Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent

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Par Donald Longuépée
Extrait 4 de 10


Les pêcheurs et les chasseurs de loups-marins : les héroïnes et les héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent

Les pêcheurs sont mes héros de mer, de sable, de brume et de vent. Ce sont ou ont été les Will à Duguay Thériault, les Yvon à Isaac Turbide, les Jérémie à Isaac Cyr, les Marcel à Louis à Théofred Poirier et tous les autres pêcheurs madelinots. Ils me donnent tant de fierté. J’applaudis debout à l’avant-scène leur savoir-faire, leur savoir-être. Je rends aussi hommage à l’Association des pêcheurs propriétaires des Îles, à ses deux présidents depuis 1984, Louis à Théofred Poirier et Mario à Esdras Déraspe – qui ont aussi été parmi les meilleurs pêcheurs aux Îles – ainsi qu’à son directeur général Léonard à Omer Poirier, pour le courage, la droiture, la vision et la détermination avec lesquels ils ont su défendre la stabilisation de la pêche aux homards, notamment, et les plans conjoints dans les pêches. Grâce à ce travail de coureurs de fond, la pêche aux homards n’a pas connu le même triste sort qu’a connu celle de la morue, du poisson rouge et de plusieurs autres espèces qui ont presque disparu du Golfe Saint-Laurent. À Louis et Mario, ces pêcheurs émérites, ainsi qu’à Léonard, ce jeune universitaire qui après son diplôme de deuxième cycle en chimie alimentaire de l’Université Laval en 1982 a fait toute sa carrière avec cette Association de pêcheurs et la poursuit encore aujourd’hui, je décerne avec mon cœur, un doctorat honoris causa au titre d’AMIS de la mer !!!

Mes héroïnes et mes héros de la pêche sont tous ces ouvriers des mers qui nous ont quittés au travail; ce sont leurs familles veuves et orphelines. Je salue les cinq membres d’équipage, dont les quatre capitaines, du Marie-Carole disparu en mer le 2 décembre 1964 : Alphonse au p’tit Willie à John à James à Thomas Doyle, qui fut à l’avant-garde de la pêche hauturière aux Îles ainsi qu’un grand chasseur de loups-marins : il fut un guide et un maître pour toute une génération de chez nous; Rosaire à Théophanne à Césaire Lapierre; Pierre à Pierre à Jean Poirier dont le père est décédé avant sa naissance et qui fut élevé chez Vital à Placide à François Huet; Edmond à Avila à Alex Richard, le propriétaire du chalutier et grand capitaine lui aussi; ainsi que le cuisinier Redger à Cléophas à Clophas à Léon Cyr. Je salue la mémoire d’Alozyus à Marcellin et son fils Jean-Charles Poirier, morts en mer le 19 mai 1965. Plus près de nous, dans la nuit du 16 au 17 décembre 1990, le Nadine faisait naufrage. Sur dix membres de l’équipage, il n’y eut que deux survivants. J’honore la mémoire des disparus : Augustin et Gérard à Odiphas Vigneau, Lauréat à Édouard Deveau, Mario à Edmond à Dollard à Édouard Leblanc, Jacquelin à Urbain Miousse, Émile à François Poirier, Pierre à Léo Cyr et la biologiste de Pêches et Océans Canada de Rimouski Estelle Laberge. Et aussi à tous les nombreux autres disparus en mer, je dis à vos enfants, à celles qui ont été vos complices de vie et à vos familles, que nous ne vous avons pas oubliés.

Mes héroïnes et mes héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, ce sont aussi les travailleuses et travailleurs d’usine qui ont transformé et qui continuent de transformer nos ressources halieutiques pour en faire la fierté des Îles… Je salue votre travail ! Oui, chacune et chacun de vous, vous êtes les héroïnes et les héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent.

C’est aussi le chasseur de loups-marins sur la banquise… J’ai été tellement blessé au plus profond de moi-même d’entendre des détracteurs de la chasse aux phoques décrier l’intégrité de ces héros que sont les chasseurs de loups-marins. Je dénonce avec force les personnes qui, s’opposant à cette chasse qui permet à tant de Madelinots de mettre sur la table du pain et du beurre, les ont presque traités sans scrupules de « tueurs ». Ils ont poussé l’indécence jusqu’à parler de la chasse aux bébés phoques… Quand a-t-on entendu parler de bébé poule, bébé cheval, bébé vache ou bébé bœuf ? On parle de poussin, de poulain et de veau. Le petit du loup-marin a lui aussi un nom, c’est un blanchon. Associer l’image d’un bébé à l’espèce animale pour triturer l’imaginaire émotionnel collectif, ça relève de l’indécence, pour utiliser un terme poli.

À bétôt

Donald à Donat à Clémé


1 Ce texte, avec quelques modifications, fut publié, pour la première fois, dans un ouvrage collectif, aux Éditions Création Bell’Arte, 2016, ISBN : 978-2-923033-66-2.


Donald Longuépée est né aux Îles de la Madeleine. Il a étudié en littérature à l’Université Laval et en administration à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal. Il est actuellement conseiller aux dossiers métropolitains à la direction générale de la Ville de Repentigny, et ce depuis 2006. En dehors de ses champs d’intérêt et d’expertise liés à son travail, la littérature, la spiritualité, l’histoire, la philosophie, les sciences, la psychologie et tout spécialement l’âme humaine exercent chez lui un attrait particulier.

 

Photo : Luc Cournoyer