Nouveaux périls pour le saumon atlantique

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Le regain de la pêche commerciale au large du Groenland et des îles de Saint-Pierre-et-Miquelon inquiète grandement la Fédération du saumon atlantique (FSA).

Une importante rencontre pour l’avenir du saumon atlantique se déroule ces jours-ci à Saint-Malo. Les pays membres de l’Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN), dont le Canada fait partie, y font le point sur l’état de la ressource et sur les mesures de gestion pour sa conservation et la restauration des stocks.

Un des principaux enjeux sur la table est l’augmentation de la pêche commerciale. Les pêcheurs du Groenland ont effet décidé l’an dernier de reprendre la récolte commerciale de saumon à la suite d’une hausse de la demande européenne pour le saumon sauvage. Selon la Fédération du saumon atlantique, les stocks pêchés sont passés de 33 tonnes en 2012 à 47 tonnes en 2013.

Au cours des dix dernières années, une entente de l’OCSAN entre le syndicat qui représente les pêcheurs commerciaux du Groenland et la Fédération pour le saumon atlantique et le Fonds pour le saumon de l’Atlantique Nord avait permis de restreindre les prises en haute mer à une pêche de subsistance. Ces mesures se sont traduites par une hausse du retour des grands géniteurs dans les rivières de la Gaspésie et de la Côte-Nord.

Des études génétiques ont en effet démontré que 33 % des prises commerciales des pêcheurs de saumon du Groenland proviennent des rivières de la Gaspésie. Quelque 10 % de ces saumons, pêchés en haute mer, viennent aussi des rivières de la Côte-Nord.

Selon Charles Cusson, directeur des programmes de la Fédération du saumon atlantique, ces données confirment la menace que fait peser la pêche commerciale sur des populations de saumons menacées. « Il y a des rivières qui ont un retour de 100 saumons, si on commence à récolter en mer ces saumons au large du Groenland, on va mettre en péril ces populations », soutient M. Cusson.

La gestionnaire de la Société de gestion de la rivière Matane (SOGERM), Mireille Gagnon, confirme les appréhensions de la FSA. Mireille Gagnon se préoccupe particulièrement de la survie des grands géniteurs qui peuvent passer deux ou trois ans en haute mer avant de revenir en rivière.

La Fédération souhaiterait que la récolte du Groenland se limite à une pêche de subsistance de 20 tonnes et demande au Groenland d’adopter les mesures en conséquence.

Saint-Pierre-et-Miquelon

De même, les prises effectuées au large des îles françaises de Saint-Pierre-et-Miquelon sont aussi un souci pour la Fédération. « Du côté de Saint-Pierre et Miquelon, relève Charles Cusson, nos données génétiques nous indiquent que 37 % des saumons récoltés viennent des rivières de la Gaspésie, 7 % de la Haute-Côte-Nord et 22 % des provinces maritimes. »

filets de pêche  Photo :  Radio-Canada

 

La France n’est pas membre de l’OCSAN ce que déplore la FSA. La Fédération demande aussi à la France de revoir cette pratique. Les pêcheurs français ont récolté 5,3 tonnes de saumons sauvages en 2013, soit 588 grands saumons et 1764 madeleinaux. Il s’agit de la plus importante récolte depuis 1970. « On aimerait bien que la France devienne signataire de OCSAN », ajoute M. Cusson.

Réglementation au Labrador

Enfin, la Fédération relève que les Premières Nations et les résidents du Labrador ont prélevé, l’an dernier, 6495 grands saumons l’an dernier, soit 37,5 tonnes de saumons adultes ce qui correspond presque au double de la limite fixée. Ce prélèvement a aussi des impacts dans les rivières de la Côte-Nord et de la Gaspésie.

La FSA note que les prises accessoires de saumon au Labrador ne sont pas limitées et que la loi devrait s’appliquer. Par ailleurs, la Fédération recommande au Labrador que la pêche soit pratiquée à l’embouchure des rivières pour éviter l’interception des saumons en provenance des autres régions de l’Atlantique.

En plus de la pêche commerciale, Mireille Gagnon de la SOGERM ajoute que les gestionnaires de rivières à saumon doivent se battre contre les effets des changements climatiques et les menaces que fait peser l’aquaculture sur le patrimoine génétique du saumon sauvage.

 

Photo :  Atlantic Salmon Federation