Trente ans après la pire tragédie maritime des Îles-de-la-Madeleine, le naufrage du Nadine continue de bouleverser des vies. Anick Miousse, devenue orpheline à la suite du naufrage, témoigne.
Le matin du 17 décembre 1990, Anick Miousse, 6 ans, attendait le retour de son père parti pêcher en mer. Jacquelin Miousse, une des huit victimes du naufrage du Nadine, n’est jamais rentré à la maison. Bouleversée par le drame, la mère d’Anick s’est enlevé la vie trois mois plus tard.
On y pense toujours, je ne suis pas la seule qui s’est levée ce matin et qui a pensé à ça
, lance Anick Miousse, 30 ans jour pour jour après le naufrage du chalutier Nadine qui a sombré à 10 milles au large de Grande-Entrée, aux Îles-de-la-Madeleine, le 16 décembre 1990.
La Madelinienne d’origine, aujourd’hui âgée de 36 ans et résidente de Rivière-du-Loup, raconte avec un sourire dans la voix que c’était toujours la fête lorsque son père Jacquelin rentrait à la maison après des sorties de pêche de plusieurs jours en mer.
Quand il revenait, c’était le party. On allait au dépanneur, on achetait des bonbons et des chips. On se promenait en auto avec lui
, se remémore Anick Miousse.
Le 17 décembre 1990, Anick Miousse s’attendait à ce que son père soit de retour au bercail, après une expédition de pêche au sébaste au large de Terre-Neuve. Le réveil fut brutal.
Je me souviens que c’est mon oncle qui est venu à la maison pour annoncer la nouvelle à ma mère
, se rappelle-t-elle. On dormait encore. Je me suis réveillée, je pensais que c’était mon père qui revenait de la pêche, mais j’étais surprise de voir que c’était mon oncle qui était là. Il m’a demandé de retourner me coucher et j’ai vu ma mère qui pleurait. Je savais qu’il s’était passé quelque chose, mais je ne savais pas quoi.
Anick et sa sœur sont informées un peu plus tard que leur père est mort dans le naufrage du Nadine, événement considéré comme la pire tragédie maritime des Îles-de-la-Madeleine.
En mars 1991, trois mois après le naufrage, la mère d’Anick se suicide.
«On s’est retrouvées sans père ni mère. On a perdu nos deux parents pas mal en même temps.» – Anick Miousse
C’est l’oncle qui avait annoncé la nouvelle à ma mère qui nous a élevées avec sa femme
, précise Anick Miousse. rough, ça touchait beaucoup de familles aux Îles.","text":"Au début, c’était rough, ça touchait beaucoup de familles aux Îles."}}">Au début, c’était rough, ça touchait beaucoup de familles aux Îles.
La vie continue, ça fait quand même 30 ans. On n’oublie pas, mais les cicatrices se referment
, mentionne-t-elle.
Elle ajoute tout de même avoir vécu un deuxième deuil à 23 ans, au moment de sa première grossesse.
Ce qui m’a le plus bouleversée, c’est quand je suis tombée enceinte de mon garçon. J’ai réalisé que mes parents n’étaient plus là
, affirme Anick Miousse.
Autre coup dur, son 36e anniversaire.
Mes parents avaient le même âge que j’ai actuellement
, explique-t-elle. though parce que j’ai des enfants moi-même. Ils trouveraient sûrement ça difficile s'ils me perdaient.","text":"Cette année, je trouve ça un peu plus though parce que j’ai des enfants moi-même. Ils trouveraient sûrement ça difficile s'ils me perdaient."}}">Cette année, je trouve ça un peu plus though parce que j’ai des enfants moi-même. Ils trouveraient sûrement ça difficile s’ils me perdaient.
«Chaque étape de la vie amène quelque chose, on se dit toujours que ça serait l’fun que nos parents soient là. Ça nous manque.» – Anick Miousse
La mère de famille se désole que ses propres enfants n’ont jamais eu la chance de connaître leurs grands-parents.
Ma fille me pose souvent des questions sur ses grands-parents, relate Mme Miousse. Certaines fois, il arrive des événements où je me dis « mon Dieu, j’aimerais ça qu’ils soient là ».
LA UNE : Le chalutier Nadine a été renfloué après avoir coulé au large de Grande-Entrée et causé la mort de huit personnes (archives). PHOTO : ICI RADIO-CANADA