équipements [de Total Océan] aux Îles, ce qu’on souhaitait, […] on n’allait pas pouvoir le faire seuls et qu’on allait avoir besoin d’un coup de main
, explique le directeur d’Écofaune Boréal, Louis Gagné.
Le directeur du Centre collégial de transfert technologique Écofaune Boréale Louis Gagné. (Photo d’archives) PHOTO : ÉCOFAUNE BORÉALE
M. Gagné confirme que le cri du cœur du CCTT a notamment été entendu par des élus et des gens d’affaires, ce qui a permis à l’organisation de prendre la décision de garder les équipements aux Îles-de-la-Madeleine.
Ultimement, avec ces actifs, Écofaune Boréale veut créer un Centre de valorisation intégré des produits du phoque, dans le but de revaloriser les matières résiduelles de la boucherie du phoque.
Le CCTT apporte l’aspect de la recherche au projet ainsi que l’expertise en valorisation de la peau du phoque, puisqu’il est spécialisé en innovation écoresponsable du secteur du cuir, de la fourrure et des produits dérivés.
L’entreprise Boréale Oméga sera quant à elle responsable de la transformation des graisses du phoque en huile. La viande du phoque sera prise en charge par la Boucherie Côte à Côte, spécialisée dans la boucherie de cet animal.
La population de phoque gris est très nombreuse dans les eaux du Saint-Laurent. (Photo d’archives) PHOTO : ISTOCK / IAN DYBALL
Boréal Oméga, une entreprise fondée l’été dernier par un groupe d’investisseurs pour relancer l’industrie du phoque aux Îles-de-la-Madeleine, avait de son côté signé une entente au printemps avec le CCTT de Saint-Félicien, mais n’avait pas encore bouclé son financement au moment du dépôt de l’offre des Terre-Neuviens.
On a eu des discussions très transparentes avec le [CCTT] et on était très conscients qu’ils avaient eu une offre, ça avait été partagé avec nous
, indique Michel Lacroix, directeur général de Boréal Oméga.
En fin de compte, c’est Écofaune qui a pris la décision de garder les équipements aux îles et à partir de là, c’est sûr que ça nous a rassurés pour continuer de faire nos démarches au niveau du financement et on va démarrer nos opérations de notre côté
, ajoute-t-il.
Écofaune Boréale et Boréal Oméga ont signé une entente de collaboration en lien avec l’utilisation des équipements en début de semaine dernière. Le propriétaire de la Boucherie Côte à Côte Réjean Vigneau et Michel Lacroix font notamment partie de ces investisseurs.
La boucherie Côte à Côte de Cap-aux-Meules a développé une expertise dans la préparation de la viande de phoque. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / CBC
La vente des actifs de Total Océan à des intérêts terre-neuviens aurait soulagé le CCTT d’un poids financier, mais aurait porté un dur coup à l’industrie de la transformation des produits dérivés du phoque aux îles de la Madeleine.
Le directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec Gil Thériault accueille favorablement cette nouvelle. Il estime que cette décision de maintenir le projet aux Îles aura non seulement des retombées économiques, mais aussi des répercussions positives pour l’environnement.
Quand on va chasser seulement pour la viande, ce n’est pas rentable, donc l’activité se fait évidemment à beaucoup moins grande échelle
, dit-il. Il fallait de manière environnementale s’assurer d’utiliser tout l’animal
, ajoute M. Thériault.
Les équipements nous permettent de vendre l’huile, donc de la rendre payante. C’est la seule manière de garantir que ce soit payant pour les chasseurs de sortir chasser et qu’il y ait davantage de chasse.
Gil Thériault est le directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ROXANNE LANGLOIS
Le gestionnaire estime aussi que ce projet aura aussi un impact sur l’industrie des pêches plus largement, puisque la prédation du phoque est en train de causer des dommages considérables à tout l’écosystème marin du Saint-Laurent
et que la chasse au phoque est un élément ouvrant la porte à un certain équilibre.
M. Thériault indique qu’il faudra s’assurer de consolider de façon permanente les anciens équipements de Total Océan et cette expertise dans l’archipel, pour que ça revienne finalement à la communauté des Îles-de-le-Madeleine
.
Plus de deux millions de dollars ont été investis dans l’implantation d’un distillateur moléculaire capable de produire une huile oméga-3 de qualité pharmaceutique avec le gras de phoque. Pour débuter la production, Boréal Omgéa s’est fixé l’objectif de produire 25 000 litres d’huile de phoque.
L’entreprise est déjà à la recherche d’une clientèle qui serait intéressée par l’huile de phoque. Michel Lacroix explique entre autres être en discussion avec un distributeur de l’Algérie, où une trentaine de clients potentiels se trouvent. M. Lacroix s’y rendra d’ailleurs au mois de novembre.
LA UNE : Le distillateur moléculaire a été conçu sur mesure en Chine pour Total Océan (Photo d’archives). PHOTO : AVEC L’AUTORISATION DE TOTAL OCÉAN
PAR Marguerite Morin et Joane Bérubé avec les informations de Roxanne Langlois