Les changements climatiques ont raison de l’observation des blanchons

Publicité

Articles similaires

D’importants travaux dès janvier à l’aéroport de Havre-aux-Maisons

D’importants travaux de rénovation évalués à près de 3...

La cour dit non à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine

La Municipalité demandait que l'aspect des dommages et intérêts...

Des loyers de Résidence Plaisance à la charge du CISSS

Le tribunal ordonne au CISSS, qui administre provisoirement le CHSLD...

Face aux changements climatiques, l’entreprise madelinienne qui organisait des excursions d’observation de blanchons depuis 40 ans fait une croix définitive sur l’activité hivernale qui a contribué à la renommée internationale des îles de la Madeleine.

On a pris la décision officiellement de mettre dans nos archives ce merveilleux projet que le Château Madelinot et les îles de la Madeleine accueillent depuis 1985, annonce la copropriétaire du Château Madelinot, Ariane Bérubé.

Ça n’a pas été une décision facile, ça fait partie de notre ADN, de la génétique de la destination.

Une citation de Ariane Bérubé, copropriétaire du Château Madelinot

Alors que l’hôtel madelinot n’avait jamais annulé l’activité avant 2010, il a été contraint de le faire huit fois au cours des 15 dernières années, en raison de l’absence de glaces suffisamment solides pour y transporter des touristes de façon sécuritaire.

Un blanchon sur la banquise avec deux femmes couchées à l'arrière avec des appareils photo.

Dans les années 1990, l’observation des blanchons attirait jusqu’à 400 touristes aux îles de la Madeleine sur une période de quatre semaines. (Photo d’archives) Photo : D.I. Jeske/Tourisme Îles de la Madeleine

En début d’année, le Château Madelinot avait annoncé avoir mis fin à ses efforts de commercialisation entourant l’observation des blanchons, mais l’entreprise était prête à organiser des excursions si une banquise solide se formait dans les prochaines années.

L’hôtel indiquait alors garder une liste de clients disposés à reporter leur participation d’une année à l’autre.

Toutefois, l’entreprise a depuis changé son fusil d’épaule et met définitivement fin aux espoirs d’organiser l’activité à nouveau.

C’est vraiment l’imprévisibilité des opérations qui nous a amenés à prendre cette décision-là, parce qu’il y a un bon investissement de temps et d’argent pour la tenue de cette activité-là, rapporte Ariane Bérubé. Maintenant, on informe les clients que, malheureusement, en raison des changements climatiques, on doit cesser nos activités.

Un blanchon et un phoque adulte sur un morceau de glace flottant parmi plusieurs autres amas de glaces, avec des eaux libres à l'arrière.

Le réchauffement climatique rend la présence de glace solide sur le golfe du Saint-Laurent très imprévisible. (Photo d’archives) Photo : Rei Ohara/Hôtels Accents

Les dernières expéditions d’observation des blanchons remontent à 2020. Les observations faites depuis ne permettent pas au Château Madelinot de voir un avenir durable pour l’activité.

Depuis 2020, on a suivi l’évolution du couvert de glace de près pour voir comment il se comportait, explique Mme Bérubé. Oui, parfois il y a eu de la glace, mais ça nous aurait permis de tenir nos activités durant deux jours seulement, comparativement aux trois ou quatre semaines qu’on faisait avant.

Ariane Bérubé photographiée devant la façade de l'hôtel, en hiver.

La copropriétaire et directrice des ventes du Château Madelinot, Ariane Bérubé, explique que depuis 2020, le couvert de glace est insuffisant pour organiser l’activité. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Un coup dur selon Tourisme Îles de la Madeleine

Le directeur général de l’association touristique madelinienne se désole de la fin de l’activité qui a contribué à la renommée internationale de l’archipel.

C’est un coup dur quand même parce qu’il faut reconnaître que l’observation des blanchons faisait partie de l’ADN du produit touristique, affirme Michel Bonato. C’était notre fer de lance du développement hivernal.

Il souligne que ce produit touristique était le seul qui avait un prestige plus grand que la destination touristique madelinienne en elle-même. Il y avait des gens qui venaient observer les blanchons qui ne savaient même pas que c’était aux îles de la Madeleine, affirme M. Bonato.

Michel Bonato derrière un lutrin lors de la Journée du tourisme, le 6 novembre 2024.

Le directeur de Tourisme Îles de la Madeleine, Michel Bonato, souligne que le réchauffement climatique remet en question plusieurs activités touristiques hivernales. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Michel Bonato croit que cette décision vient concrétiser les impacts des changements climatiques sur les entreprises touristiques, particulièrement aux îles de la Madeleine.

Il y a 10 ou 15 ans, on nous disait qu’il n’y aurait plus de banquise et plus d’observation, mais on n’arrivait pas à le concevoir, mais maintenant on réalise que c’est vrai. C’est une force inéluctable.

Une citation de Michel Bonato, directeur général de Tourisme Îles de la Madeleine

Le directeur général de Tourisme îles de la Madeleine estime que d’autres produits de niche pourront stimuler le tourisme durant la saison morte, dont l’arrivée de croisières hivernales en 2025, les congrès d’affaires et les tournages cinématographiques qui sont de plus en plus nombreux.

Deux phoques sur la banquise avec des gens et des hélicoptères en arrière-plan.

La banquise devait être suffisamment épaisse pour permettre l’atterrissage d’hélicoptère et la circulation sécuritaire des touristes. Photo : Gracieuseté du Château Madelinot

De son côté, le Château Madelinot entend valoriser l’héritage de l’observation des blanchons. Deux expositions de photos qui témoignent de l’activité sont déjà en place dans l’hôtel.

Le Château Madelinot participe également à plusieurs études pour partager son expérience, dont l’une menée par la Chaire de tourisme de l’UQAM portant sur l’adaptation des entreprises touristiques face aux changements climatiques.

L’observation des blanchons sera un beau souvenir, on aura été chanceux de vivre ça aux îles de la Madeleine, conclut Ariane Bérubé.

 

LA UNE : Depuis 2010, les excursions d’observation des blanchons ont été annulées une année sur deux, car les glaces étaient absentes ou trop minces pour y transporter des touristes. (Photo d’archives) Photo : Rei Ohara