Ceux qui iront ou n’iront pas à la pêche exploratoire au homard

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Les tirages pour l’octroi de permis de pêche exploratoire au homard au large de l’île d’Anticosti et au nord de la Gaspésie sont terminés. Comme le nombre de permis était limité, plusieurs pêcheurs sont repartis bredouilles.

Ce sont les crevettiers et les turbottiers qui sortent, au final, grands gagnants du processus d’attribution. Ces deux flottilles sont celles ciblées par le ministère, qui souhaitait accorder ces permis à des pêcheurs frappés par une diminution substantielle de leur ressource.

Tous les permis disponibles, y compris ceux des phases 2 et 3 de la zone 19, qui ne seront applicables qu’en 2026 et 2027, ont été distribués. Un permis de pêche exploratoire de la phase 3 dans la zone 19 n’a pas été attribué. Il est réservé pour le moment pour un projet impliquant des turbottiers en Haute-Gaspésie.

Au total, 14 crevettiers ont obtenu un permis de homard, dont 3 dans la zone 17, près de l’île d’Anticosti et 11 au nord de la péninsule gaspésienne, dans la zone 19.

En fait, tous les crevettiers admissibles, selon les critères d’admissibilité au tirage du ministère des Pêches et des Océans, ont reçu un permis.

Seize pêcheurs de turbots ont aussi décroché la timbale.

Le chalut d'un crevettier amarré à un quai en hiver.

Quatorze pêcheurs de crevette pourront pêcher du homard dans la zone 19. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

Trois crabiers de la zone 12B et trois autres de la zone 12A ont aussi obtenu des permis ainsi que deux pêcheurs pélagiques (hareng et maquereau) dont un seul membre du Regroupement des pêcheurs pélagiques.

Deux pêcheurs de la relève ont aussi été sélectionnés.

Dans la zone 19, 101 demandes avaient été déposées par les pêcheurs individuels pour les 35 permis de 100 casiers disponibles pour les allochtones.

Six pêcheurs de limande et de plie rouge des îles de la Madeleine ont aussi reçu des permis dans la zone 17. Pêches et Océans indiquait avoir reçu 160 demandes pour les 18 permis de 125 casiers de la zone, dont 6 étaient réservés aux Madelinots et 6 aux pêcheurs de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent.

Des questionnements

L’ensemble de la distribution des permis a donc fait plusieurs laissés pour compte.

C’est le cas notamment des pêcheurs pélagiques sous moratoire depuis bientôt quatre ans, qui entendent demander une enquête sur le processus menant à l’imposition de certains critères d’admissibilité. Leur représentant, Ghislain Collin, ne comprend pas pourquoi le lieu de résidence, entre Gaspé et Rivière-au-Renard, a été ajouté comme critère pour certaines flottilles, dont la sienne.

La presque totalité des membres de son regroupement, qui vivent dans le sud de la Gaspésie, a été exclue même si pour certains leur zone de pêche au maquereau s’étendait jusqu’au Bas-Saint-Laurent.

Le crabier de la zone 12A, Kevin Dunn, fait aussi partie des oubliés. Il se réjouit de constater que trois de ses collègues pourront pêcher le homard, mais celui qui a payé 20 M$ pour pêcher du crabe en 2021 ne sait plus vers quelle ressource se tourner. Il a perdu la moitié de son quota de crabe l’année de l’achat de son permis et le maquereau comme le turbot sont en déclin. On n’arrive pas pantoute, dit-il.

Kevin Dunn, crabier de la zone 12 A

Kevin Dunn, pêcheur de crabe de la zone 12 A, est de ceux qui n’ont pas réussi à obtenir un permis exploratoire de homard. Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

Il déplore que plusieurs heureux élus du tirage soient des pêcheurs à la retraite. Les chalutiers, dit-il, ont toujours été plus pesants au sein de l’Association. [NDLR, Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie, APCG.]

Lui aussi remet en question les critères de sélection du ministère des Pêches.

Le directeur de l’APCG, Claudio Bernatchez, convient que le processus ne pouvait pas être parfait et qu’il y aurait des gens laissés sur le carreau. Néanmoins, dit-il, son association a senti un souci d’équité pour l’ensemble des pêcheurs qui pourraient être éligibles.

Des homards dans un contenant.

Les permis étaient très convoités puisque le homard est une des seules ressources qui se porte bien. (Photo d’archives). Photo : Radio-Canada / Ken Linton

Un des soucis pour l’ensemble de l’industrie, rappelle M. Bernatchez, reste la préservation de la ressource. On ne veut pas, dit-il, créer un nouveau problème en essayant de régler les problèmes de certains pêcheurs. On souhaite qu’à terme, ceux qui sont déjà à exploiter cette ressource puissent continuer de le faire longtemps, aussi longtemps qu’ils le veulent et que les nouveaux joueurs qui arrivent puissent bénéficier d’une partie de la ressource, mais sans impacter ceux qui sont déjà là.

D’ailleurs, dans la zone 19, seuls 14 permis allochtoches seront exploités au printemps. Les autres permis ont été accordés, mais pourront être exploités seulement à la lumière des résultats obtenus cette saison.

Communautés autochtones

Le ministère a aussi confirmé l’attribution des permis exploratoires aux communautés autochtones.

Des neuf permis accordés dans le sud de l’île d’Anticosti, six vont aux communautés innues de la Côte-Nord, deux aux Mi’gmaq de Listuguj et un dernier permis aux Mi’gmaq de Gespeg.

Sur les 17 permis de pêche de la zone 19 réservés aux communautés autochtones, 13 permis ont été attribués aux Mi’gmaq, 5 à Listuguj et les 8 autres divisés également entre Gespeg et Gesgapegiag.

Deux pêcheurs à bord d'un bateau.

Premiers débarquements de saison des pêcheurs mi’gmaw. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

La communauté Wolastoqiyik Wahsipekuk, qui pêchait déjà dans le secteur depuis plusieurs années, se voit confirmer quatre permis.

Pour ceux qui ont obtenu des permis commence maintenant une autre étape. Certains pêcheurs devront s’acheter un nouveau navire, de nouveaux gréements, revoir la planification de leur pêche.

LA UNE : Pêches et Océans ouvre deux pêches exploratoires au homard cette année, une au large d’Anticosti et une autre au nord de la péninsule gaspésienne (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Deschênes

vec la collaboration de Martin Toulgoat