Faut-il devancer la pêche au homard aux Îles-de-la-Madeleine?

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Des données scientifiques préliminaires tendent à démontrer qu’il pourrait être pertinent, d’un point de vue économique et biologique, de devancer la saison de pêche au homard aux Îles-de-la-Madeleine.

Depuis 2017, le Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles (RPPCÎ) collecte des données et travaille avec Merinov pour développer un outil d’aide qui permettrait de fixer la date d’ouverture de la pêche en fonction de paramètres scientifiques.

C’est une problématique qu’on a aux Îles, quand la saison de homard commence, les pêcheurs du secteur nord aiment mieux commencer plus tard et ceux du sud plus tôt, explique le président du RPPCÎ (Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles), Charles Poirier. Supposément que l’eau est un petit peu froide dans une partie du nord et que le homard s’activerait plus tôt du côté sud.

Le RPPCÎ, qui représente 182 des 325 homardiers madelinots, a donc décidé d’investir dans la recherche pour documenter scientifiquement la situation, dans un contexte de changement climatique.

«Il faut mettre nos neuf semaines de pêche à la bonne place pour que ce soit adéquat pour chaque pêcheur.» – Charles Poirier, président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles

Ainsi, depuis 2018, deux bouées mesurent la température de l’eau en temps réel à l’aide de sondes, à la surface et au fond de l’eau, dans le secteur nord et sud de l’archipel. Dès l’an prochain, le nombre de bouées passera à cinq pour mieux documenter tout le pourtour de l’archipel.

Parallèlement, une pêche scientifique est menée avant le début de la saison de la pêche commerciale pour document le degré de capture du crustacé.

degré Celsius, on avait près de quatre homards dans les cages, alors qu’en dessous de 1,5degré on était autour de deux","text":"Pour les années 2018 et 2019, on voit qu’à des températures supérieures à 1,5degré Celsius, on avait près de quatre homards dans les cages, alors qu’en dessous de 1,5degré on était autour de deux"}}">Pour les années 2018 et 2019, on voit qu’à des températures supérieures à 1,5 degré Celsius, on avait près de quatre homards dans les cages, alors qu’en dessous de 1,5 degré on était autour de deux, indique le professeur et chercheur de Merinov Nicolas Toupoint. Cela vient confirmer l’idée qu’il y avait une valeur seuil où le homard devient plus facile à capturer.

Les données de 2020 font toutefois état d’une augmentation marquée des prises au moment où la température de l’eau était déjà supérieure à 1,5 degré Celcius. La COVID-19 a cependant réduit la fréquence des observations au cours du printemps, certaines sorties en mer ayant dû être annulées.

La recherche scientifique a également démontré que le taux de protéine qui se trouve dans le sang du homard dans les semaines précédant la pêche commerciale était conforme à ce qui est recherché par les industriels.

Ce genre de données là qu’on va chercher en présaison représente un fort intérêt pour le secteur de la transformation et de la valorisation des produits marins parce qu’un haut taux de protéine du homard leur donne accès à de meilleurs prix, indique le chercheur Nicolas Toupoint.

Les données de recherche démontrent également que la pêche effectuée en juillet tend à être moins rentable et plus à risque pour la préservation de la ressource.

e et 9e semaine de pêche, on a des œufs qui sont prêts à éclore","text":"Ce qu’on remarque, en 2018 et 2019, c’est qu’à partir de la 8e et 9e semaine de pêche, on a des œufs qui sont prêts à éclore"}}">Ce qu’on remarque, en 2018 et 2019, c’est qu’à partir de la 8e et 9e semaine de pêche, on a des œufs qui sont prêts à éclore, explique Nicolas Toupoint. Ça veut dire que les femelles qui sont capturées dans ces semaines-là ont déjà libéré les larves, donc elles peuvent être capturées. Ça a un effet potentiel d’impact sur le stock de génitrices.

Poirier. Le homard est de moindre de qualité, il est moins rentable parce qu’il commence à avoir une carapace molle pour se préparer pour sa mutation.","text":"En début juillet, le homard change de métabolisme, ajoute M.Poirier. Le homard est de moindre de qualité, il est moins rentable parce qu’il commence à avoir une carapace molle pour se préparer pour sa mutation."}}">En début juillet, le homard change de métabolisme, ajoute M. Poirier. Le homard est de moindre de qualité, il est moins rentable parce qu’il commence à avoir une carapace molle pour se préparer pour sa mutation.

Devancer la saison de pêche

Les quatre ans de prise de données laissent croire au président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles que l’ouverture de la pêche gagnerait à être devancée.

«Les données nous disent qu’on pourrait commencer à pêcher un petit peu plut tôt et qu’il ne faut pas pêcher trop en juillet.» – Charles Poirier

Pour l’instant, Pêches et Océans Canada n’a pas pris en compte les données issues de la recherche menée par le RPPCΠet Merinov pour fixer la date du début de la pêche.

En début de recherche, on n’avait pas assez de données, indique Charles Poirier. Là, on est rendu à quatre ans de données enregistrées. On pense que c’est le temps de commencer à se servir de ça pour fixer la date, chaque année, selon des données scientifiques.

Depuis quelques années, l’ouverture de la pêche au homard a lieu le samedi le plus près du 10 mai. Un comité consultatif formé de représentants de pêcheurs et de l’industrie de la transformation émet des recommandations, mais c’est Ottawa qui a le dernier mot.

Charles Poirier espère que Pêches et Océans Canada va considérer les données de l’étude pour fixer la date du début de la pêche dès la prochaine saison.

RPPCÎ. On veut que ce soit les données scientifiques qui nous disent de mettre les cages à l’eau, à quelques jours d’avis. L’enjeu c’est de savoir si Pêches et Océans Canada veut embarquer dans la game.","text":"On ne voudrait pas avoir de date fixe, explique le président du RPPCÎ. On veut que ce soit les données scientifiques qui nous disent de mettre les cages à l’eau, à quelques jours d’avis. L’enjeu c’est de savoir si Pêches et Océans Canada veut embarquer dans la game."}}">On ne voudrait pas avoir de date fixe, explique le président du RPPCÎ. On veut que ce soit les données scientifiques qui nous disent de mettre les cages à l’eau, à quelques jours d’avis. L’enjeu c’est de savoir si Pêches et Océans Canada veut embarquer dans la game.

Interpellé sur le sujet, le ministère n’avait pas donné suite aux questions soumises par Radio-Canada au moment de publier ces lignes.

LA UNE : Règle générale, les pêcheurs madelinots amorcent leur saison de pêche au homard en mai (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / PHILIPPE GRENIER