4 avions et 8 heures d’attente avant de décoller vers les Îles

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Le 19 juillet, Air Canada Jazz a eu recours à quatre avions différents avant de procéder au décollage d’un vol reliant Montréal aux Îles-de-la-Madeleine, en raison de problèmes techniques sur les appareils. Dans le contexte de la pandémie, un passager s’inquiète de la fiabilité des avions et des conditions de promiscuité imposées aux voyageurs lors des délais d’attente.

Dimanche, le vol d’Air Canada vers les Îles devait quitter l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal à 13 h 15. C’est finalement vers 20 h 55 que les passagers ont pu s’envoler vers l’archipel madelinot.

«Une combinaison de facteurs a contribué au défi opérationnel du vol Air Canada Express 8738 dimanche,» soutient la chef de service aux communications d’Air Canada Jazz, Manon Stuart, qui confirme qu’Air Canada a dû avoir recours à quatre avions différents à l’aéroport de Montréal, dont trois à bord desquels les passagers sont montés.

Le vol AC 8738 a d’abord été retardé en raison de «l’arrivée tardive de l’avion et des membres d’équipage à Montréal,» précise Mme Stuart.

Un passager, qui préfère garder l’anonymat, explique qu’une fois l’équipage arrivé, le décollage n’a pas eu lieu comme prévu. «Nous avons attendu dans l’avion 45 minutes, à une température de 40 degrés avec le facteur humidex explique-t-il, jusqu’à ce que le pilote nous avise qu’il y avait un problème avec la porte cargo et qu’une équipe d’entretien devait venir.»

Selon le passager, 50 minutes supplémentaires se sont écoulées avant que le verdict des renforts techniques tombe : «le problème nécessitait un changement d’avion,» confirme Air Canada Jazz. Les passagers sont donc tous descendus.

Deuxième embarquement

Le passager raconte qu’un second appareil a été mis à la disposition des voyageurs 30 minutes plus tard.

«On est resté dans ce deuxième avion, sur le tarmac, entre 30 et 45 minutes, poursuit-il. Le pilote nous a avisés qu’il n’arrivait pas à redémarrer l’ordinateur de bord, malgré des contacts avec les services techniques. Il nous a dit que la longue période d’inutilisation de l’appareil liée à la COVID-19 expliquait probablement le problème avec l’ordinateur.»

Air Canada Jazz confirme que cette seconde tentative a avorté en raison d’un problème mécanique.

De nouveau, les voyageurs ont dû quitter l’appareil pour attendre le troisième avion.

Toutefois, le nouvel appareil dépêché par Air Canada avait une capacité de passagers plus limitée que les précédents. Air Canada Jazz admet qu’une vingtaine de voyageurs, sur près de 80, ont donc été contraints de quitter l’aéroport et de revenir le lendemain. Nous n’avons pas davantage de détails sur la façon dont le transporteur a procédé pour réduire le nombre de passagers. Le passager à qui nous avons parlé affirme que le processus s’est fait de façon aléatoire.

Les personnes ayant eu la chance de poursuivre leur itinéraire n’étaient toutefois pas au bout de leur peine.

Un troisième avion qui ne décolle pas

«Après une heure d’attente dans le hall de l’aérogare, explique le passager désirant garder l’anonymat, l’agent d’Air Canada nous a informés au micro que, malheureusement, le troisième avion ne démarrait tout simplement pas. Il a souligné le fait que c’était probablement en raison de la longue période de non-utilisation de l’appareil.»

«Tous les passagers ont commencé à applaudir, croyant que c’était une blague, mais non, c’était sérieux!» – Un passager du vol AC 8738

Troisième embarquement, quatrième avion

Après avoir attendu une demi-heure, les passagers sont finalement montés à bord d’un quatrième avion.

«On nous a informés, raconte le passager, que les bagagistes n’étaient pas disponibles pour déplacer les valises de l’appareil 3 à l’appareil 4, ce qui fait qu’on a dû attendre, encore une fois, 50 minutes à bord de l’avion alors qu’il faisait 40 degrés avec le facteur humidex et avec la promiscuité de gens au sein de l’appareil qui heureusement portait tous le masque.»

«De se retrouver dans un appareil de petite taille, avec une température de 40 degrés et très peu de ventilation, ça peut être inquiétant dans une période de pandémie.» – Un passager du vol AC 8738

«C’est vraiment inapproprié et irrespectueux de nous avoir fait monter à bord du quatrième appareil, ajoute le passager, en sachant que les bagagistes n’étaient pas disponibles tout de suite. Il s’agit d’une erreur grossière, non seulement en raison de la température qui sévissait, mais surtout dans un contexte de pandémie où on se doit de limiter les contextes de promiscuité, d’autant plus que ces petits appareils ne sont pas dotés de système de ventilation et de filtration aussi sophistiqués que de gros avions.»

Selon le témoignage du passager, au moins trois heures d’attente auraient eu lieu à bord des différents avions au cours de l’après-midi.

Par courriel, Air Canada Jazz confirme seulement que les passagers ont dû rester à bord «pendant que [l’] équipage essayait de résoudre le problème mécanique sur l’aire de trafic et qu’ ils sont débarqués une fois que l’avion est revenu à la porte d’embarquement

«Nous sommes sincèrement désolés pour les inconvénients causés aux passagers par cette contrainte opérationnelle,» écrit la chef de service aux communications d’Air Canada Jazz, Manon Stuart.

Le 4e appareil a finalement décollé vers 20 h 55, soit 7 heures 35 minutes après l’heure à laquelle le premier appareil devait partir vers les Iles.

Air Canada a offert un coupon de 10 $ aux passagers durant ces délais pour qu’ils puissent manger, selon le passager qui a témoigné des événements.

Des enjeux de sécurité?

Le passager qui a détaillé les événements à Radio-Canada s’inquiète de la sécurité du transport aérien, dans un contexte où l’utilisation des appareils a été réduite substantiellement depuis la mi-mars et où les transporteurs aériens ont mis à pied beaucoup d’employés.

«Clairement, de s’être retrouvé avec quatre appareils pour le vol, ça démontre qu’il y a un enjeu de sécurité au niveau de la fiabilité des appareils après de longues périodes de non-utilisation,» croit-il.

De son côté, Air Canada Jazz assure que les avions utilisés dimanche «ne sont pas restés cloués au sol au cours des derniers mois. Ces avions continuent de faire partie de notre flotte en service,» écrit Mme Stuart.

Interpellé sur la question, Transports Canada mentionne ne pas avoir été avisé d’incident qui pourrait être lié à la non-utilisation d’appareil en raison de la pandémie. Transports Canada souligne, par courriel, qu«’un exploitant aérien commercial est tenu d’entretenir ses aéronefs et de veiller à ce que l’entretien prévu soit effectué selon son programme d’entretien approuvé, quelle que soit la fréquence de vol de l’aéronef. Le ministère fédéral rappelle que l’entretien des avions est encadré par le Règlement de l’aviation canadienne et que la Direction générale de l’aviation civile de Transports Canada continue de surveiller [les] exploitants aériens commerciaux

Transports Canada précise qu’il «appartient à l’exploitant aérien de s’assurer qu’il dispose d’un personnel suffisant pour entretenir ses aéronefs.» 

LA UNE : Des passagers ont dû procéder à trois embarquements avant de pouvoir décoller vers l’archipel madelinot dimanche (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS DESCHÊNES