La libérale, Diane Lebouthillier, et le bloquiste, Alexis Deschênes, ont croisé le fer mercredi soir à l’occasion d’un ultime débat de cette campagne électorale fédérale dans la circonscription Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine–Listuguj.
Les deux candidats ont une fois de plus, comme ils l’avaient fait lors du débat à Sainte-Anne-des-Monts, exposé qu’il fallait miser sur une diversification des marchés d’exportations.
Après quelques échanges sur ces thèmes, les questions relatives à l’archipel ont rapidement pris beaucoup de place dans la discussion.
Transports
La question de l’allongement de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Havre-aux-Maisons a fait couler beaucoup d’encre il y a près d’une décennie. Ce projet était réclamé depuis longtemps par les Madelinots, mais en 2016, le gouvernement fédéral de l’époque avait décidé de ne pas aller de l’avant.

Alexis Deschênes a ramené le sujet à l’avant-plan à plusieurs reprises dans le débat, notamment en ce qui concerne la diversification des marchés, qui, selon lui, rime avec consolidation des infrastructures. Aux Îles, estime-t-il, cela passe par l’allongement de la piste de l’aéroport.
Si nous avions ici une piste de l’aéroport plus grande, on serait aujourd’hui plus prêts à faire face à l’incertitude économique et aux menaces qui nous arrivent du gouvernement américain
, explique M. Deschênes.
Ça a été promis depuis dix ans, ça n’a pas été fait. […] Il y a eu beaucoup de louvoiement, il y a eu beaucoup peut-être un manque d’effort de fait de ce côté-là.

Face à ces reproches de son adversaire, Mme Lebouthillier a rétorqué avoir répondu aux besoins selon les priorités. Ce qui était important pour les Îles-de-la-Madeleine était de s’occuper du cœur et des poumons des îles, qui est le port de Cap-aux-Meules
, précise la députée sortante.
Je peux vous dire qu’après dix ans, le travail a été fait au port de Cap-aux-Meules. Puis maintenant, on va aller vers le dossier de l’aéroport.

Toujours au chapitre du transport, après le lien aérien, les candidats ont abordé la question de la desserte maritime.
Le navire de relève au Madeleine II, le traversier qui assure la liaison entre Cap-aux-Meules et Souris, a aussi été soulevée auprès des deux candidats.
Le bateau doit aller en cale sèche planifiée à l’automne, mais aucun navire n’a encore été déniché pour assurer son remplacement, ce qui laisse présager une rupture de service.
Mme Lebouthillier, de son côté, a vanté le travail accompli par son gouvernement notamment en ce qui concerne les investissements pour l’acquisition du Madeleine II, en plus du versement de 10 millions de dollars sur une période de trois ans, annoncé récemment, pour assurer les frais de fonctionnement du navire appelé à remplacer le traversier.
Alexis Deschênes estime quant à lui que les choses ont bougé au dossier grâce à la mobilisation de la communauté madelinienne, en plus de rappeler qu’un navire de relève doit encore être trouvé.

Chasse aux phoques
Les changements anticipés dans l’industrie des pêches ont également ponctué les échanges, mais une question plus précise entourant l’avenir de la chasse aux phoques a aussi été posée aux candidats.
Anciennement ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier a affirmé que des représentations ont été faites avec des ministres provinciaux et des sommes ont été affectées au développement de l’exploitation de cette ressource.
Il y a un travail actuellement à faire au gouvernement provincial, pour statuer et harmoniser, à savoir si [le phoque] est une viande ou si c’est un poisson et ça, ça va nous permettre de passer aux prochaines étapes
, explique Mme Lebouthillier.
L’objectif est d’en faire un produit de consommation.

Cette réponse n’a pas freiné le candidat du Bloc québécois, qui a rebondi en critiquant son homologue libérale.
Il a soutenu qu’en dix ans , elle n’avait pas livré la marchandise en matière de gestion de la chasse aux phoques. Lorsqu’on parle avec les intervenants, on s’aperçoit que la seule chose que vous avez faite, c’est de permettre la chasse individuelle au loup-marin dans les Maritimes. Mais ici, pour structurer la commercialisation du phoque, malheureusement, les résultats n’ont pas été là et pourtant, vous étiez ministre
, rétorque Alexis Deschênes.
Assurance-emploi
Les candidats ont également été interrogés sur la réforme du programme de l’assurance-emploi et sur ce qu’ils feraient pour mettre fin au trou noir
, soit la période sans prestation des travailleurs saisonniers.
Diane Lebouthillier propose de permettre à ces travailleurs d’occuper un second emploi, tout en gardant un lien avec leur premier employeur. Ce qui n’est pas fait actuellement
, dit-elle.
Les gens veulent et ont besoin de travailler, mais il faut mettre les conditions en place pour faire en sorte que les gens puissent occuper un travail, puis avoir un salaire décent pour pouvoir avoir une vie décente
, clame Diane Lebouthillier.
Alexis Deschênes considère que le programme n’est pas assez généreux depuis plusieurs années, ce qui compromet, selon lui, le recrutement de travailleurs dans les usines de transformation par exemple.
Quand on parle de défendre le secteur des pêches, ça prend un régime d’assurance-emploi qui est généreux, où le critère d’admissibilité est plus bas […] un minimum de 35 semaines pour faire le tour
, précise-t-il.
Ce débat a été organisé par la radio communautaire des Îles-de-la-Madeleine, CFIM. Le média a spécifié avant le début du débat que le candidat du Parti conservateur du Canada, Jean-Pierre Pigeon, avait décliné leur invitation pour cet événement.
Les élections générales auront lieu lundi prochain.
LA UNE : Diane Lebouthillier est candidate pour le Parti libéral du Canada tandis qu’Alexis Deschênes porte les couleurs du Bloc québécois. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada
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