Sans salaire à cause du délestage

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Une Madelinienne traitée pour un cancer du sein est en difficultés financières en raison des reports de traitements. Dolorès Cyr, résidente de Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine, se trouve en difficultés financières après que ses traitements pour son cancer du sein ont été repoussés en raison du délestage dans les hôpitaux.

Ayant reçu le diagnostic d’un cancer du sein en décembre, Dolorès Cyr est doublement victime du délestage de soins dans les hôpitaux en raison de la COVID-19. Puisque ses traitements de radiothérapie ont été reportés, la Madelinienne se trouve sans salaire depuis plusieurs semaines.

« Je n’ai plus de salaire, je n’ai plus rien. Je suis obligée d’aller piger dans mes économies personnelles », confie la femme de 55 ans.

Mme Cyr est tombée dans une faille du système. Son médecin l’a mise en arrêt de travail à la fin décembre en prévision d’une mastectomie partielle, après avoir découvert qu’elle souffrait d’un cancer du sein grade 1 stade 1 lors d’une mammographie de routine.

La technicienne en rénovation résidentielle a alors commencé à recevoir ses prestations de maladie de l’assurance-emploi du fédéral. Seul hic, cette aide financière offerte aux citoyens qui sont dans l’impossibilité de travailler pour des raisons médicales est limitée à 15 semaines.

Le report d’une opération ou de traitements en raison du délestage dans les hôpitaux dû à la pandémie n’y change rien.

La maladie de Dolorès Cyr est arrivée au mauvais moment, alors que le Québec était frappé de plein fouet par les deuxième et troisième vagues de l’épidémie.

Son opération prévue à Québec à la mi-janvier a été repoussée d’une semaine. Mais le pire était à venir. Ses séances de radiothérapie, qui auraient dû débuter à la fin février, ont été reportées en avril.

« Ça me stresse »

Devoir attendre pour recevoir des traitements visant à éradiquer un cancer est déjà angoissant, mais couplé avec l’anxiété financière, c’est très difficile, insiste-t-elle. « Ça me stresse d’être huit semaines sans revenu. […] J’ai été obligée d’aller voir mon médecin et il m’a prescrit des antidépresseurs », admet, émue, la résidente de Havre-aux-Maisons.

Et lorsqu’on vient d’une région éloignée comme les Îles-de-la-Madeleine, des frais supplémentaires sont à prévoir pour se faire soigner. On lui a payé le billet d’avion jusqu’à Québec, mais les allocations pour le logement et les repas sont insuffisantes, dit-elle. Dolorès Cyr a dû débourser plusieurs centaines de dollars de sa poche.

Elle s’estime néanmoins « chanceuse », car elle peut tout de même compter sur une « demi-pension » de son conjoint décédé. « Je suis obligée d’aller piger dans ce revenu-là pour subvenir à mes besoins », souligne celle qui a toujours sa plus jeune aux études à Chicoutimi à sa charge.

Au cabinet de la ministre fédérale de l’Emploi, Carla Qualtrough, on reconnaît que « trop de prestataires épuisent leurs prestations d’assurance-emploi avant de pouvoir retourner au travail. C’est pourquoi nous nous sommes engagés à prolonger jusqu’à 26 semaines la période de versement des prestations », signale-t-on. Mais cette disposition n’a pas encore été adoptée.

Le système l’a laissée tomber

Le député du coin, le péquiste Joël Arseneau, est troublé. « On a déployé des aides financières pour un peu tout le monde, la PCU et compagnie, et le cas de Mme Cyr démontre qu’il y a une faille, déplore-t-il. Elle était disponible pour les traitements, c’est le système qui l’a laissé tomber. »

L’élu estime que le gouvernement du Québec doit aussi se saisir de la situation, qui est une conséquence directe de sa décision de délester des soins aux patients.


Québécois en attente d’une chirurgie : 146 760
Patients en attente d’une chirurgie depuis plus d’un an : 17 615
Niveau d’activité en chirurgie pour l’ensemble du Québec du 2 au 8 mai 2021 : 85 %
Données provenant du ministère de la Santé et des Services sociaux en date du 18 mai 2021


 

 

PAR GENEVIÈVE LAJOIE
PHOTO AGENCE QMI, NIGEL QUINN