Sixième au sprint, Hugo Barrette a enfin « fait la paix avec la piste de Cali »

Publicité

Articles similaires

Vincent Arseneau impressionne lors d’un face-à-face musclé!

Vincent Arseneau, joueur des Bruins de Providence et natif...

Le parcours du madelinot Vincent Arseneau dans le hockey professionnel

Vincent Arseneau des Îles-de-la-Madeleine va vivre une nouvelle étape...

Derrière le banc : Vincent Arseneau

Demandez à n'importe quel fan d'Abbotsford Canuck qui est...

Les premiers Jeux du Québec de la patineuse artistique madelinienne Gemma Richard

Gemma Richard, 15 ans, patine aux Îles-de-la-Madeleine, mais son...

C’est avec le meilleur résultat de sa carrière en Coupe du monde au sprint individuel qu’Hugo Barrette a conclu son retour à Cali, dimanche, non sans s’être fait une ultime frayeur quinze mois après avoir frôlé la mort sur la piste traîtresse du Vélodrome Alcides Nieto Patiño.

La journée de travail du pistard de Cap-aux-Meules aurait pu prendre fin dès l’échauffement matinal. Dans un effort similaire à celui qui avait provoqué son accident à l’entraînement à Cali en octobre 2015 – un 100 mètres lancé à haute vitesse –, Hugo Barrette a frisé la catastrophe dans la courbe serrée de la piste colombienne.

« À l’entraînement, juste avant les qualifications, j’ai fait une bévue, et je suis presque tombé, a raconté le sprinteur québécois quelques minutes après son élimination. Pareil que l’an passé. Puis, c’est là que le stress a monté comme il fallait que je me qualifie trente minutes plus tard. »

« Mais, finalement, je me suis pointé. Je n’ai pas été à 100 %, malgré ça j’ai fait un temps incroyable pareil, puis ça m’a donné des ailes. De savoir que je ne suis pas allé à fond, et de me qualifier aussi bien. Je savais qu’en match sprint j’allais tout casser. »

Son chrono de 9,952 secondes lui a valu le 8e rang des qualifications, à moins de deux dixièmes du médaillé d’argent du jour, l’Allemand Max Niederlag (9,756), pour cet effort de 200 mètres lancé.

Le Madelinot a ensuite éliminé le Russe Nikita Shurshin et l’Australien Thomas Clarke en coiffant ses deux adversaires sur la ligne en seizièmes et huitièmes de finale, respectivement. Malgré les minces écarts à l’arrivée (0,009 s et 0,026 s), Hugo Barrette explique que son effort était précis et tout en contrôle et qu’il ne s’était pas senti menacé par ses concurrents.

« Je ne suis pas allé à fond pour gagner », a ajouté le pistard, qui respire la confiance à l’issue de ce premier week-end de Coupe du monde.

Dans la défaite, enfin la sérénité

Dans la première manche des quarts de finale, qui se jouent en un deux de trois, Hugo Barrette a dû s’avouer vaincu par une marge infime. Quatre millièmes de secondes, ou une largeur de pneu (voir photo ci-bas).

Le Russe Pavel Yakushevskiy, gagnant des deux premières coupes du monde de la saison dans la discipline s’est imposé par 24 millièmes dans la seconde manche de ce quart de finale hautement disputé, qui a surtout donné une bouffée d’air frais au cycliste canadien.

Pavel Yakushevskiy bat d'un pneu Hugo Barrette lors de la première manche de leur duel quart de finale du sprint individuel de la Coupe du monde de Cali.
Pavel Yakushevskiy bat d’un pneu Hugo Barrette lors de la première manche de leur duel quart de finale du sprint individuel de la Coupe du monde de Cali. Photo : Radio-Canada/Olivier Paradis-Lemieux

Pour la première fois depuis son retour à Cali mardi, Hugo Barrette est allé à 100 % de ses capacités sur cette piste qui aurait pu mettre fin à sa carrière.

« J’ai définitivement fait la paix avec la piste de Cali. Les dernières rondes, le quart de finale. Ça m’a pris du temps, jusqu’à la dernière ronde. Je peux dire qu’au quart de finale j’ai été à fond. Et j’étais confortable. Il n’y avait plus de souci dans ma tête. Je ne pensais plus à la forme de la piste ou rien. Je faisais juste pousser sur les pédales. »

Classé au final 6e, Hugo Barrette a réalisé dimanche la meilleure course de sa carrière en Coupe du monde au sprint individuel. Surtout, le pistard de 25 ans est convaincu que cette performance prouve hors de doute qu’il aurait dû se qualifier pour les Jeux olympiques dans son épreuve favorite, le sprint individuel, si la vile courbe de Cali ne l’avait pas envoyé dans les estrades avec fractures, lésions et traumatismes.

« Avec une performance comme ça, j’aurais pu me qualifier au sprint pour les Olympiques. C’est avec ça que je fais la paix. Ça me confirme ce que je pensais. Ce ne sont pas seulement des idées. Les temps aujourd’hui sont similaires à l’an dernier. Et une 6e place comme ça m’aurait qualifié donc c’était un moment spécial parce que je peux faire la paix de ne pas m’être qualifié aux Olympiques en sprint. »

En revenant à Cali, Hugo Barrette aura réussi à chasser ses démons. Six jours sur la piste de Cali, à affronter ses peurs lors de chaque entrée tête première dans les courbes acérées du vélodrome Alcides Nieto Patiño, ouvert sur la beauté luxuriante des Andes bordant la vallée de Cauca, auront permis au sprinteur québécois de tourner la page sur sa mésaventure colombienne.

« L’étape Cali, c’est terminé pour moi. Ça fait partie de mon histoire, ça va être dit dans mon histoire. Mais c’est terminé, je mets ça en arrière de moi, et je n’y pense plus. Ça m’a fait grandir, ça fait partie de ma vie. Je suis prêt à passer à la prochaine étape, et pour moi c’est devenir le meilleur en sprint, et en sprint par équipe. Je pense pouvoir accomplir mes rêves. »

La prochaine étape commencera lundi quand les cyclistes canadiens quitteront la Colombie pour Los Angeles où se tiendra la dernière manche de la Coupe du monde la fin de semaine prochaine. Sur une piste qu’il connaît par cœur pour s’y être entraîné pendant des années, quand le Centre national de Milton n’existait pas encore, Hugo Barrette aura l’occasion d’accrocher une première victoire, presque chez lui, à sa « deuxième maison ».

Un texte d’Olivier Paradis-Lemieux

LA UNE : Hugo Barrette au vélodrome de Cali à la sortie de la courbe où il a subi son accident en 2015 Photo : Radio-Canada/Olivier Paradis-Lemieux