Mariés depuis 72 ans, Noel et Marie Lyon sont toujours aussi curieux de la vie

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Quand on s’invite chez Noel et Marie Lyon de Summerside, il faut prévoir du temps. Tous les deux ayant plus de 90 ans, ils ont gagné le droit de vivre à leur rythme. Cela inclut un petit déjeuner à 14 heures et une vie remplie de découvertes, une maison pleine de couleurs et deux têtes pleines de souvenirs.

«Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble, et nous avons toujours aussi laissé l’autre libre de suivre ses propres intérêts», dit Noel Lyon à propos du secret de leur longue vie commune.

Marie Lyon ajoute : «J’ai travaillé 22 ans, j’avais mon propre argent. Je ne dépendais pas de mon mari pour ça», et se tournant vers lui, elle demande : «Tu aimais que je sois indépendante?» et lui de répondre : «Oui».

En avril prochain, Marie et Noel vont entamer leur 73e année de mariage. Deux de leurs quatre enfants, Kim et Tesa, habitent avec eux dans la grande maison de la rue Eustane à Summerside.

«Elles font tout pour nous. Elles nous aident dans les tâches. Ce sont elles qui font les commissions. Vraiment, nous n’avons eu aucun souci avec la pandémie. Nous avons nos vaccins et nous sommes en aussi bonne santé que nous pouvons l’être. Elles s’assurent que nous mangeons bien. Nous sommes contents qu’elles soient ici. C’est une maison pleine d’artistes», résument les deux aînées.

Jeune homme, Noel n’avait pas une fibre artistique très développée. Issu d’une famille militaire établie à Ottawa, il était un élève à l’école de pilotage à la base militaire de Summerside en 1949 lorsqu’il a rencontré Marie, qui travaillait à Summerside, mais qui vivait encore à la ferme de ses parents à Urbainville, dans la région Évangéline.

Après quelques rencontres par hasard à Summerside, elle finit par l’aborder alors qu’il consultait les horaires d’autobus à Summerside et elle lui a demandé s’il accepterait de la suivre chez ses parents à Urbainville. «Et il a dit oui. Je ne me souviens plus. Ça devait être la fin de semaine.»

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Tesa et sa soeur Kim prennent soin de leurs parents. Elles fournissent un appui précieux, surtout en ces temps de pandémie. (Photos : J.L.)

Noel a lui aussi oublié quelques détails de cette «invitation», mais il se souvient fort bien que c’était la première fois qu’il séjournait dans une maison de campagne. «Je viens de la ville. On avait l’électricité, l’eau chaude, etc. À Urbainville, il n’y avait pas d’électricité. L’eau chaude était celle qu’on faisait chauffer sur le poêle à bois. C’était très différent de ce que j’avais connu», se souvient-il.

Une vie bien remplie

Processed with Rookie CamLa carrière de Noel dans l’aviation a amené le couple à vivre un peu partout au Canada, là où il y avait des bases de l’aviation canadienne. «Puis, un jour, Noel est rentré du travail et m’a dit : “Je m’inscris à l’école de droit“. J’étais enceinte de mon quatrième enfant. Je lui ai demandé quand il voulait commencer et il m’a dit : “Lundi“», raconte Marie Lyon, ne pouvant s’empêcher de sourire encore à cette situation, après toutes ces années.

Noel a pratiqué le droit pendant quelques années puis il est retourné aux études cette fois pour enseigner le droit, ce qu’il a fait pendant de nombreuses années, au Canada, mais aussi à l’étranger. Le couple a voyagé et vécu sur tous les continents, sauf l’Océanie.

Les quatre enfants ont grandi et ce n’est que lorsqu’ils ont été grands que Marie a décidé de prendre des cours d’art. «J’aimais dessiner, lorsque j’allais à l’école. Un jour, ma maîtresse, Anita Maddix, a dessiné une sorte de cercle avec des petits points sur le tableau. Elle a demandé si quelqu’un savait ce que c’était. Bien sûr, j’ai levé la main : “C’est un biscuit au sucre avec des raisins dessus“. Elle m’a alors informé que c’était une patate.»

Ses premières expériences avec l’art ne lui avaient pas donné envie de poursuivre sur cette voie. Ce n’est que lorsqu’elle avait environ 55 ans qu’elle s’est inscrite en art à l’université, à l’invitation d’une amie. «C’est là que j’ai découvert que l’art était beaucoup plus large que ce que j’en avais vu dans mon enfance, et que je suis devenue une artiste.»

Processed with Rookie CamAprès que l’art soit entré chez les Lyon, il n’est plus jamais reparti. La créativité, la curiosité pour les nouvelles tendances, la vie et les cheminements des artistes de partout au monde fascinent autant Noel (grâce à sa formation de seconde main) que Marie. La maison est pleine de livres d’art qui ne sont pas des parures. Ils sont lus, consultés, et appréciés par leurs propriétaires.

Les œuvres de Marie Lyon sont partout dans la maison, sur chaque mur. C’est une maison heureuse, sans souci et surtout, un lieu de créativité et de liberté de pensée, sinon de mouvement. Il arrive qu’il soit nécessaire de contourner ou même de pousser une chaise devant soi pour pouvoir se faire un chemin parmi les souvenirs, les sujets de conversation et tout ce qui sert à les tenir bien en évidence à la vue de tous à chaque minute de la vie.

 

PAR Jacinthe Laforest

LA UNE : Marie Lyon et son mari depuis 72 ans, Noel Lyon, coulent des jours paisibles dans leur belle maison à Summerside.