Franklin Delaney, un bâtisseur hors du commun

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Franklin Delaney, décédé le 1er mars dernier, a joué pendant plus de 40 ans un rôle très important mais trop peu connu dans la construction du système canadien de radiodiffusion. Que ce soit au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), à Radio-Canada, à TV5 Québec-Canada ou dans le secteur privé, il a été un ardent défenseur des besoins des citoyens en communications et de la santé financière des médias canadiens. Le Centre d’études sur les médias, dont il a été pendant près de deux décennies un membre estimé du conseil d’administration, croit essentiel aujourd’hui de rappeler ses nombreuses réalisations, que certains ont peut-être oubliées.

Jeune avocat, il a fait partie dès 1968 de l’équipe qu’avait réunie le président Pierre Juneau lors de la création du CRTC, dans la foulée de l’adoption d’une nouvelle loi sur la radiodiffusion. Il en devint ensuite le secrétaire. Ces premières années du CRTC ont été marquées par des batailles épiques et la mise en place, comme l’exigeait la loi, de règles de propriété canadienne des entreprises de radio et de télévision et de contenus majoritairement canadiens. Franklin Delaney a toujours défendu ces règles qui ont servi tout autant les créateurs que les citoyens canadiens, et il s’inquiétait récemment pour leur avenir, comme bien d’autres, dans le contexte de l’envahissement des services américains.

Indépendance du service public

En 1982, il retrouve à la Société Radio-Canada Pierre Juneau, qui en est devenu le président. Il y sera successivement conseiller du président, premier vice-président et vice-président de la télévision française. Ce sont des années difficiles pour Radio-Canada, qui voit ses ressources diminuer et son rôle contesté dans certains cercles politiques. Franklin Delaney contribue largement à la défense de l’indépendance du service public. Il sera ensuite le président-fondateur de TV5 Québec-Canada, le maillon canadien de TV5 Monde, un réseau qui favorise le rayonnement international de la langue française et de la culture francophone. Depuis l’an 2000, il était président du conseil du Fonds Québecor, qui participe au financement de la production audiovisuelle.

Franklin Delaney a été, depuis la fin des années 1990 jusqu’à octobre 2017, membre du conseil d’administration du Centre d’études sur les médias. Nos travaux ont grandement bénéficié de sa connaissance du monde des communications, de sa sagesse, de son intérêt pour la bonne gouvernance et… de sa bonne humeur. Son engagement envers le maintien d’un système canadien de médias solides fait partie, comme son travail philanthropique aux îles de la Madeleine, dont il était originaire, de son action soutenue au service de la collectivité.

Les médias et les institutions des Îles ont, lors de son décès, souligné mieux que quiconque le rôle de ce « bâtisseur hors du commun ». Nous retenons cette phrase tirée d’un hommage du Centre d’archives régional des Îles : « Pour lui, le mot impossible n’existait pas. »

Cet homme cultivé et entreprenant, mais d’une grande discrétion malgré sa remarquable carrière, a fait son chemin dans la société québécoise et canadienne en vrai gentleman. Il sera impossible de l’oublier.

28 mars 2018 / LIBRE OPINION / Paule Beaugrand-Champagne, Bernard Descôteaux et Florian Sauvageau
Membre du conseil d’administration, président du conseil et membre du conseil du Centre d’études sur les médias

LA UNE : Photo: Télé-Québec Franklin Delaney était un homme cultivé et entreprenant, mais d’une grande discrétion malgré sa remarquable carrière et il a fait son chemin dans la société en vrai gentleman, notent les auteurs.