Les travailleurs de LA Renaissance craignent d’être laissés pour compte

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Les 130 travailleurs madelinots de LA Renaissance veulent que le maintien de leurs emplois soit considéré dans l’offre retenue par le syndic à la suite de la faillite de LA Renaissance.

Ils estiment qu’ils doivent faire partie de la solution et de la reprise des activités des deux usines de transformation de l’entreprise qui a déclaré faillite en février dernier.

Les travailleurs, dont plusieurs ont reçu des prestations d’assurance-emploi au cours de l’hiver, se demandent s’ils retrouveront leur poste de travail ce printemps. Certains d’entre eux travaillent à l’usine depuis plus de 30 ans.

L’incertitude a déjà amené des employés à se trouver un autre emploi, indique un des porte-parole des travailleurs, Jean-Pierre Déraspe. Certains, à cette période de l’année, n’ont d’ailleurs plus droit aux prestations d’assurance-emploi.

Leurs porte-parole ont écrit cette semaine à différents intervenants dans le dossier, dont le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, et les ministres Pierre Fitzgibbon, à l’Économie, et André Lamontagne, aux Pêcheries, pour faire part de leurs demandes et inquiétudes.

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Les travailleurs font notamment valoir l’importance de leurs emplois pour l’économie des villages de l’archipel. Ils sonnent aussi l’alarme sur le danger que la cession des actifs annonce le déclin de l’industrie de la transformation des produits marins aux Îles.

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C’est d’ailleurs dans cette optique qu’ils réclament un engagement ferme du prochain acquéreur à maintenir les activités des deux usines. Du même souffle, ils souhaitent aussi que la cession des actifs se fasse en faveur d’intérêt madelinot.

Ce sera toutefois aux principaux créanciers d’en décider. Financement agricole du Canada détient les garanties sur la plupart des actifs de LA Renaissance.

Une saison de pêche imminente

Les offres de reprise des actifs de l’entreprise de transformation de produits marins devront être déposées au syndic d’ici le 23 mars. Le syndic devrait rapidement faire connaître le repreneur choisi en raison de l’approche imminente de la saison de pêche.

M. Déraspe s’interroge d’ailleurs sur le fait que le choix du repreneur se fasse si près du début de la saison de pêche au crabe.

Il craint que le repreneur tarde à relancer les usines. C’est toute une organisation administrative, équipement, approvisionnement. Tout cet aspect nous retarde, dit-il. Il estime que la Financement agricole du Canada n’a pas pris soin de voir tous les impacts de ces délais.

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Jean-Pierre Déraspe indique avoir écrit tout particulièrement à ce propos à la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau.

M. Déraspe, qui travaille à LA Renaissance depuis une dizaine d’années, indique que jusqu’à maintenant, parmi les repreneurs potentiels, seule la coopérative de pêcheurs a contacté les employés. Une centaine de travailleurs ont assisté à une rencontre avec la coopérative, le 7 mars dernier.

Le président de la coopérative, Olivier Renaud, dit d’ailleurs soutenir entièrement les demandes des employés. Nous sommes ouverts à inclure les travailleurs dans le processus décisionnel des opérations de l’usine et nous croyons également qu’ils font partie de la solution, mentionne-t-il.

Des projets inconnus

Le député des Îles-de-la-Madeleine à l’Assemblée nationale note pour sa part que le projet de la coopérative est pour le moment le seul qui a fait l’objet d’un engagement public tant sur une reprise immédiate des activités que sur la sauvegarde des emplois. On ne sait pas grand-chose des autres projets, souligne M. Arseneau.

Jean-Pierre Déraspe ajoute, pour sa part, que les travailleurs aimeraient bien rencontrer tous les repreneurs et connaître leurs réponses à leurs préoccupations.

Pour le député, le maintien d’un troisième joueur dans le secteur madelinot de la transformation des produits marins est aussi souhaitable afin, dit-il, d’assurer une saine concurrence.

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Joël Arseneau est aussi de ceux qui s’inquiètent pour les travailleurs.

Il est intervenu cette semaine au Salon bleu en soutien aux employés.  Il y a de l’inquiétude parce qu’actuellement, on sent qu’on n’a pas une prise sur la suite des choses, indique le député. Il rappelle que le démantèlement des actifs comme celui d’une prise de contrôle par des intérêts autres que madelinots restent des possibilités.

Les critères sur le choix, soit d’un projet porteur pour la communauté ou soit sur un repreneur qui permettrait aux créanciers de récupérer le plus d’argent possible, n’ont pas été clairement indiqués, relève M. Arseneau. C’est un syndic qui travaille au nom de Financement agricole du Canada qui a lancé des messages ambigus à certains égards.

Il aimerait lui aussi que les gouvernements fédéral et provincial prennent l’engagement de choisir un projet d’affaires qui inclut une reprise des activités dès ce printemps. Pour M. Arseneau, il s’agit d’une obligation morale des deux paliers de gouvernement qui ont tous deux investi dans l’entreprise.

Des conditions de travail à revoir?

Les travailleurs soulignent aussi l’enjeu des travailleurs étrangers. Cette main-d’œuvre est en effet devenue essentielle au bon fonctionnement des deux usines. Des contrats, selon eux, ont déjà été signés avec 125 Mexicains.

M. Déraspe souhaite aussi que ce débat autour de l’importance des travailleurs puisse être une occasion de discuter des conditions de travail en usine. On est les enfants pauvres de l’industrie des pêches, dit-il.

C’est la préoccupation d’ailleurs d’un chercheur de l’Université du Québec à Montréal, Maxime Thibault-Leblanc. Pour lui, les employés de l’usine de LA Renaissance n’ont pas été assez entendus depuis l’annonce de la faillite.

Il croit que la reprise des actifs de LA Renaissance des Îles pourrait être l’occasion d’améliorer le sort des travailleurs, mais aussi l’attractivité et la rétention des travailleurs dans ce domaine.

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Au moment où quatre entreprises et une coopérative de pêcheurs madelinots veulent mettre la main, en partie ou en totalité, sur les actifs de LA Renaissance, M. Thibault-Leblanc espère que ces repreneurs potentiels leur tendront une oreille attentive. Ils sont essentiels à la chaîne. Je pense que le nouvel acquéreur pourrait les inclure, les écouter puis en profiter pour les revaloriser, commente M. Thibault-Leblanc

Le député Joël Arseneau reconnaît qu’il s’agit d’un travail difficile, mais que la priorité demeure leur maintien. Il ajoute que la mobilisation des travailleurs démontre très bien que ces emplois ont bel et bien une valeur pour les Madelinots.

LA UNE : La faillite de LA Renaissance a été déclarée le 9 février. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE
PAR Joane Bérubé avec la collaboration de Roxanne Langlois