La Mi-Carême pourra-t-elle un jour faire un retour?

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Le programme des Rendez-vous de la Francophonie laissait présager une semaine très chargée en activités traditionnelles reliées à la sortie du bois de la Mi-Carême. Malheureusement, pour des raisons non étrangères à la COVID, plusieurs activités ont été carrément annulées, reportées ou modifiées. Pour une créature qui est déjà sur la liste des espèces menacées à l’Île, c’est un coup dur.

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Les Mi-Carêmes étaient Agnelle Anama, Célia Legros, Harlee Grenier et Vincent Anama.

Très tôt dans la semaine, les francophones de l’âge d’or ont annoncé que leur activité du samedi 13 mars au Village musical acadien a été annulée, à cause des restrictions imposées à partir de la fin du mois de février.

C’est aussi dans cette optique que le Village musical acadien a décidé de reporter au vendredi 19 mars sa soirée de musique traditionnelle de la Mi-Carême, alors qu’elle était prévue pour le vendredi 12 mars, en espérant que les restrictions «Coupe-circuit» prendraient fin comme prévu le dimanche 14 mars à 8 heures du matin.

La seule activité de Mi-Carême qui a été maintenue a été celle du Comité acadien et francophone de l’Est, le mardi 9 mars. L’activité a été diffusée en direct sur Facebook avec quelques personnes en présentiel, surtout des Mi-Carêmes.

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Les musiciens étaient Darla Chaisson au piano et son père Ken Chaisson au violon.

Il s’agissait de personnes déguisées en Mi-Carême, car malheureusement, ces créatures qui avaient coutume de sortir du bois à cette période de l’année sont de moins en moins nombreuses. Comme d’autres créatures forestières, les Mi-Carêmes souffrent d’une perte de leur habitat et les changements climatiques ont déboussolé leurs instincts. Chacune de leurs apparitions est fortement documentée. On prend des photos, on décrit leur habillement. On tente de percer leurs secrets.

D’ailleurs, l’historien Georges Arsenault, spécialiste des mœurs de la Mi-Carême, qui a d’ailleurs écrit un livre à son sujet, a présenté sur un écran quelques clichés de Mi-Carêmes à l’époque de l’année où elles sont les plus vulnérables, lorsque leur instinct les pousse à sortir du bois.

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Céline Larade avec Georges Arsenault.

Il reste encore des troupeaux de Mi-Carêmes aux Îles-de-la-Madeleine et à Chéticamp, sur l’île du Cap Breton. Céline Larade qui enseigne à l’École La-Belle-Cloche à Rollo Bay est native du Cap Breton et elle affirme avoir vu quelques véritables Mi-Carêmes lors d’événements conçus spécialement pour les attirer. La Mi-Carême aime la musique, les douceurs et elle aime aussi l’alcool. Attirée par ces appâts, elle peut facilement se faire prendre au piège. La plupart réussissent à s’échapper et c’est ainsi que le troupeau survit. On sait encore très peu de choses sur le mode de reproduction des Mi-Carêmes, qui n’a jamais été documenté.

Georges Arsenault confirme qu’à l’Île-du-Prince-Édouard, il serait possible de réimplanter la Mi-Carême, en créant une ou deux réserves où leur habitat serait protégé et où on les accueillerait à bras ouverts à leurs sorties occasionnelles des bois où elles habitent. C’est une autre raison pour laquelle il faut lutter pour limiter l’impact des changements climatiques, qui ont eu un effet désastreux sur la population de Mi-Carêmes à l’Île.

Les fausses Mi-Carêmes embauchées par le Comité acadien et francophones de l’Est ont fait de leur mieux pour animer la soirée, en attendant qu’on réussisse à implanter un véritable troupeau de ces créatures, ce qui serait une grande victoire pour la communauté.

L’autre danger qui menace la Mi-Carême est évidemment la pandémie. Les autorités sanitaires risquent d’avoir du mal à les localiser pour leur administrer le vaccin.

PAR Jacinthe Laforest
LA UNE : Harlee Grenier et Céline Larade ont fait quelques pas de gigue, déguisées en Mi-Carêmes. (Photos : Captures d’écran de la diffusion LIVE sur Facebook)