Les travailleurs mexicains temporaires arrivent lentement

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L’accueil des travailleurs mexicains temporaires se fait progressivement dans les usines de transformation de produits de la mer de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, qui vont ouvrir même si elles n’ont pas 100 % de la main-d’œuvre dont elles ont besoin pour la saison de pêche 2024.

L’usine E. Gagnon et Fils de Sainte-Thérèse de Gaspé a réussi à accueillir la majorité de ses travailleurs temporaires mexicains à temps pour le début de la prochaine saison, 110 des 125 travailleurs mexicains ayant finalement obtenu leur visa à temps.

On a eu la chance d’avoir des visas électroniques qui avaient été faits avant l’annonce, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, souligne Bill Sheehan, vice-président de l’entreprise.

Bill Sheehan, VP de E.Gagnon et fils.

«On est pas mal correct avec les employés qu’on a réussi à recruter dans les environs», affirme Bill Sheehan, vice-président de E.Gagnon et Fils, qui est tout de même soulagé pour son entreprise. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / BRUNO LELIÈVRE

Le 29 février dernier, Ottawa a imposé un visa aux ressortissants du Mexique, quelques semaines seulement avant le début de la saison de pêche.

Une situation stressante, pour le plus gros transformateur de crabe des neiges au Québec. Bill Sheehan explique qu’avec 425 employés d’usine, les opérations de transformation du crabe pourront être lancées avec l’ouverture de la zone 12 lundi.

La ministre des Pêches et Océans, Diane Lebouthillier, est heureuse de voir les usines ouvrir.

Je dois vous dire que jusqu’à vendredi dernier, je n’étais même pas certaine qu’on aurait pu avoir une pêche au niveau de la Gaspésie.

Une citation de Diane Lebouthillier, ministre des Pêches

Elle affirme que des ententes se seraient conclues entre des pêcheurs et des transformateurs pour que le volume de prises soit ajusté en fonction de la capacité de transformation en usine, vu le manque de main-d’œuvre.

Pour moi, ce qui est important, c’est que les pêcheurs sont en mer, que les usines vont transformer, et qu’on va avoir une saison de pêche. Pour moi, c’était la priorité, alors le travail va se poursuivre.

Soulagement aux Îles

Même son de cloche du côté des Îles-de-la-Madeleine.

Chez Pêcheries LéoMar, 40 des 110 travailleurs mexicains temporaires attendus par l’entreprise madelinienne sont arrivés la fin de semaine dernière. Une quarantaine d’autres sont attendus d’ici vendredi.

Christian Vigneau photographié devant le palais de justice.

«Ça a été un stress énorme pour nous. On n’est pas capable de fonctionner sans travailleurs étrangers», témoigne Christian Vigneau, président de Pêcheries LéoMar. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Le président de Pêcheries LéoMar, Christian Vigneau, déclare être extrêmement soulagé, même si l’usine transformera le crabe avec seulement 80 % de ses effectifs.

Il souligne qu’au départ, il voyait l’annonce du retour du visa pour les ressortissants mexicains comme un détail administratif qui serait rapidement surmonté.

Le défi était de taille et source de grand stress, déclare l’entrepreneur, qui souligne que l’usine ne peut pas opérer sans travailleurs étrangers temporaires.

L’usine se mettra en marche à partir de mercredi.

Du côté du homard

Par ailleurs, l’entreprise familiale de transformation des produits de la mer Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, à Sainte-Thérèse-de-Gaspé, soutient travailler très fort pour réussir à avoir les travailleurs mexicains temporaires dont elle a besoin pour l’ouverture de la pêche au homard prévue fin avril.

En date d’aujourd’hui, près de la moitié d’entre eux sont confirmés, soit 38 travailleurs sur 80.

La copropriétaire de l’entreprise, Raphaëlle Cyr-Lelièvre, se désole de cette pression et de ce travail supplémentaires à ce moment-ci de l’année.

Elle souligne que tous les dossiers des travailleurs étrangers temporaires de l’entreprise étaient déjà finalisés et approuvés en novembre dernier.

C’est vraiment une belle petite jambette qui nous a été faite, parce que vraiment, j’ai l’impression qu’ils n’ont pas pensé aux pêches lors de l’instauration de la mesure.

Une citation de Raphaëlle Cyr-Lelièvre, copropriétaire de l’entreprise Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan

Elle estime que bien que la mesure des visas pour les ressortissants mexicains soit légitime, Ottawa aurait dû la mettre en application à l’automne, lorsque les entreprises travaillent à recruter la main-d’œuvre étrangère.

Là, c’était annoncé et effectif à partir du 29 février 2024. Ça ne nous laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Tout le monde est déjà un peu en train de courir pour préparer la saison. C’est un beau petit coup de brique qui nous a frappés, témoigne Mme Cyr-Lelièvre.

Elle souligne que bien que le ministère travaille à accélérer les choses, l’entreprise doit faire des suivis tous les jours pour s’assurer que les dossiers de ses travailleurs avancent.

On nous dit que le mot d’ordre est de prioriser l’industrie de la pêche, mais les délais sont encore longs au Mexique.

Une usine de transformation du homard.

«C’est beaucoup de temps et d’énergie à mettre pour s’assurer que nos travailleurs aient leur visa», affirme la copropriétaire de Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan. (Photo d’archives) PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ROBERT F. BUKATY

Selon elle, l’usine sera quand même en mesure d’ouvrir même si les conditions seront loin d’être idéales.

On va être capable de s’ajuster. Ceci étant dit, on va avoir besoin de nos travailleurs quand même rapidement, mais on ne pense pas devoir faire du délestage. On va juste ajuster notre production en conséquence, explique la copropriétaire.

Elle souhaite que le ministère de l’Immigration continue de prioriser les pêches pour s’assurer que les approbations entrent à temps et que 100 % des travailleurs arrivent.

On espère sincèrement que le gouvernement travaille en collaboration avec nous pour que tout aille le plus rapidement possible, parce que c’est névralgique, pour nous, déclare-t-elle.

Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, déclarait en conférence de presse le 21 mars dernier qu’il avait bon espoir que la majorité des travailleurs mexicains temporaires seraient présents pour la saison de la pêche. Selon lui, au moins 80 % d’entre eux réussiront à être en poste.

 

LA UNE : «On nous dit que le mot d’ordre est de prioriser l’industrie de la pêche, mais les délais sont encore longs au Mexique», affirme Raphaëlle Cyr-Lelièvre, co-propriétaire de l’entreprise familiale Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, à Sainte-Thérèse-de-Gaspé. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA