Aux Îles-de-la-Madeleine, on espère depuis plusieurs années voir apparaître quelques éoliennes afin de réduire l’empreinte écologique de l’archipel et ses émissions de gaz à effets de serre (GES). On en parle et le chante même! Les gens des Îles aspirent à être moins dépendants des hydrocarbures et ils ont été entendus. C’est ainsi que le projet de Parc éolien de la Dune-du-Nord a vu le jour.
Rappel du processus qui a mené au projet
Dès 2007, l’agglomération des Îles a créé une Commission consultative sur le développement éolien et a mené une consultation publique qui a mené, en 2012, au choix de la zone de la Dune-du-Nord, comprise entre Pointe-aux-Loups et Grosse-Île, en tant que site éolien potentiel.
En octobre 2015 Hydro-Québec lance un appel de proposition pour l’achat de 6 MW d’énergie éolienne, qui devra être développé en partenariat avec la Régie intermunicipale de l’énergie de la Gaspésie-Les-Îles-de-la-Madeleine qui a le mandat de représenter le milieu local dans ce processus.
En 2016 et 2017, la Régie intermunicipale a mené diverses études afin de documenter et de préciser le potentiel éolien, les impacts environnementaux et les conditions d’implantation du parc éolien. Ces démarches conduiront en mai 2017 à une consultation du Bureau des Audiences publiques en Environnement (BAPE) qui a été demandée par le gouvernement pour permettre à la population de s’exprimer sur le développement de ce parc dans l’habitat protégé du corème de Conrad. Le BAPE a remis son rapport au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques (MDDELCC) en juillet de la même année et le ministère autorisa la poursuite du projet pourvu que les impacts sur l’habitat du corème de Conrad soient égaux ou inférieurs au scénario d’implantation proposé par la Régie au BAPE (voir tableau p.8).
Afin d’assurer un suivi de l’état d’avancement du projet et des études, un comité de liaison a été formé en 2017. Ce comité madelinot regroupe des gens représentant l’environnement, le secteur municipal, le secteur économique ainsi que le secteur sociocommunautaire. Il se penche sur les questions relatives à la construction, à l’installation, à l’utilisation, à l’exploitation et à la maintenance du Parc éolien dans le respect des lois environnementales et avec le souci de limiter les impacts sur la faune et la flore. Il travaille en collaboration avec la Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et les partenaires privés afin de leur fait part de ses recommandations et des préoccupations du milieu.
C’est finalement en mars 2018 qu’Hydro-Québec a annoncé le choix de la proposition retenue. Les partenaires de la Régie sont Valeco Énergie Québec, filiale québécoise du Groupe français Valeco, développeur et producteur d’énergies renouvelables, et l’entreprise québécoise Plan A Infrastructure.
Au printemps et à l’été 2018, les études environnementales complémentaires sur la zone définitive du projet ont été faites. Puis en juin 2018, Hydro-Québec a procédé à la signature du Contrat d’Achat d’Électricité (CAÉ) et en septembre, des séances publiques d’information sur l’avancement du projet ont eu lieu à Havre-aux-Maisons et à Grosse-Île.
Échéancier du projet
De nombreuses étapes de consultations et d’études ont été franchies, et le projet a été bonifié afin de limiter les risques d’impacts négatifs sur la faune et la flore.
Les prochaines étapes sont :
Enjeux environnementaux
La Régie et ses partenaires sont à l’écoute des préoccupations des gens d’ici et ont à cœur de limiter les impacts sur la nature. Ils ont ainsi réalisé les meilleurs efforts pour assurer la protection du milieu. Sachant que ce secteur accueille le corème de Conrad, un petit arbuste protégé, cela est pris en compte dans les différentes phases de l’élaboration du projet, tant pour ce qui est de l’implantation et l’entretien des éoliennes que pour la localisation des voies d’accès. L’équipe collabore aussi avec les organismes environnementaux locaux : Attention FragÎles, la Société de conservation des Îles-de-la-Madeleine et le comité ZIP. Ce travail de concertation et de consultation a permis de réviser le scénario afin de minimiser au maximum les impacts sur le territoire. On s’assure de mettre en place des mesures d’évitement, de réduction et éventuellement de compensation pour limiter les effets négatifs.
Un projet aux impacts atténués
Les modifications du plan d’implantation ont permis de fortement réduire les impacts potentiels et de présenter des valeurs très en deçà des valeurs du cadre d’orientation du MDDELCC:
Il est important d’ajouter qu’il n’y a pas de dérogation ni d’exception à la Loi pour le projet de Dune-du-Nord et que tous les choix sont faits en conformité aux réglementations environnementales en cours, en respectant les articles de Loi existants. Tous les règlements et les encadrements existants ont été rigoureusement suivis et intégrés au développement du projet.On constate qu’à la suite du travail consciencieux effectué, le projet n’occupera que 41,5 % de la surface totale de ce qui était estimé au départ et que l’empiétement sur les espèces protégées est considérablement réduit. Pour ce qui est du corème de Conrad, seulement 8 % de la surface initialement envisagée sera concernée, alors que pour la hudsonie tomenteuse, on parle de 38,4 % de la superficie initiale. Les impacts sur ces espèces seront très faibles avec l’installation des éoliennes et l’habitat protégé demeurera.
Les actions pour éviter, atténuer et compenser les impacts sur l’habitat protégé et sur le corème de Conrad.
Afin de limiter les impacts, les voies d’accès au site ont été réduites au minimum et optimisées, pour éviter le plus possible les zones de corème de Conrad. Pour les quelques plants de corème se trouvant sous les infrastructures projetées, un protocole – élaboré avec le ministère et les organismes locaux – permettra de les transplanter à un autre endroit sur la dune. Afin de compenser les pertes de superficie dans l’habitat protégé, une zone accueillant du corème de Conrad, aujourd’hui non protégée sur les Îles, sera identifiée pour recevoir une servitude de protection, sur une surface au moins trois fois plus importante. Ce projet de compensation se fera en étroite collaboration avec la Société de conservation des Îles-de-la-Madeleine et fera l’objet d’un suivi pendant plusieurs années.
Ajoutons que les entreprises et les équipes de travail sont conscientisées à la sensibilité particulière du milieu et l’expertise locale sera mise à profit pour trouver des solutions adaptées à l’environnement particulier de la Dune-du-Nord.
Des milliers de tonnes par année de gaz à effet de serre (GES) évitées et des millions de dollars économisés en carburant
Le projet de parc éolien aura un impact important sur les émissions de GES de la centrale de Cap-aux-Meules. C’est en effet plus de 17 % des émissions de GES, soit 13 000 tonnes de CO2 qui ne seront plus émis dans l’atmosphère des Îles-de-la-Madeleine, c’est un gain appréciable qui permet d’atteindre le tiers des objectifs visés par la Communauté maritime dans sa politique énergétique.
De plus, la mise en activité du parc éolien dès l’automne 2019 permettra d’économiser, selon Hydro-Québec, plus de 26,6 M$ sur la durée du contrat d’approvisionnement en électricité signé avec la société de projet. Malgré l’installation prévue du câble sous-marin en 2025, Hydro- Québec estime qu’il est commercialement rentable de mettre en place le parc éolien, sans compter que du point de vue de l’environnement la diminution des GES sera très importante d’ici là.
Retombées économiques importantes pour les Îles
Ce projet amènera des retombées pour la communauté et pour la création d’emplois. Il favorisera l’achat de biens et services aux Îles puisque la société de projet s’est dotée d’une politique d’achat local.
En phase de construction, des équipes seront à l’œuvre pendant une durée de trois à six mois et plusieurs opportunités d’affaires découleront de la réalisation du projet. Il y aura donc du travail pour des ouvriers et des sous-traitants, ce qui représentera probablement une trentaine d’emplois.
Déjà, l’éolien est profitable pour les Madelinots et les Madeliniennes!
En phase d’exploitation, le projet générera des revenus qui seront distribués dans la communauté. Grâce aux parcs éoliens existants en Gaspésie, la Régie intermunicipale distribuera cette année 3,1M$ aux municipalités, la municipalité des Îles recevra, pour sa part, plus de 500 000 $. Il est intéressant de rappeler qu’une partie du financement du nouveau Centre sportif des Îles proviendra des revenus des projets éoliens. À cela s’ajouteront des redevances annuelles de plus de 32 000 $ qui seront versées à la municipalité.
L’exploitation permettra aussi de créer des emplois intéressants à long terme pour l’opération et l’entretien des installations. On prévoit également mettre en place un espace d’interprétation à proximité du site.
Une fierté pour les Madelinots et Madeliniennes
Le parc éolien, c’est
- 6,4 mégawatts
- Deux éoliennes
- Une tour de mesure de vent
- Une sous-station reliée aux éoliennes par un réseau collecteur sous-terrain
Comme vous le savez, aux Îles, le vent ne manque pas et ce vent madelinot fera en sorte que le parc éolien de Dune-du-Nord sera certainement le plus productif au Québec. En effet, alors qu’ailleurs au Québec le facteur d’utilisation moyen des éoliennes est de 35 %, aux Îles, il sera de 52 %. Il y aura de quoi être fier et on pourra continuer de dire qu’aux Îles, c’est pas pareil, c’est mieux!
Pour d’autres informations, consultez le site de la Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie Îles-de-la-Madeleine : https://regieenergiegim.net
Vous pouvez également communiquer avec
la Régie en écrivant à : [email protected]
