Un « sang-froid exceptionnel » lors de l’accident mortel du Madeleine II

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Trois semaines après l’accident qui a coûté la vie à l’officier Jean-Nicolas Poirier, le directeur de la Coopérative de transport maritime et aérien (CTMA) brise finalement le silence et salue la résilience de son équipage.

En entrevue, Emmanuel Aucoin qualifie l’accident mortel survenu le 9 janvier lors de l’accostage du traversier Madeleine II d’une grande tempête qui n’est pas finie.

Dans les heures qui ont suivi l’événement, on était ébranlés, déstabilisés, affirme M. Aucoin. C’était difficile de comprendre comment cela a pu se passer dans une opération de routine, dans un avant-midi de beau temps. On perdait un collègue, un ami pour plusieurs, Jean-Nicolas, un jeune père de famille, avec une carrière prometteuse.

Le directeur de la Coopérative de transport maritime et aérien souligne avoir été très impressionné par le travail des membres de son équipage dans les minutes qui ont suivi le drame, malgré le choc.

Le bateau a dû s’accoster temporairement sur un quai, rapidement, parce qu’une bitte d’amarrage était cassée, pour qu’on puisse faire les premiers soins, raconte Emmanuel Aucoin. Après ça, il a fallu replacer le bateau à sa rampe pour débarquer les passagers à bord, ça a pris plus d’une heure. Le défi était énorme.

« Durant tout ce temps, l’équipage devait garder un sang-froid exceptionnel pour réussir à faire ces manœuvres-là avec un collègue effondré. » — Une citation de  Emmanuel Aucoin, directeur de la CTMA

«Ce qui m’impressionne le plus, c’est leur résilience, leur capacité à faire face à l’urgence et rapidement de reprendre la mer», poursuit M. Aucoin. «Le mardi 11 janvier, l’équipage a repris le voyage normal, les employés ont une force de caractère, une résilience assez grande. C’est ce que je retiens. C’est rassurant de voir comment ils ont réagi.»

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S’occuper de notre monde 

Questionné sur les raisons qui expliquent que la Coopérative de transport maritime et aérien ait mis une vingtaine de jour avant de s’adresser aux médias, le directeur de la coopérative explique que toutes les énergies ont été mises à reconstituer le fil des événements ainsi qu’à soutenir les employés.

On avait besoin de comprendre ce qui s’était passé, de connaître les faits et de prendre le temps d’accompagner nos équipes, soutient M. Aucoin.

« Il a fallu prendre le temps de s’occuper de notre monde. » — Une citation de  Emmanuel Aucoin, directeur de la CTMA

La CTMA précise que l’équipe psychosociale du Centre intégré de santé et de services sociaux des Îles s’est rapidement rendue à bord du Madeleine II à la suite de l’accident, dans le but d’offrir un soutien à l’équipage.

Cette équipe a aussi pris contact avec la famille de l’officier décédé. M. Aucoin précise aussi avoir contacté les proches endeuillés à plusieurs reprises .

De plus, la Coopérative de transport maritime et aérien a mis en place une ligne téléphonique disponible à toute heure du jour, sept jours sur sept, pour les employés. Chaque personne va évoluer à sa façon là-dedans, il y en a des gens qui vont avoir des réactions plus tardives, chacun vit à sa façon le choc, mentionne M. Aucoin.

La direction de la coopérative précise également avoir tenu plusieurs rencontres avec son personnel depuis les événements.

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La CTMA mène sa propre enquête

En plus des quatre autres organisations qui tentent de faire la lumière sur les événements, la Coopérative de transport maritime et aérien mène parallèlement sa propre enquête.

C’est obligatoire selon la loi et aussi parce nous avons notre propre système de gestion de la sécurité en continu qu’on doit mettre à jour lorsqu’il y a des événements afin de les documenter et les analyser, explique Emmanuel Aucoin. Notre but premier est de s’assurer que ça ne se reproduise plus.

La CTMA précise aussi collaborer avec pleinement à toutes les enquêtes en cours.

On souhaite savoir exactement ce qui s’est passé, mentionne Emmanuel Aucoin. La chance qu’on a, si je prends l’exemple du Bureau de la sécurité des transports, ce sont des gens qui ont des ressources, qui ont des experts, des laboratoires, des informations que nous on n’a pas, donc ils vont pouvoir mieux expliquer l’incidence de chacun des facteurs qui ont provoqué l’accident.

« C’est rassurant comme employeur, mais aussi comme citoyen, de savoir qu’une instance indépendante va nous aider à faire l’enquête. » — Une citation de  Emmanuel Aucoin, directeur de la CTMA

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La Coopérative de transport maritime et aérien indique aussi avoir revu son protocole d’amarrage, étant donné qu’une borne d’amarrage a cédé lors des événements du 9 janvier.

On a adopté un autre patron d’amarrage, c’était normal qu’on le fasse, explique Emmanuel Aucoin. Dans ce contexte-là, on en a profité pour s’assurer que tout le monde était familiarisé avec les protocoles d’amarrage. Ça a rassuré tout le monde.

M. Aucoin précise qu’Ottawa n’a toujours pas fourni un échéancier clair concernant la date de fin des travaux visant à adapter la rampe d’embarquement des voitures sur le quai du traversier.

Depuis son arrivée dans l’archipel en mars 2021, le Madeleine II s’amarre près du terminal de croisières, à l’endroit où est habituellement accosté le Vacancier, dans l’attente de la fin du chantier.

PAR Isabelle Larose

LA UNE : La CTMA n’avait pas encore commenté publiquement les événements, préférant se consacrer à soutenir les personnes endeuillées et à faire la lumière sur l’accident mortel (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE