Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent

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Par Donald Longuépée
Extrait 2 de 10


Les héroïnes et les héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent

Les plus grands paroliers et chansonniers des Îles que sont Didier à Raymond à Clovis Turbide et Georges à René à Félix Langford ainsi que le poète, dramaturge, parolier et conteur Sylvain Rivière, originaire de notre cousine Gaspésie, nous ont si bellement parlé… et encore et encore de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent… « J’ai sur mon île un quai pour ton bateau perdu en mer »; « moi qu’avais des belles îles, des buttes et des sillons »; « Îles de la Madeleine – marquises et souveraines »… Avec des mots justes, des images puissamment senties et dessinées. Leurs textes, avec beaucoup d’autres, demeureront dans les archives de notre mémoire collective, comme des pièces d’anthologie… sur notre disque dur à défragmenter au gré du clapotis, dans notre mémoire bien à nous… Leurs textes resteront à jamais les témoins de notre regard universel qui fait de nos Îles, des îles sans frontières, des îles du monde qui s’érigent en véritable trait d’union de notre humanité et de notre ouverture à l’autre.

Cette mer appelant la Liberté si bellement chantée et écrite par nos poètes et artistes contemporains et d’autres temps. Ces vagues insaisissables qui rejettent les chaînes-prison et louent celles de la compassion, de l’entraide et de la main tendue. Ces vagues imprévisibles qui vont et viennent, réapparaissant dans un détour toujours improbable, incertain et enchanteur, comme le Survenant, personnage célèbre du roman du même nom de Germaine Guèvremont. Ces déesses blanches aux longues « crignasses échevelées » qui naissent, meurent et renaissent dans la mer pour devenir MER… qui de mieux pour nous en parler que Didier à Raymond à Clovis dans La mer raconte, où la plume sensible et si belle native de Pointe-Basse nous confie que les vagues, après être venues faire l’amour à l’anse, consument l’union en devenant mer, en retournant à la mer. Vagues et mer, un seul vaisseau amiral. En parlant de cette mer, Didier à Raymond à Clovis entonne et pousse la confidence en ces mots sublimes qui m’émeuvent tant :

« Elle repart pour le large
Comme elle était venue
On dirait pour chercher
Quelqu’histoire inconnue »
Didier Turbide, La mer raconte (extrait)

Merci Didier, merci Georges, merci Sylvain. En vous disant merci, je le dis à tous les autres aussi d’avoir laissé votre parlure, vos accents, vos mots, vos rimes, votre musique, vos histoires racontées et vos bises à la fois pudiques et sans gêne aux falaises et à l’horizon enflammé, nous bercer d’île en île, de port en port avec des morceaux de nous écrits avec l’encre de mer, de sable, de brume et de vent… et orchestrés au rythme du ramage marin… tout près de l’anse… où dorment et s’agitent les frêles et résistantes embarcations de nos loups des mers…

Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, ce sont les femmes et les hommes qui les ont habitées, défrichées, essouchées, façonnées et aimées. Ce sont nos pères et nos mères d’ancêtres en ancêtres qui, dans des conditions pas faciles, ont trimé si fort en prenant la terre, la mer et leur courage à bras-le-corps pour donner la vie à de grandes familles, pour nourrir, habiller, éduquer, et aimer avec intégrité leurs enfants, leur inculquer des valeurs familiales, de bon voisinage et d’entraide, avec comme outil, une nature généreuse mais imprévisible, avec comme outils l’espoir et la fidélité en des valeurs enracinées dans ce qu’il y a de plus vrai, qui se rapprochent le plus de la VÉRITÉ, je crois. Je rends hommage à ces mères-courage et pères-courage, elles et ils sont mes premières héroïnes et mes premiers héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent. Je les aime tant ! Je les aime tant!

Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent. Ce sont aussi les Madeleiniennes et Madelinots d’adoption qui ont choisi notre coin de pays pour y faire carrière et pour y vivre. Ce sont les Auguste Lebourdais qui y firent naufrage et décidèrent d’y demeurer et d’y fonder famille. C’est notre visite, ces femmes et ces hommes qui ont communié à l’insularité madeleinienne et qui, comme un refrain, viennent et reviennent, au fil des ans, nous rencontrer, faire plus ample connaissance et vivre avec nous, le temps d’un plein d’énergie et de quiétude.

Oui, mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, ce sont avant tout mes héroïnes et mes héros bien à moi, qui m’ont tellement marqué dans mon enfance, mon adolescence et ma vie d’adulte jusqu’à aujourd’hui. Ils s’érigent en véritables phares dans ma vie. Ils me permettent d’être ce que je suis de mieux.

C’est mon nid familial que j’ai perdu trop jeune. Ce sont mon père et ma mère qui ont tellement travaillé fort pour élever et nourrir treize enfants. Nous étions pauvres financièrement mais si riches d’amour, je leur dois tout !!! Notre maison était pleine de musique, de chansons, de soirées de cartes, de danses, de rires et de taquineries. Ils m’ont appris l’intégrité, le respect, la droiture et le devoir d’être toujours une meilleure personne.

À bétôt

Donald à Donat à Clémé


1 Ce texte, avec quelques modifications, fut publié, pour la première fois, dans un ouvrage collectif, aux Éditions Création Bell’Arte, 2016, ISBN : 978-2-923033-66-2.


Donald Longuépée est né aux Îles de la Madeleine. Il a étudié en littérature à l’Université Laval et en administration à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal. Il est actuellement conseiller aux dossiers métropolitains à la direction générale de la Ville de Repentigny, et ce depuis 2006. En dehors de ses champs d’intérêt et d’expertise liés à son travail, la littérature, la spiritualité, l’histoire, la philosophie, les sciences, la psychologie et tout spécialement l’âme humaine exercent chez lui un attrait particulier.

 

Photo : Yvon Tremblay