Le Fonds des pêches du Québec tarde à prendre son envol

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Le peu d’argent investi jusqu’à maintenant, comme dans le cas du refus de financer le parc d’hivernage de bateaux de Grande-Rivière avec ce programme, suscite des questionnements sur la concordance du programme avec les besoins de l’industrie québécoise des pêches.

 

Depuis son lancement en avril 2019, le Fonds des pêches du Québec a financé 47 des 90 projets déposés, dont une vingtaine en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent.

En mai dernier, le fonds avait versé près de 7 millions de dollars sur les 42,8 millions qui doivent servir à soutenir l’industrie des pêches d’ici la fin mars 2024. De ce montant 2,8 millions ont été versés à des entreprises des Îles-de-la-Madeleine.

Il reste donc moins de trois ans pour écouler plus de 80 % des fonds disponibles.

Des gens de l’industrie et le ministre des Pêcheries du Québec, André Lamontagne, s’attendaient à des investissements plus importants. C’est en deçà de ce qu’on avait prévu et on veut vraiment s’assurer que cet argent soit utilisé au bénéfice des régions côtières, relève le ministre Lamontagne.

La pandémie a ralenti la gestion du programme, indique Pêches et Océans Canada.

Néanmoins, le ministre Lamontagne estime qu’au moins 17 millions de dollars auraient dû être investis.

Consultation sur les besoins

La ministre du Revenu et députée de la Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, assure que le Fonds, qui a été précédé d’une vaste consultation, répond aux besoins de l’industrie.

Pour le président de l’Association des crabiers gaspésiens, Daniel Desbois, c’est le cas, mais l’argent doit être obtenu. Il souligne que les crabiers ont deux ans de retard sur leurs homologues de l’Atlantique pour ce qui est du remplacement des engins de pêche afin de prévenir l’empêtrement de mammifères marins.

Le programme, très attendu par l’industrie québécoise des pêches, est d’ailleurs une réponse à un programme similaire, le Fonds des pêches de l’Atlantique, lancé deux ans plus tôt dans les Maritimes.

Le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr, qui aurait bien aimé que le fonds finance son parc d’hivernage de bateaux, estime que le Québec n’a peut-être pas aussi bien écouté les besoins qu’il ne le laisse entendre.

M. Cyr note entre autres que le programme québécois est quasi semblable à celui de l’Atlantique. Je pense que le critère innovation qui a été mis dedans, c’est un critère qui n’est pas adapté à l’industrie des pêches de la Gaspésie, juge le maire.

Innovation

C’est le mot-clé du programme, observe Claudio Bernatchez, de l’Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie. La majorité des projets que l’association a présentés a été acceptée. Le fonds s’avère très utile, note le directeur de l’association.

Mais à Newport comme à Rivière-au-Renard, des projets de réaménagement de parcs d’hivernages de bateaux et de remplacement des bers cavaliers sont toujours sur la planche à dessin.

L’aspect innovation demande donc à être débattu, selon M. Bernatchez, puisque c’est la modernisation de la flotte de la Gaspésie qui pourrait être en jeu. Si la modernisation de notre flotte est tributaire d’un espace qui est trop restreint pour le faire, on ne travaillera pas dans le sens de prendre les meilleures décisions possibles, souligne Claudio Bernatchez.

Des pêcheurs, poursuit-il, n’iront pas s’équiper de bateaux plus imposants s’il n’y a pas d’espace d’entreposage adéquat en Gaspésie. Est-ce qu’on innove en se dotant d’une infrastructure qui répond aux exigences modernes? D’après moi, oui, sinon, on empêche le développement des pêches.

La part de la Gaspésie

Beaucoup de l’argent du fonds devrait revenir à la Gaspésie où se concentre 75 % de l’industrie des pêches du Québec, croit Gino Cyr.

Une des craintes du maire de Grande-Rivière, c’est que l’argent ne soit pas entièrement utilisé, malgré les besoins de l’industrie. Selon lui, le financement des parcs d’hivernage n’hypothéquerait pas le fonds compte tenu du peu d’argent qui a été investi jusqu’à maintenant. De dire qu’on ne peut pas trop élargir parce qu’on a peur de manquer d’argent. De la façon dont c’est géré présentement, c’est sûr et certain qu’il va y avoir de l’argent périmé. 

Le ministre Lamontagne essaie de convaincre son homologue fédérale, Bernadette Jordan, d’avoir une vision plus large de ce qu’est l’innovation, car il n’y a pas que le projet de Grande-Rivière qui se qualifie difficilement aux critères pour obtenir de l’aide du fonds.

André Lamontagne fait état, dans une lettre adressée ce printemps à Mme Jordan, de projets axés sur des problématiques comme la protection de l’environnement, la réduction de la consommation d’énergie, l’installation de viviers ou la sécurité, qui se heurtent aux critères du programme.

Des rencontres ont eu lieu et le ministre constate une plus grande ouverture aux ajustements, notamment dans l’interprétation administrative de l’innovation. Trois projets qui avaient été préalablement refusés viennent d’être acceptés, indique le ministre, qui souligne l’excellente collaboration de sa vis-à-vis fédérale.

Quant au parc d’hivernage de Grande-Rivière, le ministre promet de revenir à la charge. Malgré une lettre de refus qualifiée d’administrative, le Fonds des pêches demeure, pour Québec, le véhicule de financement privilégié.