Plus d’étudiants dans les cégeps, mais plus de difficulté à recruter des professeurs

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La Fédération des cégeps révèle que, pour la première fois depuis trois ans, le nombre d’étudiants collégiaux est en hausse. Pour plusieurs, voilà une bonne nouvelle. Mais cette hausse est synonyme de pression sur les logements et sur le recrutement de professeurs et de personnel dans les cégeps.

Le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, est enthousiaste d’annoncer que les cégeps accueilleront 2300 nouveaux étudiants de plus que l’an dernier. « On se réjouit de cette hausse! Ça nous donne le sentiment que les étudiants ont compris l’importance de s’inscrire dans les cégeps. »

Cela représente une hausse du nombre de nouveaux étudiants de 3 % et une hausse de l’effectif étudiant total de 1,4 %, tout près des projections du ministère de l’Enseignement supérieur.

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C’est dans certaines régions éloignées des centres métropolitains comme la Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine (+9,3 %), le Saguenay–Lac-Saint-Jean (+5,1 %), la Côte-Nord (+4,3 %) ou encore le Bas-Saint-Laurent (+3,9 %) que les hausses les plus marquées sont observées.

Au Cégep de Jonquière, dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, 200 étudiants de plus sont inscrits qu’à pareille date l’an dernier. C’est une bonne nouvelle pour la région, pour les étudiants aussi, lance son directeur général, Sylvain Gaudreault.

Cette hausse est partiellement attribuable, selon lui, à une arrivée plus importante d’étudiants étrangers en raison de nouvelles ententes avec des partenaires d’Europe et d’Afrique. On a aussi les bourses Parcours, qui permettent une plus grande mobilité sur le territoire québécois, ajoute-t-il.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, qualifie elle aussi de bonne nouvelle la hausse des inscriptions dans le réseau collégial, surtout dans le contexte de plein emploi où le marché du travail peut être plus attrayant que la poursuite des études. En plus de la croissance démographique et de l’attraction d’étudiants internationaux, elle est d’avis que le programme de bourses Perspective Québec a pu jouer un rôle dans cette hausse de l’effectif étudiant.

Entre joie et inquiétudes

Mais cet ajout d’étudiants collégiaux, s’il est célébré par plusieurs, soulève certaines craintes, notamment au niveau de la disponibilité et du coût des logements et du recrutement du personnel.

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On touche du bois. Tous les étudiants sont logés, tout le monde a un toit, confie Sylvain Gaudreault, aussi ancien député péquiste. Mais c’est fragile, on demeure vigilant. On a une réalité de logement qui est compliquée.

Le ministère de l’Enseignement supérieur prévoit que l’augmentation de l’effectif étudiant va s’accélérer dans les prochaines années. 22 000 étudiants de plus devraient fréquenter un cégep d’ici 2032.

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La pression sur le marché du logement étudiant ne fera donc qu’augmenter dans les prochaines années.

À partir de maintenant, le défi, c’est la persévérance scolaire, indique Bernard Tremblay de la Fédération des cégeps. Quand on voit la hausse de l’inflation, le coût du logement, l’attrait du marché du travail, notre souci, c’est que ces chiffres-là vont se maintenir et qu’on n’ait pas des étudiants qui vont quitter en cours de route.

Il assure que l’enjeu du logement étudiant sera la priorité de son organisation cet automne. On veut trouver des solutions pour s’assurer que ça ne soit pas un frein à venir dans les cégeps.

Bernard Tremblay se préoccupe d’ailleurs de la récente sortie du ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, qui suggérait de limiter l’arrivée d’étudiants étrangers pour soulager la crise du logement au pays. On va communiquer avec les ministères concernés pour leur faire prendre conscience que de limiter les étudiants internationaux ne serait pas une voie pour régler le problème du logement.

La difficulté à recruter des professeurs s’accroît

Plus d’étudiants, ça veut aussi dire plus de professeurs pour leur enseigner. Et déjà, les cégeps doivent composer avec un recrutement de plus en plus ardu, comme en témoigne Édith Pouliot, présidente du syndicat des professeurs du Cégep de Sainte-Foy.

On a beaucoup de comités de sélection, et on a de la difficulté à trouver des candidats qui correspondent vraiment aux critères. Des fois, il n’y a personne qui se présente aux embauches aussi.

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Les programmes de techniques en soins infirmiers et en informatique, parmi d’autres, ont particulièrement de la difficulté à embaucher des professeurs.

Au Cégep de Rivière-du-Loup, dans le Bas-Saint-Laurent, la présidente du syndicat des professeurs affirme que la situation est telle dans certains programmes techniques que, dans quelques cas, les exigences de formation à l’embauche ont baissé. Dans quelques cas, on a remarqué que l’obligation d’avoir une formation universitaire complémentaire en pédagogie a été enlevée, donne-t-elle en exemple.

Le président du syndicat des professeurs du Cégep de Sherbrooke, Mathieu Poulin-Lamarre, a lui aussi remarqué une diminution du bassin de candidats disponibles ou souhaitant travailler dans les cégeps. Avec moins de candidatures, on a moins la possibilité de recruter des gens qui ont une maîtrise, une formation en pédagogie ou de l’expérience d’enseignement.

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Pour Julie Côté, la pénurie de main-d’œuvre chez les enseignants est réelle, mais camouflée, car les professeurs de cégep ont la possibilité de faire de la surtâche, c’est-à-dire d’accepter des charges de travail supplémentaires pour éviter que les étudiants se retrouvent sans enseignant. Sur papier, toutes les charges de cours sont remplies et ça paraît bien. Mais à l’interne, on le sent que ça ne fonctionne pas.

Il y a des professeurs qui partent en cours d’année en maladie parce qu’ils sont en épuisés. Et donc, ça fait un autre prof à remplacer, ajoute Édith Pouliot du Cégep de Sainte-Foy.

Sylvain Gaudreault confirme qu’il ressent lui aussi des symptômes de la pénurie de main-d’œuvre généralisée. Dans son établissement d’enseignement, elle concerne surtout le personnel de soutien et les professionnels, comme les psychologues ou les conseillers pédagogiques, mais aussi les professeurs. appels d'offres d'emploi pour obtenir des candidats. Alors qu'avant, c'était inexistant ou très rare.","text":"Jusqu’au dernier jour avant la rentrée, on a procédé à de nouvelles embauches, dit-il. Parfois, on est obligé de faire 2 ou 3appels d'offres d'emploi pour obtenir des candidats. Alors qu'avant, c'était inexistant ou très rare."}}">Jusqu’au dernier jour avant la rentrée, on a procédé à de nouvelles embauches, dit-il. Parfois, on est obligé de faire 2 ou 3 appels d’offres d’emploi pour obtenir des candidats. Alors qu’avant, c’était inexistant ou très rare.

Le cabinet de la ministre Pascale Déry indique que l’un des objectifs des négociations du secteur public, qui comprend le personnel des cégeps, est de mettre en place des solutions concrètes et réalistes pour favoriser l’attraction et la rétention du personnel au bénéfice des services à la population étudiante.

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LA UNE : Plus de 175 000 étudiants collégiaux ont envahi les cégeps cette semaine. PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

PAR : Fannie Bussières McNicoll