Le mystère de la désoxygénation de l’estuaire du Saint-Laurent s’éclaircit. Une étude parue dans la revue scientifique Nature Communications met en lumière les causes de cette diminution des concentrations d’oxygène.
Depuis quelques décennies, la désoxygénation atteint des niveaux hypoxiques, ce qui influence la faune et la flore marine.
L’hypoxie est l’état d’un organisme vivant ou d’un milieu qui se trouve en déficit d’oxygène.
2020, on a vu une chute vraiment marquée. La concentration [d'oxygène] a chuté de moitié en un an","text":"En2020, on a vu une chute vraiment marquée. La concentration [d'oxygène] a chuté de moitié en un an"}}">En 2020, on a vu une chute vraiment marquée. La concentration [d’oxygène] a chuté de moitié en un an
, précise Mathilde Jutras, chercheuse en océanographie au postdoctorat à l’Université d’Hawaï à Manoa et coautrice de l’étude, dont les résultats ont été publiés en juin.
En plus d’observer une baisse, les scientifiques notent également une expansion de la zone hypoxique dans le fleuve.
Avant, ça se situait dans l’estuaire en face de Rimouski et maintenant c’est de Rimouski jusqu’à l’île d’Anticosti
, poursuit Mme Jutras.
C’est principalement en raison des perturbations dans les eaux profondes, qui entrent dans le golfe du Saint-Laurent par le détroit de Cabot, explique la chercheuse.
Gulf stream, qui elles sont chaudes et faibles en oxygène, qui entrent, alors qu’avant, on avait plutôt des eaux froides du courant du Labrador","text":"On a de plus en plus d’eaux du Gulf stream, qui elles sont chaudes et faibles en oxygène, qui entrent, alors qu’avant, on avait plutôt des eaux froides du courant du Labrador"}}">On a de plus en plus d’eaux du Gulf stream, qui elles sont chaudes et faibles en oxygène, qui entrent, alors qu’avant, on avait plutôt des eaux froides du courant du Labrador
, observe-t-elle.
On a justement cherché à essayer de comprendre ce qui cause ça. Il semblerait que ce soit peut-être un changement dans la circulation dans les vents et dans les circulations à grande échelle dans l’Atlantique, qui elles sont influencées par les changements climatiques.

Le Gulf Stream, le grand courant régulateur de l’Atlantique, migre de plus en plus vers le nord, soit tout près du détroit de Cabot, entre Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, selon la chercheuse. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA
Les conclusions de cette étude font partie du palmarès des 10 découvertes de l’année 2023 du magazine Québec Sciences.
Un autre facteur
Les fertilisants et les nutriments des eaux usées rejetées dans le fleuve auraient aussi leur rôle à jouer dans cette désoxygénation.
Ça fait le même phénomène que les algues bleues dans les lacs
, indique Mathilde Jutras. Si on ajoute du fertilisant dans l’eau, on a des [floraisons] d’algues et quand celles-ci meurent, elles se déposent sur le fond marin où elles vont être décomposées par des bactéries, qui elles respirent et consomment de l’oxygène.
Selon la chercheuse, avec une meilleure utilisation des ressources et une meilleure régulation des déversements des nutriments
, la situation pourrait se résorber.
Des solutions pour pallier l’hypoxie que connaît actuellement le fleuve Saint-Laurent sont proposées, notamment dans une étude cosignée par Mathilde Jutras, parue à la fin du mois de décembre dernier.
L’étude propose d’injecter les résidus d’oxygène [issus] de la production d’hydrogène vert dans [la zone hypoxique]
, résume la chercheuse.
LA UNE : Depuis quelques décennies, la désoxygénation atteint des niveaux hypoxiques, ce qui influence la faune et la flore marine. (Photo d’archives). PHOTO : INSTITUT MAURICE-LAMONTAGNE
PAR Marguerite Morin