Résidence Plaisance des Îles tente d’éviter la faillite, mais rien n’est moins sûr. Québec a récemment placé le CHSLD sous administration provisoire en raison de problèmes financiers. La situation n’est pas sans conséquence pour l’avenir de la résidence privée pour aînés (RPA) de 143 appartements qui se trouve sous le même toit.
Actuellement, Résidence Plaisance des Îles, qui administre toujours le volet RPA, est en discussion avec l’administration provisoire du CHSLD pour obtenir le paiement du loyer et des sommes liées à des ententes de services, afin de maintenir ses activités.
La Résidence Plaisance des Îles offre, entre autres, les services alimentaires et d’entretien ménager au CHSLD en vertu d’ententes de services.
On a besoin que la contribution du CHSLD soit versée, comme il était prévu dans les ententes, pour que la résidence privée pour aînés puisse continuer de fonctionner.
On est dans l’attente, on est en discussions
, rapporte M. Fournier. Le CISSS des Îles nous dit que les ententes seraient honorées, donc on est très optimistes.
Résidence Plaisance des Îles est un organisme à but non lucratif créé en 2016 pour construire et gérer une résidence multifonctionnelle pour les personnes âgées madeliniennes. Ouvert depuis 2021, l’établissement de Cap-aux-Meules abrite un CHSLD de 65 places et une résidence privée pour aînés (RPA) de 143 logements pour personnes âgées autonomes et semi-autonomes.
Selon M. Fournier, la fermeture de la RPA et le déménagement de ses quelque 155 locataires n’est pas un scénario envisagé actuellement.
C’est comme impossible que Résidence Plaisance des Îles ferme. Aux îles de la Madeleine, on a les deux tiers des places en RPA, donc ça serait catastrophique.
Le président de l’organisme rapporte que tous les intervenants du dossier, que ce soit le ministère de la Santé et des Services sociaux, le CISSS des Îles ou les créanciers, travaillent pour que les activités de la RPA se poursuivent
.
Le coût des services alimentaires et d’entretien ménager sont partagés entre le CHSLD et la RPA en vertu d’ententes de services. Les finances des deux entités sont donc interreliées. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
Résidence Plaisance des Îles estime qu’elle pourrait éviter la faillite si le CHSLD continue de payer pour les services rendus par la RPA.
Les analyses et les prévisions qu’on a faites indiquent que la RPA peut exister sans CHSLD
, soutient M. Fournier. Présentement, le boulet financier est l’utilisation de la main-d’œuvre indépendante au CHSLD.
Le président du conseil d’administration de Résidence Plaisance des Îles, Louis Fournier. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
Le volet CHSLD a accumulé une dette de 6,2 M$ envers Résidences Plaisance des Îles, notamment en raison des surcoûts liés à l’embauche de main-d’œuvre indépendante.
Québec a avancé des sommes à l’organisme dans les dernières années pour combler le déficit budgétaire, mais le gouvernement provincial a récemment cessé d’octroyer ce financement additionnel et placé le CHSLD sous administration provisoire, ce qui n’est pas sans conséquences pour l’avenir du volet RPA.
Environ 155 personnes habitent dans les 143 appartements de la RPA de la Résidence Plaisance des Îles. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
Questionné sur ses intentions de respecter les ententes de services avec la RPA, le ministère de Santé et des Services sociaux demeure évasif.
Une analyse de la situation financière est en cours pour déterminer les actions à être posées dans l’objectif d’assurer la continuité des soins aux usagers
, explique par courriel la relationniste, Marie-Pierre Blier.
Propriété du bâtiment et gestion future
Selon le président de Résidence Plaisance des Îles, les créanciers de l’organisme ont mis en branle le processus de saisie de l’imposant bâtiment qui abrite le CHSLD et la RPA, comme demandé par Québec.
Pour l’instant, l’organisme à but non lucratif ne s’est pas placé à l’abri de ses créanciers, mais il n’est pas impossible qu’il soit contraint de le faire s’il n’est plus en mesure de payer ses dépenses courantes.
On est en discussions avec les institutions financières, c’est possible qu’on soit mis sous séquestre, mais on a la certitude par nos prêteurs que les activités se poursuivraient de façon normale
, mentionne Louis Fournier.
Le séquestre est nommé pour prendre possession et vendre les actifs garantis dans le but de rembourser les dettes. Un séquestre-gérant peut également être nommé pour gérer l’entreprise jusqu’à ce qu’elle soit vendue.
Résidence Plaisance des Îles souhaite continuer à assurer la gestion de la RPA, mais l’organisme doit avoir les liquidités nécessaires pour poursuivre ses activités. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
Le président de Résidence Plaisance des Îles indique que les résidents et les employés ont été rencontrés pour les informer de la situation.
Incertitude pour les employés
La situation financière précaire de Résidences Plaisance des Îles suscite de l’inquiétude pour la quarantaine d’employés de la RPA.
Si la RPA change de main ou de propriétaire, ou qu’elle n’est pas solvable, ça risque de mettre des emplois en péril
, reconnaît le vice-président régional à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Gaétan Leblanc.
Gaétan Leblanc est vice-président régional pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) de la CSN. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
M. Leblanc croit tout de même à la viabilité de la RPA, si le volet CHSLD est pris en charge par Québec.
Le volet RPA semble viable, selon les chiffres qu’on a. Ça veut dire qu’il y a moyen de s’entendre pour maintenir les emplois en place
, croit-il.
La partie syndicale estime que Résidence Plaisance des Îles devrait continuer d’administrer la résidence privée pour aînés, car elle croit que les problèmes financiers de l’organisme ne sont pas causés par une mauvaise gestion, mais bien par les surcoûts de la main-d’œuvre indépendante liée au CHSLD.
Si la clientèle est satisfaite et que nos employés arrivent à signer une bonne convention, je ne vois pas pourquoi on changerait d’administrateur,
affirme M. Leblanc. C’est un organisme à but non lucratif. L’idée n’est pas de faire des profits, mais d’assurer des services à la population.
M. Leblanc souligne que les employés de la RPA, qui se sont syndiqués en mai 2023, sont toujours sans convention collective et qu’aucune rencontre avec l’employeur n’a eu lieu depuis juin.
Un conciliateur a été nommé pour permettre la reprise des négociations.
LA UNE : La Résidence Plaisance des Îles abrite un CHSLD de 65 places et une RPA de 143 logements pour personnes âgées autonomes et semi-autonomes. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
PAR Isabelle Larose