Î.-P.-É. : La «verrue» de la pomme de terre fait à nouveau les manchettes

Publicité

Articles similaires

Le CISSS des Îles n’abandonne pas son projet de logements

Le Centre intégré de santé et de services sociaux...

L’ancien porte-parole de la SQ Claude Doiron subira un procès

L’enquête préliminaire de l’ancien porte-parole de la Sûreté du...

Pêche à l’appât du maquereau : « On est oubliés », disent les pélagiques

Après l’annonce par Pêches et Océans Canada de la réouverture...

Les 35 ans d’Attention FragÎles

L'organisme Attention FragÎles, désormais reconnu comme conseil régional de...

Détectée à l’Île-du-Prince-Édouard pour la toute première fois en 2000, alors qu’elle est présente dans le monde depuis plus d’un siècle, la gale verruqueuse de la pomme de terre est réapparue dans deux exploitations agricoles plus tôt cet automne. Cela a entraîné une série de décisions dénoncées par le secteur de la pomme de terre à l’Île et les dirigeants politiques.

Capture d’écran, le 2021-12-01 à 20.42.56Le 22 novembre, la ministre fédérale de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie- Claude Bibeau, a annoncé la fermeture des exportations vers les États-Unis de pommes de terre fraîches de l’Île-du- Prince-Édouard.

Quelques heures plus tard, dans un point de presse tenu à Charlottetown, le Premier ministre de l’Île-du-Prince- Édouard, Dennis King, n’a pas caché sa colère, sa frustration et son incompréhension de la décision du fédéral.

«Depuis l’an 2000, nous avons développé, avec l’ACIA et le gouvernement fédéral, un plan de gestion très stricte pour éviter la propagation du champignon qui cause la gale verruqueuse. Ce plan fonctionne. La preuve, c’est que les foyers d’infection ont été découverts. Avec sa décision de fermer les frontières, le fédéral, renie son propre travail et sa propre expertise et signale aux États-Unis qu’ils ont raison de ne pas vouloir de nos pommes de terre», accuse le premier ministre King.

La décision du fédéral est d’autant plus incompréhensible selon lui, que les deux champs visés étaient parmi les 33 parcelles sous surveillance depuis l’an 2000. Les pommes de terre issues de ces terrains sont transformées ici même à l’Île, et ne sont pas destinées à l’exportation, ni au pays ni ailleurs.

La science cède à la politique

La ministre Bibeau assure avoir pleine confiance dans les mesures en place. «Nous nous appuyons sur la science, qui nous dit que l’intention des États-Unis de suspendre le commerce des pommes de terre fraîches de l’Î.-P.-É. va au-delà de ce qui est nécessaire pour atténuer le risque. Cependant, afin de reprendre le commerce le plus rapidement possible et empêcher l’imposition de mesures plus dommageables à long terme, nous devons répondre aux préoccupations des États-Unis. Par conséquent, à compter du 21 novembre 2021, l’ACIA a temporairement suspendu l’exportation vers les États-Unis des pommes de terre fraîches de l’Î.-P.-É. Nous ne prenons pas cette mesure à la légère», a déclaré la ministre Bibeau.

Le chef de l’Opposition officielle à Charlottetown, Peter Bevan Baker, a lui aussi dénoncé cette «décision poli-tique de l’aveu même de la ministre fédérale». «Je me range du côté du premier ministre et de l’industrie pour demander que cette décision mal avisée soit annulée», a déclaré le chef du Parti vert.

De l’aide immédiate

Le gouvernement provincial a annoncé que les producteurs agricoles ne seraient pas abandonnés. Un fonds de 10 millions de dollars a été rendu presque immédiatement disponible pour aider les plus touchés. Également, le premier ministre n’a pas écarté la possibilité d’obtenir un dédommagement du gouvernement fédéral, pour l’arrêt des exportations, le gaspillage de nourriture, ainsi que pour le dommage causé à l’excellente réputation de l’Île-du-Prince- Édouard comme producteur de pommes de terre.

Capture d’écran, le 2021-12-01 à 20.27.40
La ministre Marie-Claude Bibeau a rencontré les députés de l’Île-du-Prince-Édouard la semaine dernière. On reconnaît Sean Casey (Charlottetown), Lawrence MacAulay (Cardigan), Heath MacDonald (Malpeque) et Robert Morrissey (Egmont). (Photo : Bureau de la ministre Bibeau)

Le directeur général du bureau de mise en marché de la pomme de terre, Greg Donald, a déploré la perte du marché de 120 millions de dollars annuellement que représentent les ÉU, sur des exportations valant au bas mot 1,3 milliard de dollars, partout dans le monde. Il renchérit: «Depuis la découverte de la gale verruqueuse en 2000, il n’y a pas eu un seul cas de dans aucun des marchés où nous exportons qui soit attribuable à nos produits. Notre plan de gestion fonctionne».

Une année record pour l’Île

Capture d’écran, le 2021-12-01 à 20.42.06La météo est souvent capricieuse. Les fermiers en savent quelque chose. Cependant, alors que des sécheresses, des inondations, des incendies et autres désastres ont limité la quantité et la qualité des récoltes ailleurs au Canada et aux États-Unis, les récoltes de pommes de terre ont été très bonnes dans la province rouge.

«Cette année en particulier, alors que les récoltes ont été mauvaises ailleurs, que les gens font face aux hausses croissantes des prix des aliments, les gens ont besoin de nos produits. La quantité de pommes de terres que nous ex- portons aux ÉU sert à nourrir 9 millions de personnes», a ajouté Greg Donald, abasourdi par la situation.

Le 24 novembre, le premier ministre Dennis King est revenu à la charge: «Bien qu’on ait de la difficulté à accepter la décision, nous nous concentrons sur les efforts pour trouver des solutions», a dit le Premier ministre.

Le directeur général du Potato Board a quant à lui évoqué la possibilité que la destruction de millions de livres de pommes de terre devienne nécessaire.

La gale verruqueuse doit son nom aux «verrues» qui poussent sur les patates atteintes, les rendant très peu attrayantes. Cependant, l’infection ne présente absolument aucun danger pour la santé humaine.

PAR JACINTHE LAFOREST

LA UNE : Au Canada et dans de nombreux autres pays, la gale verruqueuse de la pomme de terre est un organisme de quarantaine. L’ACIA (Agence canadienne d’inspection des aliments) est donc tenue de mettre en place des mesures de contrôle qui réduisent les risques de propagation de la gale verruqueuse de la pomme de terre à la fois à l’échelle nationale et internationale. (Photo : Agence canadienne d’inspection des aliments)