Pêcheur en matinée, PDG en après-midi

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Le Madelinot Christian Vigneau a considérablement agrandi sa barque en achetant Poissons frais des Îles. Six jours sur sept sur l’eau. Le réveille-matin sonne dès 2 h 30. Christian Vigneau n’a jamais eu peur de se mouiller pour réussir en affaires. Il vient d’ailleurs de réaliser une importante prise en achetant la compagnie des Îles-de-la-Madeleine Poissons frais des Îles.

Christian Vigneau, c’est un pêcheur dans l’âme et un homme d’affaires des Îles-de-la-Madeleine. Il détient depuis 2007 l’entreprise ostréicole La Moule du Large. Il possède aussi quatre bateaux, une poissonnerie et une épicerie.

« Je me lève vers 2 h 30-3 h. On revient au quai vers 11 h 30 ou midi. Je vais prendre une douche et je vais finir ma journée au bureau », raconte-t-il.

Ces dernières semaines, c’est la pêche au homard qui le force à sortir de son lit très tôt le matin. Cette routine devrait durer jusqu’au 10 juillet, soit la fin de la saison de pêche pour ce crustacé dans ce secteur.

Christian Vigneau baigne dans le monde de la pêche depuis qu’il a 14 ans. Et à cette époque, « ce n’était pas de la petite pêche au bout du quai » qu’il pratiquait déjà, rigole-t-il. « C’était de la pêche avec les gros messieurs. Il fallait que je prenne ma place », se remémore l’homme de 45 ans.

C’est d’ailleurs sur l’eau qu’il a développé sa passion. Il a même arrêté l’école durant un certain temps pour s’y concentrer à temps plein.

« La pêche se faisait le printemps et l’automne. Je suis allé finir mon secondaire pendant les hivers », avance Christian Vigneau. Durant cinq ans, il a pêché sur des navires hauturiers. « Nous étions sur l’eau 9 à 10 jours. Vous avez déjà vu l’émission Péril en haute mer ? Cela a déjà été ma vie », poursuit celui qui a aussi suivi une formation à Rivière-du-Loup pour devenir boucher.

« Je m’ennuyais à en pleurer. Les gens de là-bas me disaient “va sur le bout du quai, tu vas entrevoir la mer”. Ce n’était pas la mer, on voit la terre de l’autre côté ! » tranche-t-il. Il a travaillé dans ce domaine pendant seulement « quelques mois ».

Aujourd’hui, Christian Vigneau, qui a suivi des cours au cégep en gestion et administration, est à la tête d’une compagnie d’une centaine de travailleurs.

Une grosse bouchée

En avril 2021, il a mis le grappin sur l’entreprise locale Poissons frais des Îles comptant une trentaine de salariés saisonniers. Il s’agit d’une usine de transformation du homard et de poissons située dans le secteur de Bassin aux Îles-de-la-Madeleine. Elle dessert une quarantaine de pêcheurs.

L’ancien propriétaire va demeurer dans l’organisation durant une année afin d’assurer la transition. Cette transaction, dont le montant n’est pas dévoilé, a été appuyée par Desjardins Capital, Financement agricole Canada et le Centre Desjardins Entreprises–Gaspésie et Îles-de-la-Madeleine.

Selon Christian Vigneau, l’ancien propriétaire, Hélier Vigneau, tenait à ce que l’entreprise demeure entre les mains d’un Madelinot afin de protéger le fleuron local.

« Il avait reçu des offres de l’extérieur, mais c’était important pour lui d’avoir une personne locale. […] Plusieurs pêcheurs m’ont aussi dit que c’était très important que ce soit une personne des Îles qui prenne la relève », confie celui qui fait partie de la Garde côtière auxiliaire canadienne.

« Cette transaction me permet maintenant d’avoir un certain contrôle sur la production, la transformation et la commercialisation », ajoute-t-il.

Développement

Le nouveau capitaine de l’entreprise, qui possède également une flotte de camions de transport, vise à faire passer la capacité du vivier à homards de 200 000 à un million de livres de homards à « court terme ». Il prévoit déjà injecter 2,5 millions $ afin de bonifier les installations.

M.Vigneau souhaite aussi continuer de prendre les homards qui ne sont pas parfaits, notamment avec une pince en moins. Une décision qu’il perçoit comme « une question de respect pour la ressource ».

En 2020, Poissons frais des Îles a livré 1,95 million de livres de homards à ses clients du Québec, des Maritimes et de la Nouvelle-Angleterre.

L’homme d’affaires affirme que la saison 2021 s’annonce également « très bien » alors que le homard se vend à des « prix records » sur les quais.

PAR :JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON
LA UNE : PHOTO COURTOISIE, CHRISTIAN VIGNEAU