Une information «juste, honnête, avec le plus de points de vue possible»

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La Voix acadienne sengage dans la lutte contre les fausses nouvelles. Un site internet à été mis en ligne, contenant des ressources pour vous aider à y voir plus clair, et un jeu sérieux pour vous apprendre à démasquer les fausses nouvelles. 

Le troisième article fait le tour des questions que jeunes et moins jeunes se posent souvent sur le métier de journaliste.


Qui décide des sujets ? Est-ce que les journalistes donnent leur avis ? Est-ce qu’ils écrivent ce qu’ils veulent ? Autant de questions que les gens se posent souvent sur le métier de journaliste. Voici quelques réponses pour démystifier le travail des médias.

Comment les journalistes trouvent leurs sujets?

Cela dépend. Parfois, il y a des sujets impossible à prévoir quand une catastrophe naturelle ou un accident se produit. D’autres sujets sont plus attendus. Par exemple, le vote d’une loi à l’Assemblée législative ou une manifestation. «Nos sujets viennent de la communauté, des préoccupations exprimées. On essaie d’offrir un survol de l’actualité acadienne de Tignish à Souris», explique Jacinthe Laforest. La journaliste à La Voix acadienne évoque également ce qui se dit sur les médias sociaux. «Ça peut être intéressant mais il faut vérifier que l’information n’ait pas été dénaturée», dit-elle.

Il y a aussi ce qu’on appelle l’investigation. Ce sont des informations qui ne sont pas connues du public et que les journalistes cherchent à révéler. Le travail du journaliste est de raconter, d’expliquer, de décortiquer tous ces événements.

Qui décide des sujets?

Un journaliste ne décide pas tout seul de ses sujets. Il fait partie d’une rédaction qui a une ligne éditoriale. Autrement dit, des règles collectives qui définissent les sujets que le média va traiter ou non, et la manière dont il va le faire. Le nombre d’informations qui circulent est tellement important que les journalistes ne peuvent être au courant et parler de tout. D’où la nécessité de faire des choix. Un journaliste propose son sujet et ses chefs vont valider ou non sa proposition. Ou à l’inverse, ses chefs peuvent lui demander de traiter un sujet précis.

Quand l’article est écrit, il y a une relecture. Plusieurs personnes vérifient que l’article donne la parole aux personnes mises en cause (s’il y en a), que les sources sont mentionnées, que l’article est suffisamment compréhensible, intéressant et ne comporte pas de fautes de français.

D’où viennent les informations?

Les journalistes cherchent des informations en étant sur place lors des événements. Ils recueillent aussi des informations auprès de témoins ou d’intermédiaires. «Idéalement, il faut confirmer ce qu’on a vu en parlant à quelqu’un qui connaît le sujet. Et avoir deux sources c’est toujours mieux», souligne Marc Poirier, journaliste pour l’agence de presse canadienne FrancoPresse et le journal Acadie Nouvelle au Nouveau-Brunswick. «On reçoit parfois des communiqués de presse avec des informations pré-mâchées, ajoute Jacinthe Laforest. Ça peut nous mettre la puce à l’oreille mais on doit aller au-delà en cherchant d’autres points de vue.»

Les deux journalistes son unanimes, la COVID-19 a compliqué leur travail. «On est plus dépendant que jamais des sources officielles car c’est plus difficile d’aller sur le terrain, d’avoir accès aux gens», regrette Jacinthe Laforest. «Dans une crise tellement forte, le rôle du journaliste est entre autres de répéter l’information à la population. Mais ça n’enlève pas notre devoir de questionner les décisions qui sont prises», complète Marc Poirier.

Est-ce que les journalistes cachent des infos?

Les médias suscitent souvent des fantasmes. Mais ils ne cachent pas volontairement des informations. La base de leur travail est de porter des informations à la connaissance du public. Il peut arriver que les journalistes disposent d’informations partielles, et qu’ils choisissent d’attendre pour être certains de leur pertinence. «On trouve parfois une information intéressante mais on n’est pas capable de la vérifier au moment où on la reçoit, détaille Jacinthe Laforest. On la retient jusqu’à ce qu’on soit sûr de ce qu’elle veut dire, il vaut mieux ne pas propager quelque chose qui n’apportera rien dans la vie des gens.»

Dans certains cas, les journalistes ne publient pas une information vérifiée car ils ne la jugent pas intéressante. Par exemple, la rumeur sur la vie privée d’une personnalité. Cette évaluation de ce qui est intéressant ou pas est parfois difficile, mais c’est le cœur du métier de journaliste. «On essaie de s’en tenir à ce qu’on considère être le plus essentiel pour les gens en tenant compte du fait qu’on est un hebdomadaire et que beaucoup d’informations qu’ils auront dans le journal seront déjà connues», partage Jacinthe Laforest.

Est-ce que les journalistes donnent leur avis?

Les journalistes publient des articles qui s’appuient sur des faits. Ils s’efforcent de les rapporter sans prendre parti, en mettant de côté leurs opinions. «On essaie d’être le plus honnête avec l’information dont on dispose, témoigne Jacinthe Laforest. On ne se laisse pas diriger par quelqu’un qui a une nouvelle à donner, on donne des points de vue équilibrés.»

Mais il est impossible d’être totalement neutre, chacun ayant sa propre sensibilité. C’est pour ça qu’une même histoire peut donner lieu à des articles complètement différents, où l’on n’insiste pas sur les mêmes choses. «L’objectivité absolue n’existe pas, ce qu’il faut pour avoir un reportage crédible, c’est que l’information soit juste, honnête avec le plus de points de vue possibles», réagit Marc Poirier. Dans le fond, ce n’est pas l’opinion du journaliste qui est intéressante, mais les différents arguments qu’il identifie pour aider le lecteur à se faire une idée par lui-même.

Il existe cependant un petit nombre de journalistes dont le métier consiste au contraire à donner son avis. On les appelle les éditorialistes, qui doivent en principe être clairement identifiés dans les journaux.

 

PAR Marine Ernoult

LA UNE : Marc Poirier, journaliste pigiste pour Francopresse, chroniqueur pour l’Acadie Nouvelle (Rachelle Richard-Léger, courtoisie) et Jacinthe Laforest, journaliste à La Voix acadienne (Laurent Rigaux)