Les oiseaux migrateurs disparaissent des côtes à l’Île-du-Prince-Édouard

Publicité

Articles similaires

Retrouvailles émouvantes : Le parcours d’une néo-madelinienne

Cette semaine, notre collaboratrice aux Îles-de-la-Madeleine, Stéphanie Benoît nous...

La redevance de 30 $ aux Îles-de-la-Madeleine, une mesure liberticide?

Atteinte à la liberté de circulation, taxation abusive, mesure...

Sauvetage inusité : Une voiture extraite des eaux de l’Étang-du-Nord

Un sauvetage inusité dans les eaux de l'Étang-du-Nord a...

Le retour des beaux jours est synonyme du retour des oiseaux migrateurs à l’Île-du-Prince-Édouard. Chaque année, une centaine d’espèces s’installent dans la province pour se reproduire. Mais, chaque année, de moins en moins d’individus atteignent les côtes de grès rouge.

Goglu des pres
Le Goglu des prés fait partie des espèces menacées à l’Île-du-Prince-Édouard. (Photo : Conservation de la Nature Canada)

En ce mois de mai, les oiseaux migrateurs font leur retour à l’Île-du-Prince-Édouard. Chaque année, une centaine d’espèces élisent domicile dans la province pour quelques mois. Des hirondelles bicolores, des carouges à épaulettes, ou encore des pluviers kildir nichent et se reproduisent durant l’été.

«À part quelques espèces qui vivent ici à l’année, comme le corbeau ou le pygargue à tête blanche, la plupart des oiseaux à l’île sont des migrateurs», explique Nicolas Lecomte, professeur en biologie à l’Université de Moncton.

Ces oiseaux ont parcouru des milliers de kilomètres pour arriver jusqu’à l’Î.-P.-É. «Ils réalisent des trajets incroyablement longs depuis l’Amérique du Sud», souligne le biologiste.
Des oiseaux de rivage, comme les pluviers siffleurs ou les bécasseaux, viennent tout droit d’Amazonie. Les hirondelles bicolores arrivent, elles, de Cuba, tandis que les fameux colibris tracent leur route depuis le Venezuela.

Perte d’habitat et changements climatiques
Mais, chaque année, ils sont de moins en moins nombreux à atteindre les côtes de la province. «À l’exception des oies, tous les migrateurs connaissent un déclin très fort et très rapide, alerte Nicolas Lecompte. Les insectivores, comme les hirondelles, sont particulièrement touchés par l’effondrement des populations d’insectes lié notamment à l’utilisation de pesticides.»
«On perd la plupart de nos oiseaux, leur avenir s’annonce compliqué», poursuit le scientifique. L’emblématique pluvier siffleur est ainsi en voie de disparition. L’hirondelle de rivage et le goglu des prés sont également menacés, tandis que l’état des populations de la paruline du Canada est jugé préoccupant.

Paruline
L’état des populations de la paruline du Canada est jugé préoccupant. (Photo : Alec Jardine)

Les espèces migratrices sont avant tout affectées par la perte d’habitat liée à la déforestation, à l’urbanisation et à l’agriculture intensive. «La modification de l’utilisation des terres et de la couverture des sols est la principale cause de leur disparition», confirme Hannah Kienzle, coordonnatrice de Conservation de la Nature Canada pour l’Î.-P.-É.

Le changement climatique constitue une autre menace. En raison de conditions climatiques erratiques, les volatiles arrivent trop tôt ou trop tard sur les zones de nidification, avec un risque de désynchronisation entre la reproduction et le pic de nourriture.

«Ne pas laisser les chats dehors»
Les évènements climatiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, à l’image de Fiona, modifient aussi profondément les aires de nidification. Suite au passage de la tempête post-tropicale, 40% des arbres de la province sont à terre.

«De nombreux oiseaux n’auront plus d’endroits où nicher, je m’attends à un déclin en termes de nids, affirme Nicolas Lecomte. Ils auront du mal à trouver de bons spots, ça va créer des conflits territoriaux et ils perdront des jours précieux pour se reproduire.»

Pour aider les oiseaux, les Insulaires peuvent recréer des habitats dans leur jardin : installer des nichoirs, des mangeoires et des abreuvoirs, planter des arbres, ne pas couper les broussailles et les haies. «Et ne surtout pas laisser les chats dehors», ajoute Nicolas Lecomte.

«On doit absolument partager notre espace avec ces migrateurs qui ont parcouru des milliers de kilomètres pour nous rejoindre et se reposer chez nous», insiste Hannah Kienzle.
Dès la fin du mois d’août, les premiers migrateurs se regrouperont sur les côtes de l’île avant de reprendre le chemin du sud.

 

LA UNE : Les pluviers siffleurs sont en voie de disparition. (Photo : Andrew Herygers)
PAR Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne