Québec met fin aux créneaux d’excellence en tourisme

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Des acteurs de l’industrie touristique en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine se disent déçus de l’abolition des créneaux d’excellence en tourisme. Ils en ont été informés à la mi-mars par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE).

Ce créneau d’excellence en tourisme provenait de la démarche ACCORD, une stratégie gouvernementale visant à développer l’économie des régions.

Instaurés en 2006 par Québec, des créneaux d’excellence en tourisme étaient aussi accordés aux régions des Laurentides, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du Nord-du-Québec.

La Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine détenaient le créneau d’excellence Récréotourisme. Ces régions se partageaient environ 100 000 $ annuellement, dans le cadre de ce créneau.

Définition sur le site du gouvernement :
Le créneau d’excellence Récréotourisme vise à mobiliser les entreprises performantes pour faire vivre des expériences mémorables aux visiteurs. Il a pour mission de regrouper les entreprises touristiques pour réaliser des projets de développement et d’innovation collaboratifs.

Selon le directeur du Créneau d’excellence Récréotourisme aux Îles-de-la-Madeleine, Jason Bent, c’est la perte d’un plan d’action qui était complémentaire aux projets des Associations touristiques régionales (ATR).

Jason Bent (à gauche), Caroline Couret (au centre) et Michel Bonato (à droite) lors de la Journée du tourisme

Jason Bent, Caroline Couret et Michel Bonato lors de la Journée du tourisme (Photo d’archives) PHOTO : NIGEL QUINN

Il mentionne que la subvention permettait l’embauche d’une personne-ressource dédiée à la mise en œuvre d’un plan d’action, élaboré par les entreprises. C’était cette notion de projets collectifs, de provoquer ces rencontres de maillage, pour permettre à des entreprises, qui parfois compétitionnent, de travailler ensemble. C’est la perte d’un levier financier, déplore-t-il.

Le site du MEIE rapporte que près de 300 entreprises étaient ciblées dans le périmètre des interventions du créneau en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.

Une économie qui compte sur le tourisme

C’est reconnu, le tourisme représente une grosse part du gâteau de l’économie locale dans l’archipel et dans la péninsule gaspésienne. Le directeur général de Tourisme Îles-de-la-Madeleine, Michel Bonato, ne cache pas sa surprise et sa déception.

On est vraiment surpris. Notre économie dépend à 50 % du tourisme. Donc on s’inscrit différemment des autres régions. C’est générateur de richesse pour toute la communauté. Il y a un peu d’incompréhension, souligne-t-il.

On sait que la durée de séjour aux Îles-de-la-Madeleine est de 10 jours, c’est la plus longue au Québec. On arrive, avec les visiteurs, à générer plus de 110 millions de dollars de retombées économiques, précise Michel Bonato.

L’industrie du tourisme fait face à de multiples défis, comme les changements climatiques et le manque de main-d’œuvre. Donc c’était surprenant de voir qu’un ministère, qui a l’innovation inscrite dans ses lettres de noblesse, ne soit plus présent, dit-il.

C’est donc un coup dur à encaisser pour le directeur général de Tourisme îles-de-la-Madeleine. Il y a certaines régions éloignées, notamment le Nord-du-Québec, qui sont aussi touchées par la disparition du créneau. On est de petites régions éloignées. On ne bénéficie pas autant de financement, que ce soit par la taxe d’hébergement, que dans de grands centres. Donc c’est tout le temps une lutte pour trouver du financement et aider les entreprises.

On va devoir restructurer notre fonctionnement.

Une citation de Michel Bonato, directeur général, Tourisme Îles-de-la-Madeleine

Ces créneaux d’excellence en tourisme donnaient par ailleurs accès au Programme d’appui au développement des secteurs stratégiques et des créneaux d’excellence, explique Élodie Brideau, la présidente du Créneau d’excellence Récréotourisme en Gaspésie.

Élodie Brideau.

Élodie Brideau est également directrice générale chez Cime Aventures. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

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Ça va définitivement amputer une partie de ce qu’on pouvait faire pour oser innover en tourisme.

Une citation de Élodie Brideau, présidente, Créneau d’excellence Récréotourisme en Gaspésie

De nombreux projets aux Îles

Le créneau d’excellence en tourisme a joué un rôle dans le projet de structuration d’un port d’escale de croisières internationales aux Îles-de-la-Madeleine et la mise en œuvre de la Journée des Îles à Montréal, selon Jason Bent.

Un projet de recherche collaborative, pour aider les entreprises touristiques à s’adapter aux changements climatiques, est par ailleurs toujours en cours. Mené par des chercheurs de l’UQAM, en partenariat avec Ouranos, des entreprises des Îles-de-la-Madeleine et des Laurentides sont appelées à expérimenter et développer des outils pour s’adapter aux aléas du climat.

Dans une lettre transmise aux Associations touristiques régionales (ATR), le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) explique que l’abolition des créneaux d’excellence en tourisme s’inscrit dans un repositionnement de la démarche ACCORD au Québec, qui chapeaute ces créneaux d’excellence.

Pour favoriser cette transition, pour l’année 2024-2025, les ATR qui en feront la demande pourraient recevoir du soutien financier du MEIE dans le cadre d’un programme en vigueur, afin de poursuivre certains projets déjà initiés [sic] par les créneaux, peut-on lire dans cette déclaration écrite signée par le sous-ministre adjoint, Alexandre Vézina.

Des rencontres devraient avoir lieu pour discuter avec les intervenants de chaque région des prochaines étapes.

 

LA UNE : La Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine détenaient le créneau d’excellence Récréotourisme depuis 2008. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

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