Des homardiers veulent invalider les permis de pêche exploratoire

Publicité

Articles similaires

Cap-aux-Meules : l’écoquartier des Îles prend forme

Porté depuis 2019 par la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine, le...

Barcelone, un tremplin vers l’Europe pour les produits marins

L'industrie des pêches canadiennes n'échappe pas au protectionnisme économique...

Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG) ainsi que huit de ses membres tentent d’invalider l’octroi, par Pêches et Océans Canada (MPO), de permis de pêche exploratoire au large de la péninsule annoncés à l’époque où le ministère était dirigé par la Gaspésienne Diane Lebouthillier.

Le RPPSG et les huit détenteurs de permis commerciaux qui pêchent le homard entre Mont-Saint-Pierre et la pointe Forillon espèrent ainsi annuler la décision rendue en décembre par Ottawa. Le gouvernement avait alors autorisé l’octroi de l’équivalent de 52 permis de pêche exploratoire pour un total de 7750 casiers dans la zone 19.

Le Regroupement estime que le MPO n’a pas appliqué, dans le contexte de la délivrance de ces nouveaux permis de pêche exploratoire, l’approche de précaution recommandée depuis 2013 par les comités scientifiques qui se penchent sur le homard.

Au contraire, sans avis scientifique et sans aucune base, il augmente de 112 % l’effort de pêche dans les sous-zones qui sont déjà commercialement exploitées, mettant ainsi à risque la biomasse ainsi que les entreprises de pêche existantes dans ces sous-zones.

Une citation de Claire Canet, chargée de projets au Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie

Les demandeurs font en effet valoir, dans la requête déposée en janvier et modifiée le 16 avril, que la décision du MPO aura des impacts directs et préjudiciables sur leurs activités. Mme Canet souligne par ailleurs que les entreprises concernées sont déjà lourdement endettées puisque les activités de pêche au homard nécessitent des investissements majeurs.

Des homards fraîchement sortis de l'eau.Les homardiers de la zone 19 prendront prochainement la mer, en quête de crustacés. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Réal Fradette

Pour certains pêcheurs qui font partie de la relève, les conséquences financières pourraient être catastrophiques, lance Claire Canet.

Quant aux répercussions sur la ressource, elle rappelle que sept ans de croissance sont nécessaires pour qu’un homard atteigne une taille suffisante pour la commercialisation. Le RPPSG craint ainsi des répercussions irréversibles pour l’espèce.

On prend des risques pour la biomasse et, une fois que cette biomasse a été affectée, c’est très difficile de revenir en arrière.

Une citation de Claire Canet, chargée de projets au Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie

Les demandeurs expliquent également, dans leur requête, que le MPO prévoit que la cueillette d’informations scientifiques effectuée par les détenteurs de permis de pêche exploratoire ne sera pas rémunérée.

Claire Canet regarde l'objectif en souriant.Claire Canet, chargée de projets pour le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, estime que le ministère a agi à l’encontre de ses propres règles sur la protection de la biomasse. Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de Claire Canet

À la lecture du Plan d’acquisition de connaissances et de développement de la pêche au homard des zones 19 et 17, ils estiment néanmoins qu’il est évident que les nouveaux pêcheurs pourront se payer à même le produit de la vente des homards pêchés.

Le MPO va financer cette recherche scientifique, qui, cela dit en passant, n‘est pas basée sur un protocole scientifique solide, en utilisant la ressource qui ne lui appartient pas, décrie Claire Canet en entrevue avec Radio-Canada.

Dans un contexte de campagne électorale

La requête a été modifiée alors qu’une campagne électorale fédérale, qui prendra fin le 28 avril, bat son plein.

La députée sortante et ex-ministre des Pêches, qui avait procédé à l’annonce des permis de pêche exploratoire, brigue d’ailleurs les suffrages. Diane Lebouthillier, qui a perdu son ministère après l’arrivée du nouveau chef libéral Mark Carney, tente actuellement de conserver son siège de députée dans Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine–Listuguj.

Le RPPSG soutient que sa démarche n’est pas politique. C’est vraiment une démarche motivée par les valeurs des pêcheurs de homard, le principe de précaution et l’importance de protéger nos pêcheurs côtiers indépendants qui sont essentiels pour le dynamisme économique de nos régions, fait valoir Claire Canet.

Diane Lebouthillier, photographiée devant un bateau de pêche.Diane Lebouthillier, candidate libérale dans Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine–Listuguj, était ministre des Pêches au moment de l’octroi des permis de pêche exploratoire. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Jean-François Bélanger

Mme Canet convient néanmoins que le contexte électoral et l’imminence du début de la pêche au homard dans la zone 19 mettent à mal les chances qu’une solution soit trouvée avant le départ au large des nouveaux détenteurs de permis.

Nous, notre espoir, c’est que le MPO décide, avant même d’aller en cour […] de réviser son approche. Cela dit, il est vraiment trop tard, admet Mme Canet.

Elle mentionne par ailleurs que les pêcheurs demeurent ouverts à avoir des discussions constructives avec le prochain gouvernement élu dans ce dossier.

Questionnée à ce sujet dans la foulée du passage à Carleton-sur-Mer de son confrère libéral Dominic LeBlanc, Diane Lebouthillier a refusé de commenter le dossier. On va laisser les tribunaux faire leur travail, a répondu la principale intéressée en mêlée de presse.

Le RPPSG et les huit pêcheurs qui ont intenté des procédures judiciaires ont demandé que les audiences en Cour fédérale se déroulent à Québec. On ignore toutefois à quelle date leur requête sera entendue.

LA UNE : Le RPPSG estime que le MPO n’a pas appliqué, dans le contexte de la délivrance de ces permis de pêche exploratoire, l’approche de précaution recommandée depuis 2013 par les comités scientifiques qui se penchent sur le homard. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

PAR