Au gré des marées : La pêche au crabe

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Partir en haute mer représente pour moi tout un défi. Avant même de penser aux photos que je veux prendre, je dois me préserver du froid et me prémunir contre le mal de mer. Je visualise tous les aspects de cette aventure afin d’être mentalement aussi prête que possible. Je m’imagine tanguant sur le pont, les deux mains sur mon appareil photo et l’œil rivé au viseur. Vais-je pouvoir me tenir debout?

Pour la première fois cette année, la pêche au crabe a débuté au début avril, presqu’un mois plus tôt qu’habituellement. La température était favorable à cette décision qui vise surtout à éviter la fermeture des zones de pêche en raison des baleines noires. Cette ouverture hâtive répond à la volonté de l’industrie mais pour moi, elle signifie une difficulté supplémentaire. En début de printemps, le vent et le froid sont souvent de la partie. Je vérifie la météo plusieurs fois par jour et je constate qu’une fenêtre de trois jours de beau temps ne se présente pas souvent. Heureusement, le capitaine Joël Gionet, qui a accepté de me prendre à bord, est à l’affût du meilleur moment pour m’embarquer. On se parle régulièrement. Je ne veux surtout pas que la saison de pêche se termine sans avoir pu y aller! Cette attente me fait toutefois réaliser à quel point les travailleurs de la mer sont courageux. Le printemps est rigoureux, froid, pluvieux, parfois neigeux et surtout, venteux. Je regarde la baie de Caraquet s’agiter juste devant chez moi et je me dis qu’en haute mer, ce doit être tout autre chose.

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En attente d’une fenêtre météo favorable

C’est donc le 9 mai que je suis finalement partie, aussi prête que je pouvais l’être mais tout à fait consciente de mes limites. Le jour du départ, ça brassait pas mal mais le vent devait graduellement diminuer durant la nuit. Ayant quitté le quai de Caraquet à 13h, la levée des casiers a débuté vers 4h le lendemain matin, à 120 milles nautiques de notre point de départ, entre les Îles-de-la-Madeleine et l’Île-du-Prince-Édouard. Le calme était revenu et le soleil s’est levé comme un roi sur son royaume aquatique. La journée s’annonce des plus belles!

J’enfile donc mon kit de pêche : bottes de caoutchouc, salopette imperméable, veste flottante et encombrante mais rassurante, gants chauffants, tuque et foulard. Qui a dit que l’habit ne fait pas le moine? J’attrape mon appareil photo et je me retrouve sur le pont, pas très solide sur mes jambes, pour prendre mes premières photos de cette fascinante pêche au crabe.

Les quatre membres d’équipage, Carlo, André, Denis et Réjean, pêchent ensemble depuis plus de vingt ans sur le Carlo G. Certains depuis plus longtemps encore. Le rituel est bien assimilé, tout se déroule rondement. Les casiers sont tirés à bord avec un treuil qui les place au-dessus d’une table amovible. Elle se soulève pour la répartition des crabes, ceux de bonne dimension sont envoyés dans la cale et les petits sont rejetés à la mer. Les crabes femelles étant trop petits, seuls les crabes mâles sont commercialisés ce qui aide à préserver la ressource.

Connaissez-vous le crabe des neiges ?

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Selon « Le guide des Espèces » :
Le crabe des neiges fait penser à une grosse araignée. Sa carapace est d’un brun orangé sur le dos, le ventre est crème. En plus de sa paire de fortes pinces, il possède quatre paires de longues pattes de section ovale. Des trois espèces de crabe des neiges pêchées dans le monde, l’opilio est la plus importante. Ses pêcheries s’étalent de la mer de Bering au golfe d’Alaska et sur toute la côte Pacifique nord. On le trouve également en Atlantique nord, du Maine à l’estuaire du Saint Laurent et jusqu’à l’ouest du Groenland.


Julie d’Amour-Léger, auteure de cet article, n’est pas une inconnue pour les lecteurs de l’Heure de l’Est. Il y a quelques mois, Françoise vous la présentait dans son article « Le regard émerveillé de la photographe Julie d’Amour-Léger» . Elle nous revient en tant que contributrice suite à un saisissant voyage sur un bateau de pêche au départ de Caraquet, NB.

Toutes les photos qui illustrent cet article sont également le fruit de son travail.