Les sciences de la mer malmenées par le coronavirus

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Cette année, les missions scientifiques prévues sur le fleuve et le golfe du Saint-Laurent ont été perturbées par les mesures de prévention contre la COVID-19. Certaines ont été annulées. D’autres, reportées. Pour la communauté scientifique, des données de premier plan ont été perdues.

Chaque année depuis 1999, au printemps et à l’automne, une équipe de scientifiques de Pêches et Océans Canada part en mer pour prélever des échantillons d’eau à des profondeurs diverses, et ce, à sept endroits bien ciblés de l’estuaire et du golfe.

La mission ratisse large : de l’estuaire, près de Rimouski, jusqu’au détroit de Belle-L’Isle, entre Terre-Neuve et le Labrador.

Le programme de monitorage de la zone atlantique (PMZA), pour lequel la cueillette de données s’étend sur deux à trois semaines, peut s’apparenter à un bilan de santé annuel du fleuve.

Ces données sont ensuite utilisées par d’innombrables scientifiques. La force d’un monitorage, ce sont les années, fait valoir Sonia Michaud, biologiste à Pêches et Océans Canada.

Cette précieuse banque d’informations alimente, entre autres, les modèles de prévisions océanographiques sur divers aspects de l’évolution des eaux du fleuve comme la température, la salinité, les arrivées d’eau douce, l’oxygène et le pH.

Toutes ces mesures contribuent à des recherches en cours et influent sur des recherches à venir. Ce sont des données qui sont toujours vivantes, souligne Sonia Michaud. De connaître l’état de la salinité, de la température, de l’oxygène, ça peut expliquer pourquoi on voit plus certaines espèces de poissons ou d’invertébrés. Tu peux faire des corrélations.

Lors de cette mission, les scientifiques en profitent aussi pour recueillir ou installer des stations immergées, installées souvent pour plusieurs mois, voire un an, et qui hébergent d’autres types de matériel de captation. Cela leur permet, notamment, d’enregistrer des données sur les populations de baleines.

Toutefois, la pandémie est venue bousculer cette machine bien rodée. Sonia Michaud, qui y participe depuis 2009, devait devenir chef de mission en juin 2020. Le départ a été annulé fin mai.

Ainsi, pas de mission, pas de données.

«On vient de faire un beau trou dans notre futur set de données. Quand on va arriver pour faire la moyenne des dix dernières années, le printemps 2020, on ne pourra pas compter dessus.» – Sonia Michaud, biologiste à Pêches et Océans Canada et chef de la mission du programme de monitorage de la zone atlantique

Celles du printemps ont une valeur importante pour le suivi biologique du Saint-Laurent. Quand on annule une mission, elle ne peut pas être reprise. Les événements biologiques qui se passent à ce moment-là, ils se passent là, au printemps, c’est le pic de floraison de phytoplanctons. C’est là que ça démarre et qu’on récolte une foule de données liées à ça.

LA UNE : Le navire de la Garde côtière à Gaspé (archives). PHOTO : PÊCHES ET OCÉANS CANADA