Hydro-Québec conserve l’option d’un parc éolien à Havre-Aubert malgré la grogne

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Depuis le début des consultations publiques sur la transition énergétique madelinienne, le scénario d’implanter un parc éolien sur l’île du Havre Aubert polarise le débat, au point où Hydro-Québec a tenu à faire une mise au point, sans toutefois retirer cette option de l’étude en cours.

Mardi matin, Hydro-Québec a publié un message sur sa plateforme servant à mener les consultations auprès des Madelinots, pour faire le point face au tollé soulevé depuis que le société d’État a dévoilé qu’un des sites étudiés pour implanter un potentiel parc éolien se trouvait dans le secteur de Bassin.

Alors que les commentaires d’opposition à ce scénario fusent par centaines sur les réseaux sociaux, la conseillère aux relations avec le milieu chez Hydro-Québec, Geneviève Cloutier, indique qu’il est encore trop tôt  pour retirer cette option des scénarios envisagés et qu’elle demeure à l’étude.


Message publié par Hydro-Québec

Vous êtes nombreux à participer à la consultation et à commenter l’option d’un parc éolien sur le site du Havre-Aubert. Lors de consultations antérieures, il avait été mentionné d’éviter les secteurs habités. Nous entendons que ce message est aujourd’hui renouvelé et nous avons bien pris note de vos points de vue. L’option de production éolienne inclut deux sites distincts, soit le Havre-Aubert et la Dune-du-Nord. Maintenant, nous vous invitons à commenter les autres options, dont l’option d’ajouter des éoliennes à Dune-du-Nord.

Source : site internet d’Hydro-Québec


Chacune des options est analysée sur différents critères. Bien entendu, il y a l’acceptabilité sociale et l’environnement, mais on regarde aussi la fiabilité et le coût de l’approvisionnement et la réduction des gaz à effet de serre, précise Mme Cloutier.

«Tous les avis qu’on a reçus nous permettent de documenter le critère de l’acceptabilité sociale pour ce site-là. Maintenant, on se doit de poursuivre pour documenter les volets techniques et économiques pour vraiment avoir le portrait global de chacune des options.» –  Geneviève Cloutier, conseillère aux relations avec le milieu chez Hydro-Québec

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Simulation visuelle d’Hydro-Québec intégrant des éoliennes au paysage de Bassin, à partir d’une photo prise au croisement de la route 199 et du chemin du Bassin. PHOTO : HYDRO-QUÉBEC

Hydro-Québec étudie également l’option d’implanter d’autres éoliennes au site de la Dune-du-Nord, un endroit protégé en raison de la présence du corème de Conrad.

Si l’option éolienne est retenue, la société d’État envisage de construire un maximum de huit éoliennes, pour une puissance de 40 mégawatts, ce qui permettrait de réduire l’utilisation de la centrale thermique d’environ 50 %.

Hydro-Québec analyse aussi la possibilité de créer un parc en mer, mais indique sur sa plateforme de consultations que « le coût de l’éolien en mer est beaucoup plus élevé que celui de l’éolien terrestre ».

Des élus vivement opposés

Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, se désole qu’Hydro-Québec ait choisi de maintenir l’option d’un éventuel parc éolien à Havre-Aubert, alors qu’il affirme avoir eu des discussions avec des dirigeants de la société d’État qui laissaient entendre qu’ils allaient le retirer.

C’est très insatisfaisant. On ne peut pas, à la fois, dire qu’on a compris le message et ne pas agir pour le modifier. J’ai beaucoup de difficultés à suivre Hydro-Québec et je crois qu’ils s’enfoncent dans une situation intenable, déplore le député.

«Un mea-culpa de la part d’Hydro-Québec serait beaucoup plus efficace. Maintenir l’option d’un parc éolien à Bassin risque de miner tout le reste du débat.» – Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine

Le 30 octobre, Joël Arseneau a transmis une lettre au directeur des réseaux autonomes d’Hydro-Québec, Richard Lagrange.

Il y explique avoir été renversé, voire extrêmement contrarié par la proposition d’Hydro-Québec d’implanter un parc éolien à proximité d’un secteur habité, alors qu’une commission d’examen tenu il y a plus de dix ans avait permis de conclure que les Madelinots ne voulaient pas d’éoliennes à proximité des zones habitées. L’exercice avait eu lieu après qu’Hydro-Québec eut tenté d’implanter un parc éolien à l’île d’Entrée en 2005.

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Le député Joël Arseneau, rappelle que la mise en place d’un parc éolien à Bassin est contraire au schéma d’aménagement et de développement des Îles-de-la-Madeleine. PHOTO : RADIO-CANADA

Le simple fait de soumettre une telle hypothèse à la consultation publique traduit de la part d’Hydro-Québec une regrettable incompréhension de la réalité sociogéographique madelinienne ou pire, un manque de considération et une insensibilité face aux enjeux insulaires, écrit M. Arseneau dans sa lettre à M. Lagrange.

De son côté, le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, a publié une vidéo sur sa page Facebook pour déplorer le fait qu’Hydro-Québec ait inclus le site de Havre-Aubert dans sa consultation publique.

Lui aussi rappelle que des consultations publiques menées en 2007 permettent déjà de conclure qu’un parc éolien situé « près des noyaux villageois » n’est pas acceptable.

«Tant et aussi longtemps que je serai maire, il n’y aura pas de parc éolien du côté de l’île du Havre Aubert, et surtout pas du côté du secteur de la montagne.» – Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine

Peu importe ce qu’Hydro-Québec peut raconter, l’autorisation finale relève de la Communauté maritime des Îles, affirme le maire.

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Le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, s’oppose à un éventuel parc éolien à Bassin. PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Des citoyens mobilisés contre le projet

Depuis le début de la consultation lancée par Hydro-Québec le 22 octobre, de nombreux Madelinots ont pris part au débat sur les réseaux sociaux.

Le résident de Havre-Aubert Jan-Nicolas Vanderveken fait partie de ceux qui ont relayé les informations publiées par Hydro-Québec au sujet du scénario d’un parc éolien à Bassin dans le but de susciter des discussions.

«C’est évident que de voir des éoliennes sur l’île du Havre Aubert, ça a choqué.» – Jan-Nicolas Vanderveken, citoyen de Havre-Aubert

Il a lui-même créé d’autres simulations visuelles, en plus de celle produite par Hydro-Québec, pour montrer à ses concitoyens comment le paysage de son île pourrait être transformé par un parc éolien.

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Jan-Nicolas Vanderveken a réalisé une simulation visuelle intégrant des éoliennes au paysage de Bassin qu’il a partagée sur les réseaux sociaux. PHOTO : JAN-NICOLAS VANDERVEKEN

Vanderveken. C’est un enjeu hyper important pour le futur des Îles et je veux que le plus de personnes possible donnent leur opinion.","text":"Je me suis dit qu’il fallait sensibiliser les gens et les amener à remplir la consultation, affirme M.Vanderveken. C’est un enjeu hyper important pour le futur des Îles et je veux que le plus de personnes possible donnent leur opinion."}}">Je me suis dit qu’il fallait sensibiliser les gens et les amener à remplir la consultation, affirme M. Vanderveken. C’est un enjeu hyper important pour le futur des Îles et je veux que le plus de personnes possible donnent leur opinion.

M. Vanderveken s’est lui-même positionné en faveur de l’option du câble sous-marin, le scénario qui demeure privilégié par Hydro-Québec, malgré son pas de recul.

Ça va assurer la sécurité énergétique des Îles. Ça va surtout nous permettre de réduire notre empreinte carbone à près de zéro, ce que l’éolien ne permet pas, avance-t-il.

Il s’inquiète toutefois que certains de ses concitoyens n’ayant pas d’accès à Internet, ou ne maîtrisant tout simplement pas la technologie, ne soient pas en mesure de donner leur avis dans le cadre des consultations publiques virtuelles.

En ce sens, Jan-Nicolas Vanderveken salue l’initiative de la conseillère de l’île du Havre Aubert, Suzie Leblanc, appuyée par un comité de citoyens.

Ensemble, ils invitent les citoyens du secteur à se déplacer en personne les 7 et 8 novembre au centre multifonctionnel afin que tous soient en mesure de donner leur avis de façon plus accessible  dans le cadre des consultations publiques. La formule exacte qui sera utilisée sur place reste à déterminer, mais Suzie Leblanc précise que l’exercice sera fait en collaboration avec Hydro-Québec.

Hydro-Québec rappelle que les Madelinots peuvent également faire valoir leur avis par téléphone.

LA UNE : Le scénario d’une production d’énergie éolienne fait partie des six options envisagées par Hydro-Québec pour assurer la transition énergétique des Îles-de-la-Madeleine (archives). PHOTO : JULIEN LECACHEUR