Pêche à l’appât du maquereau : « On est oubliés », disent les pélagiques

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Après l’annonce par Pêches et Océans Canada de la réouverture d’une pêche à l’appât au maquereau ce printemps, le Regroupement des pêcheurs pélagiques du sud de la Gaspésie ne mâche pas ses mots.

La vingtaine de pêcheurs que l’organisme représente ne pourront toujours pas reprendre la mer deux ans après la suspension de la pêche au hareng de printemps du sud du golfe ainsi que de la pêche au maquereau.

Pour nous, c’est une grande déception, une surprise. Je suis estomaqué, les mots me manquent, raconte en entrevue le président du Regroupement, Ghislain Collin.

Jeudi matin, la ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, a confirmé la fermeture continue de la pêche commerciale au maquereau dans le Canada atlantique et au Québec pour la saison 2024.

Seule la pêche à l’appât du maquereau sera rouverte. Il s’agit d’une pêche à usage personnel, qui permettra notamment aux pêcheurs de homard et de crabe de pêcher le maquereau pour l’utiliser comme appât.

Ces prises ne peuvent donc pas être vendues.

Pour Ghislain Collin, cette annonce de Pêches et Océans Canada favorise d’autres regroupements de pêcheurs au détriment de ses membres, qui souhaitent du soutien de la part du fédéral.

La ministre redonne à des regroupements bien nantis de pêcheurs des Maritimes et du Québec leur droit de pêcher. C’est plus qu’aberrant, soutient-il.

Ghislain Collin photographié de profil.

Le président du Regroupement des pêcheurs pélagiques du sud de la Gaspésie, Ghislain Collin. PHOTO : RADIO-CANADA / ROXANNE LANGLOIS

La ministre a été questionnée à ce sujet lors de sa conférence de presse. Elle a répondu en soulignant l’importance d’avoir des appâts dans le secteur des pêches et que la pêche d’appât va permettre de récolter des données.

« On a écouté les gens du milieu, on travaille avec les associations et on en est arrivés à la décision d’aujourd’hui, qui est une excellente décision », a-t-elle indiqué.

Ghislain Collin s’inquiète aussi de voir fondre la part historique des pêcheurs pélagiques du Québec advenant une réouverture de la pêche commerciale au maquereau dans les prochaines années.

Les homardiers satisfaits

Contrairement aux pêcheurs pélagiques, les homardiers de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine accueillent favorablement la réouverture de la pêche d’appât au maquereau.

Quand une pêche recommence, c’est toujours une bonne nouvelle pour les pêcheurs, indique Charles Poirier, président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles.

Une telle annonce va permettre aux membres du RPPCΠde se fournir en appât pour cette année ou pour l’année prochaine, en fonction de la date de réouverture de la pêche.

Ça va faire baisser les coûts pour l’appât, explique Charles Poirier. Si on peut au moins baisser nos frais d’exploitation en allant chercher nos propres appâts, c’est toujours une bonne nouvelle.

Un casier avec des appâts à l'intérieur.

Les homardiers utilisent des poissons comme appât, notamment le hareng et le maquereau, de même que la limande à queue jaune et la plie route. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Pour O’Neil Cloutier, directeur général du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, rouvrir cette pêche à l’appât était une question d’équité.

On avait demandé à Mme Lebouthillier d’appliquer un principe d’équité face aux Américains qui pêchent dans le même stock que nous et pour lequel ils se sont accordé cette année 2400 tonnes de capture, explique-t-il.

On voit que la ministre a bougé, alors nous sommes bien heureux.

Une citation de O’Neil Cloutier, directeur général du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie

Par ailleurs, O’Neil Cloutier se dit satisfait de constater que Pêches et Océans Canada prend en compte les observations des pêcheurs.

On avait vu des bancs importants de maquereaux durant tout l’automne dernier, de Sainte-Anne-des-Monts jusqu’à la Baie-des-Chaleurs. Nos collègues des provinces maritimes avaient noté le même phénomène, raconte-t-il.

Il rappelle aussi que la prédation du maquereau par le phoque gris dans le golfe du Saint-Laurent est estimée entre 7000 et 13 000 tonnes.

Si ce n’était du phoque gris, on aurait probablement beaucoup plus de maquereau à pêcher, croit O’Neil Cloutier.

Selon Pêches et Océans Canada, le maquereau est davantage victime de ses prédateurs que de la pêche.

Comité consultatif fin avril

Par courriel, Pêches et Océans Canada indique que le comité consultatif du maquereau de l’Atlantique sera consulté sur le plan stratégique de mise en œuvre d’une pêche à l’appât de 470 tonnes pour la saison de pêche 2024, y compris sur la ou les dates d’ouverture.

Ce quota sera divisé en deux parts égales pour fournir un accès équitable au maquereau pendant la migration du stock dans les eaux du Canada atlantique et du Québec.

Nous pouvons dire que les 470 tonnes seront divisées en deux parties de 235 tonnes, la deuxième partie de ce quota étant libérée plus tard dans l’année, lorsque le poisson arrivera au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador, ajoute par courriel Pêches et Océans Canada.

La prochaine réunion du comité consultatif aura lieu le 30 avril. Par la suite, les plans de gestion de pêche seront élaborés.

LA UNE : Le maquereau demeure l’appât de choix pour inciter les crustacés à entrer dans les cages des pêcheurs. PHOTO : MERINOV

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