Un archipel unique à préserver

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humanima_3Milieu insulaire d’une beauté saisissante, l’archipel des Îles de la Madeleine, dans le golfe du Saint-Laurent au Québec, est situé à quelques centaines de kilomètres des provinces atlantiques et de la péninsule gaspésienne. Le territoire comprend une quinzaine d’îles et d’îlots, dont sept sont reliés par d’étroits cordons de sable, nommés tombolos. Sa superficie totale de 202 km2 est partagée par 13 000 Madelinots et 54 000 visiteurs en période estivale. Huit des îles de l’archipel sont habitées. Milieu riche par sa diversité faunique et l’implication de ses citoyens, les Îles de la Madeleine font aujourd’hui face à plusieurs défis environnementaux de taille, notamment ceux liés aux changements climatiques, à l’élévation du niveau de la mer et à l’érosion des côtes.

Un milieu dunaire exceptionnel

Les champs dunaires qui parcourent les Îles sont un environnement propice au maintien d’une faune et d’une flore uniques au Québec. Les habitats qui composent ces milieux très riches en biodiversité maintiennent des échanges constants avec la mer. Les dunes forment 30 % du territoire et s’étirent sur une longueur de 230 km. Elles fournissent un habitat essentiel à de nombreuses espèces animales et végétales et permettent à plusieurs milliers d’oiseaux migrateurs de faire halte ou de nicher aux Îles.

Ces dunes sont bien plus que de simples amoncellements de sable, elles agissent comme protectrices de la vie sur les Îles en ralentissant l’érosion des côtes et en protégeant les routes, les habitations, les milieux humides, les nappes phréatiques et les forêts contre l’ensablement. Les services ainsi obtenus sont irremplaçables. Pourtant, les Îles de la Madeleine voient leur environnement grugé par les eaux côtières année après année. Les scientifiques ont calculé que d’ici 2050, les côtes perdront 80 mètres de dunes et 37 mètres de côte rocheuse. Une situation qui inquiète les Madelinots et qui les pousse à agir pour contrer cette érosion, notamment par la stabilisation des berges et la restauration des dunes endommagées.

Le Comité Zip des Îles-de-la-Madeleine a d’ailleurs mis sur pied un projet qui permet de mettre à l’essai de nouvelles approches de protection des dunes comme l’utilisation de balles de foin, d’épis de bois, de déchets forestiers ou de vieux casiers à homards, des méthodes peu coûteuses et faciles d’implantation.

Une mobilisation citoyenne

L’archipel des Îles de la Madeleine abrite 40 espèces d’oiseaux, de plantes et d’animaux marins dont le statut est jugé précaire par le Québec et/ou le Canada, dont les emblématiques pluvier siffleur et marsouin commun. Dans les îles, les problèmes environnementaux présents sont exponentiels si on les compare à ceux vécus sur le continent. Les milieux insulaires sont plus vulnérables à la présence d’espèces exotiques envahissantes, à la surexploitation du territoire, notamment par les sablières et les carrières, à la fragmentation des habitats et à la dégradation des terres. La pollution marine et terrestre y est aussi plus apparente. Le territoire limité et les milieux étroitement reliés créent un effet boule de neige et entraînent d’autres effets dramatiques sur les écosystèmes voisins. Les îles peuvent ainsi être considérées comme des indicateurs appréciables de l’état de santé d’un territoire puisqu’on y observe plus rapidement et plus intensément ces effets que sur le continent voisin.  De plus en plus, on reconnaît l’importance des écosystèmes et de la biodiversité dans le maintien des conditions propices à la vie sur terre. Protéger les habitats dans une vision écosystémique, c’est aussi protéger les espèces fragilisées par l’humain et les innombrables services rendus par la nature. Une gestion intégrée de ces territoires apparaît donc essentielle.

Commandé et financé en bonne partie par l’agglomération des Îles-de-la-Madeleine, le nouveau plan stratégique en environnement a été réalisé entre 2010 et 2012 par l’équipe d’Attention FragÎles, en collaboration avec plus de 85 personnes et 35 organisations provenant du milieu, dont le Comité ZIP des Îles-de-la-Madeleine. Aujourd’hui mobilisés, les Madelinots souhaitent détenir plus de pouvoir local pour s’attaquer de front aux problèmes environnementaux les plus urgents. Les insulaires s’inquiètent notamment des projets d’exploration et d’exploitation du gisement Old Harry dans le golfe Saint-Laurent et de possibles impacts sur leur environnement côtier.

Agir sur les bancs d’école

Dans cette optique de prise en charge citoyenne, le programme AEC en Écogestion des risques côtiers développé sous la coordination de Lucie d’Amours au Cégep de la Gaspésie et des Îles permettra de former une expertise locale et régionale, d’attirer de nouveaux étudiants, en plus de contrer l’exode des jeunes. Dans le contexte actuel des changements climatiques, les Îles de la Madeleine sont depuis quelques années reconnues comme un laboratoire privilégié par les experts en dynamique côtière, entre autres par le consortium OURANOS et le laboratoire de dynamique côtière de l’UQAR. L’implication du milieu ne peut alors qu’être bénéfique pour le devenir des Madelinots et celui de leur environnement si exceptionnel et fragile.

Source : Humanima