C’est quand même particulier: je pourrais être le seul homme canadien en cyclisme sur piste aux Jeux olympiques. Mais en attendant que la relève masculine se développe, je n’ai pas de misère à trouver la motivation, même si je suis seul.
Il faut dire que sur la piste, depuis de nombreuses années, on n’a jamais eu nécessairement une équipe complète. En conséquence, on n’a jamais pu imposer une domination complète.
Par contre, historiquement, le Canada a souvent obtenu des performances individuelles incroyables chez les hommes. Je pense notamment à Gordon Singleton, qui a été champion du monde, et à Curt Harnett, qui a été médaillé aux Jeux olympiques et aux Championnats du monde, et qui a été choisi comme chef de mission pour les Jeux à Rio.
Ce que ces hommes ont accompli signifie assez pour me motiver. Même seul, c’est quand même facile de croire qu’on peut gagner de grandes courses internationales. C’est possible de devenir le meilleur au monde parce que Curt Harnett y est parvenu et qu’il était tout seul. Il ne faisait pas partie d’une équipe complète. Gordon Singleton et Jocelyn Lovell l’ont fait aussi.
C’étaient des Canadiens comme moi. Leur réussite m’inspire.
Un avenir intéressant
On a nos légendes, au Canada, et le sprint s’est souvent résumé à des performances individuelles. Mais je vois le cyclisme sur piste changer au Canada, au niveau masculin.
Je vois un plaisir grandissant et un potentiel pour voir notre pays devenir dominant et que ce ne soit plus l’affaire d’un seul homme. Il y a beaucoup, de jeunes coureurs qui s’en viennent et qui vont s’ajouter au moule. Dans un proche avenir, sûrement aux Jeux olympiques de 2020, je nous vois performer en sprint par équipe.
Un autre Québécois, Rémi Pelletier-Roy, a manqué de peu sa sélection pour Rio. C’est un gars au talent incroyable, ce qui prouve qu’il est très difficile de se qualifier pour les Jeux olympiques dans sa discipline de l’omnium. On aura besoin d’autres gars comme lui.
Bonne structure
Depuis les Jeux panaméricains, il y a plus de désir de performer sur la piste. Cyclisme Canada devient de plus en plus connu mondialement et on est très respecté par les autres pays.
Notre fédération nationale est probablement la mieux organisée au pays parmi toutes les fédérations sportives. C’est facile à constater. On a notre propre vélodrome à Milton, qui est incroyable. Puis, on a tout le personnel en place pour nous aider. Ce sont des avantages dont mes prédécesseurs ne disposaient pas, mais ils ont quand même réussi.
Ça me dit que c’est possible d’être le meilleur même si je suis le seul Canadien.
Un oiseau rare des Îles !
C’est un peu drôle de se dire que je suis le seul cycliste masculin au niveau international, moi qui suis originaire des Îles-de-la-Madeleine. Il n’y a à peu près pas de cyclistes aux Îles! Il vente tellement que ce n’est pas pour tout le monde.
Si j’en suis là aujourd’hui, c’est parce que j’avais un rêve et que je ne me suis pas attardé à la rareté des vélos. J’étais passionné de cyclisme, tout simplement. Ce n’était pas une décision par rapport à ce que les autres font. Je voulais faire ma propre histoire, c’est tout…