Une valeur record pour les débarquements de homard en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine

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À peu près tout le monde sait que le prix du homard a atteint un seuil historique en 2021 en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. Il restait à savoir si les quantités capturées par les 150 homardiers de la péninsule et leurs 325 collègues de l’archipel s’élèveraient à un volume permettant de fracasser les records de revenus. Ce fut le cas, et nettement.

En Gaspésie, les captures ont atteint un sommet absolu de 3798 tonnes métriques en 2021, comparativement à 2927 tonnes en 2020, et 3011 tonnes en 2019, l’année du précédent record. Il y a donc eu une augmentation de 26,2 % entre les sommets de 2019 et de 2021.

Comme le prix moyen pendant les 10 semaines de la saison 2021 s’est établi à 8,35 $ la livre en Gaspésie, selon des données encore préliminaires fournies par le ministère fédéral des Pêches et des Océans, les revenus totaux ont bondi pour atteindre près de 70 millions $, précisément 69 883 192 $. Le précédent record, établi en 2019, était de 44,8 millions (M) $.

En 2020, une saison perturbée par l’incertitude découlant de la pandémie, les revenus globaux des homardiers de la péninsule avaient atteint 33,2 M $ en 2020, en grande partie à cause d’un prix moyen ayant chuté à 5,15 $ la livre. Il avait atteint 6,78 $ en 2019, très près du record.

Les revenus de 2021 constituent donc une augmentation de 56 % comparativement à ceux de 2019.

Aux Îles-de-la-Madeleine, la hausse des prix a été aussi spectaculaire, puisque le prix moyen pondéré s’est établi à 8,53 $ la livre,

comparativement à 5,04 $ en 2020. Même si les homardiers madelinots ont capturé 5 410 tonnes métriques de crustacés, moins que les 6 097 tonnes de 2020, les revenus globaux associés à cette capture ont atteint un peu plus de 100,5 M $, un sommet, selon des données venant de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche, publiées dans le journal Pêche Impact.

Le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, O’Neil Cloutier, rappelle que le secteur du homard dans la péninsule a fait des pas de géants au cours de la dernière décennie. Il souligne qu’au tournant des années 2010, une année moyenne en Gaspésie était caractérisée par 1000 tonnes de prises et environ 10 M $ de revenus. C’est presque quatre fois moins de captures que maintenant, et sept fois moins de revenus.

« En Gaspésie, on s’approche des Îles-de-la-Madeleine en matière d’impact économique du homard! Je blague un peu, mais nos données sont en croissance. Avant, nos prises représentaient 25 % du volume pêché aux Îles, puis ça a augmenté à 35 %. C’est plus que ça maintenant (autour de 50 à 60%). Ce sont des années folles. Nous venons de vivre une année très emballante pour les captures et pour le prix. Jamais, on ne se serait douté que les prix et les quantités allaient atteindre des seuils pareils », affirme M. Cloutier.

« On avait eu des indices qu’il n’y avait pas beaucoup de homard en inventaire sur les marchés (avant la saison). On a fini la saison à 10,75 $ la livre comme prix. Du côté nord de la péninsule, où les pêcheurs peuvent commencer plus tard, ils ont reçu plus de 11 $ en juillet. La moyenne de prix (de 8,35 $ selon Pêches et Océans Canada) devrait probablement monter un peu, quand la compilation finale sera faite », ajoute O’Neil Cloutier, lui-même un homardier.

La façon de mettre le homard en marché s’est modifiée au Canada et ailleurs en Amérique du Nord, notamment depuis le début de la pandémie.

Ces changements rendent le homard accessible dans un nombre supérieur de points de vente.

« On nous a dit qu’avant, le homard vendu aux États-Unis sur le marché de gros n’était pas distribué dans les chaînes d’alimentation, comme le crabe. Ils (les grossistes) ont changé cette pratique. Une livre de chair de homard valait 45 $ cette année. Si on vend une portion de 150 grammes, le consommateur verra un produit abordable. Il peut se faire un sandwich avec une petite portion », explique M. Cloutier.

Le homard, traditionnellement acheté dans les poissonneries ou consommé dans les restaurants, s’est donc frayé un nouveau chemin pour se rendre dans les foyers. « Bien du monde, aux prises avec les restrictions de déplacement et les fermetures de restaurants, en ont acheté pour l’apporter à la maison », remarque-t-il.

« Une autre raison favorisant des prix avantageux, ce sont les programmes d’aide de COVID, qui ont tellement été généreux. Il y a beaucoup d’argent en circulation. Est-ce que ça va se répéter en 2022? Il pourrait y avoir encore un fort prix en début de saison », croit O’Neil Cloutier.

Quand les données de prises et de revenus de la Côte-Nord et de l’île d’Anticosti, seront intégrées à celles de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, il ne serait pas surprenant que le total québécois de la valeur du homard débarqué en 2021 dépasse les 200 M $. Il est déjà rendu à 170 M $. Les données du homard sur la Côte-Nord et à Anticosti sont significativement plus modestes, mais elles sont aussi en hausse depuis quelques années.

Il y a moins de 10 ans, une bonne année pour toutes les pêches québécoises, toutes espèces confondues, se caractérisait par une valeur au débarquement de 200 M $.

Les conditions plus propices à la prolifération du crustacé, notamment par le biais d’une meilleure protection des géniteurs, un effort de pêche moins intense découlant de rachats de permis et d’une diminution du nombre de casiers en mer, et des ensemencements soutenus ont notamment contribué aux résultats obtenus depuis quelques années.

PAR GILLES GAGNÉ – Collaboration spéciale

LA UNE : La pêche du homard s’est distinguée par l’abondance des prises dès le premier jour de débarquement, le 25 avril, comme à Saint-Godefroi (photo). Cette abondance s’est maintenue jusqu’au début de juillet, pendant que les prix étaient élevés. – Collaboration spéciale Gilles Gagné