Une autre page de l’histoire maritime se tourne aux Îles-de-la-Madeleine : le Madeleine, qui fait la liaison entre l’archipel et Souris à l’Île-du-Prince-Édouard, a fait son dernier aller-retour samedi.
Pour son dernier voyage, sur une quarantaine de membres d’équipage, pas moins de 10 personnes étaient aussi du premier voyage en 1997.
C’était une traversée bien spéciale pour son capitaine, Valmont Arsenault.
«C’est notre chez soi et avoir été tant d’années à bord, c’est vraiment spécial», a-t-il confié.
«Ça fait dur de penser que c’est fini et qu’on l’abandonne.» – Valmont Arsenault, capitaine du Madeleine
Valmont Arsenault qualifie le Madeleine de Cadillac. «Il est très stable en cas de mauvais temps. Les gens disaient toujours : « Mon Dieu, ça brasse pas! » Des trois navires de la CTMA, ç’a été le meilleur pour ça. Il a toujours ses moteurs d’origine.»
Le capitaine garde de précieux souvenirs de toutes ces années, dont les trois mariages qu’il a célébrés à bord du navire.
6000 voyages
En 1997, Valmont Arsenault était premier officier lorsqu’il est allé chercher le navire en Europe. Le bateau, qui a 40 ans, avait alors déjà navigué 17 ans.
Par la suite, il a conduit Madelinots et touristes à bon port pendant 21 ans, effectuant environ 6000 voyages.
Le Madeleine est la propriété du gouvernement fédéral, mais c’est la Coopérative de transport maritime et aérien (CTMA), qui s’occupe des opérations.
C’est un autre traversier de la CTMA qui assurera la relève, le temps que le nouveau navire arrive au Québec.
Construit en 2018, ce bateau se trouve actuellement en Europe. Le Villa de Terror, qui bat actuellement pavillon à Chypre, sera rebaptisé le Madeleine II.
Malgré son nom quelque peu inquiétant, le bateau semble avoir séduit son futur capitaine. Il est 60 pieds plus long et 10 pieds plus large que le Madeleine, précise-t-il.
«Quand je suis allé le voir, après deux jours, je serais revenu aux Îles tout de suite avec! Je voyais le capitaine le manœuvrer et je rêvais d’être à sa place!» – Valmont Arsenault
Il ajoute qu’il reste certaines adaptations à faire au point de vue de la manœuvrabilité du navire. «On se sent bien à l’aise de faire l’expérience et de l’adapter,» dit-il.
Selon la CTMA, le Madeleine avait une capacité de 190 voitures et de 770 passagers alors que le Madeleine II pourrait transporter jusqu’à 300 voitures et 1500 passagers.
Le Madeleine II doit servir cinq ans, jusqu’à la mise en service d’un navire construit au chantier maritime Davie.
Le capitaine Arsenault, qui lui fera traverser l’Atlantique jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine, compte encore naviguer un an sur ce nouveau navire avant de prendre sa retraite.
Le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, salue la décision d’Ottawa d’offrir enfin un navire neuf pour assurer la desserte, mais il demande d’être consulté lorsque viendra le temps d’élaborer les plans.
«Il y a l’Association touristique aussi qui est impliquée dans le développement des Îles, il y a la chambre de commerce avec l’ensemble des commerçants […], » énumère-t-il. «Donc c’est important que l’avis des Madelinots, des besoins des Madelinots soient entendus.»
Quant au Madeleine, il restera au quai de Cap-aux-Meules, le temps qu’il soit affrété pour sa dernière destination.
LA UNE : Le Madeleine arrive en fin de vie utile (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / PHILIPPE GRENIER
D’après le reportage de Jean-François Deschênes
