Fiona menace l’avenir des oiseaux à l’Î.-P.-É.

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Où sont passés les oiseaux après le passage de la tempête Fiona? Il est encore trop tôt pour le dire avec certitude, mais les scientifiques anticipent déjà une mortalité accrue des populations migratrices et sédentaires. Oiseaux désorientés, routes migratoires rallongées, manque de nourriture, les causes sont multiples.

Le 25 septembre dernier, après le passage de la tempête Fiona, l’Île-du-Prince-Édouard semblait être traversée par un silence vertigineux ; même les oiseaux semblaient avoir fui le littoral.
«Les études sont unanimes, un ouragan entraîne en moyenne une perte de 25 % d’individus dans les populations d’oiseaux touchées», révèle Nicolas Lecomte, professeur en biologie à l’Université de Moncton.

Moins de trois semaines après la tempête, il est encore trop tôt pour mesurer ses impacts sur les volatiles de la province. Les données sont encore insuffisantes, explique Nicolas Lecomte. Selon le chercheur, les effets de Fiona se feront sentir dans les deux prochaines années, avec une baisse probable du nombre de nids et de jeunes en âge de se reproduire.

Nicolas Lecomte
Nicolas Lecomte est professeur en biologie à l’Université de Moncton. (Photo : /www.umoncton.ca)

Parcours migratoires perturbés

Lorsque Fiona a frappé l’île, la plupart des oiseaux migrateurs était déjà partie, en route vers le sud pour hiverner. «C’est une chance, les conséquences négatives seront moindres», se réjouit Nicolas Lecomte. Cependant, avec le climat doux qui a précédé la tempête, de jeunes individus ont pu tarder à quitter la province.
Le biologiste évoque notamment certaines espèces de rivage comme les pluviers siffleurs. «Les jeunes ont pu être emportés au loin. Complètement désorientés, ils n’ont pas réussi à retrouver leur chemin et ont fini par mourir», déplore Nicolas Lecomte.

Pour contourner Fiona, les oiseaux ont pu également modifier leur route de migration au départ de l’île, en s’enfonçant plus loin en mer. Véritables experts du vol, ils sentent en effet les baisses de pression et l’arrivée des grosses perturbations météorologiques.

«Ils ont eu le temps de fuir, mais ça les a obligés à parcourir des distances de vol inhabituelles, extrêmement longues, observe Nicolas Lecomte. S’ils ne sont pas morts à l’Î.-P.-É., ils sont probablement morts plus au sud à cause d’une détérioration de leurs conditions physiques.»

Fiona a pu empêcher certains migrateurs, venus de l’extrême nord du Canada, de faire escale à l’Î.-P.-É. pour s’alimenter. «Là aussi, les répercussions sont reportées, ces oiseaux ne vont pas mourir tout de suite, mais plus tard, car ils n’ont pas trouvé de réserve de nourriture suffisante», analyse Nicolas Lecomte.

Avenir compliqué

Les migrateurs n’ont pas été les seuls affectés, les sédentaires qui vivent en permanence dans la province ont aussi été touchés. «Mais on a évité le pire, car Fiona a déferlé après le pic de reproduction en août», affirme Nicolas Lecomte.

Ceux qui ont élu domicile dans des habitats ouverts, en lisière de forêt, en ville, en zone périurbaine ou agricole, sont les plus fragiles face à de tels phénomènes extrêmes. Nicolas Lecomte parle d’une «mortalité accrue» à cause des chutes d’arbres, des vents violents, et du manque de nourriture de qualité.

«Tout cela impacte directement leurs conditions physiques et leur survie», résume l’universitaire. En revanche, au cœur des forêts compactes beaucoup plus à l’abri des vents, les incidences devraient être moins fortes.

Avec les changements environnementaux, l’avenir s’annonce compliqué pour les oiseaux. «Ils n’ont pas les outils pour bien répondre à la fréquence et à l’intensité des évènements extrêmes qui s’annoncent dans les prochaines décennies. Leurs comportements n’évoluent pas aussi vite que les changements climatiques», alerte Nicolas Lecomte.

PAR Marine Ernoult | IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
LA UNE : Un pluvier siffleur. (Photo : Vicki Jonhson)