Billets d’avion à 500 $ : des transporteurs inondés d’appels et plongés dans l’incertitude

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« Depuis mardi, les lignes téléphoniques ne dérougissent pas! », s’exclame le vice-président de Pascan Aviation, Yani Gagnon. L’annonce de billets d’avion à 500 $ par le gouvernement Legault a déclenché un tsunami de questions auxquelles les transporteurs aériens ne sont pas en mesure de répondre.

Combien de billets à 500 $ un citoyen peut-il se procurer durant une année? Comment doit-il procéder pour obtenir ce tarif préférentiel? Peut-il annuler un billet qu’il a déjà payé au plein prix pour en racheter un autre à 500 $ plus tard?

Ce sont là autant de questions en suspens depuis le dévoilement par le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, d’un programme qui offrira à compter du 1er juin des billets d’avion à 500 $ pour voyager à l’intérieur de la province.

Oui, il y a beaucoup d’appels, constate lui aussi le directeur des finances chez Air Creebec, Sylvain Dicaire. C’est surtout des appels pour essayer de s’informer à qui ça va s’appliquer.

Et ça, ce n’est pas encore clair. En conférence de presse, le ministre Bonnardel a annoncé que non seulement les Québécois, mais également les touristes étrangers pourront se procurer des billets à 500 $.

L’information a fait bondir les transporteurs aériens. Au départ [dans les discussions avec le ministère], c’était les Québécois uniquement, s’étonne M. Dicaire.

« Ce n’était pas prévu […]. On a appris ça en conférence de presse. » — Une citation de  Yani Gagnon, vice-président de Pascan Aviation

Capture d’écran, le 2022-04-25 à 08.28.09

Tout le monde sauf les Canadiens?

Au lendemain de son annonce, le ministre Bonnardel a lancé une autre information surprenante durant une entrevue radio accordée avec Paul Arcand : contrairement aux touristes étrangers, les Canadiens hors Québec ne pourront pas obtenir de billets à 500 $.

Il se pourrait que des Canadiens décident de prendre des billets régionaux. Eux vont nécessairement payer plus cher le billet parce que ce ne sont pas des Québécois en bonne et due forme, a dit M. Bonnardel.

Radio-Canada a tenté d’obtenir des clarifications auprès de son attachée de presse, qui nous a dirigés vers le service des communications du ministère des Transports du Québec (MTQ).

Le ministère des Transports du Québec n’a cependant pas été en mesure de répondre à nos demandes de précisions. Ces questions seront répondues [sic] prochainement lorsque les modalités spécifiques du programme seront adoptées et rendues publiques, nous a-t-on répondu par courriel.

Or, le temps presse, selon le directeur des finances d’Air Creebec. Sylvain Dicaire rappelle que le programme entrera en vigueur dans six semaines précisément.

« Il ne reste pas beaucoup de temps. Le ministère a quand même du pain sur la planche pour mettre ça en place d’ici le 1er juin. » — Une citation de  Sylvain Dicaire, directeur des finances chez Air Creebec

Capture d’écran, le 2022-04-25 à 08.28.22

Les transporteurs aériens doivent toujours s’entendre avec le ministère des Transports du Québec sur la différence de prix que le gouvernement couvrira pour chaque liaison. Ils devront aussi adapter leurs systèmes informatiques pour y inclure cette nouvelle $","text":"base tarifaire à 500$"}}">base tarifaire à 500 $, ajoute M. Dicaire.

Qui s’assurera du respect des critères?

Autre facteur d’incertitude : personne ne sait encore à qui reviendra la responsabilité de faire respecter les critères du programme, par exemple le nombre maximal de billets à 500 $ dont pourra bénéficier une même personne au cours d’une année.

Le contrôle, est-ce qu’il va être sur notre côté? se demande M. Dicaire. Si c’est à nous de le faire, comment ça va être fait?

Son collègue de Pascan Aviation, Yani Gagnon, est plus ferme : c’est le ministère des Transports du Québec qui devra s’occuper de cet aspect. Les transporteurs aériens n’auront ni le temps ni les moyens de s’assurer qu’un client n’enfreigne pas les règles du programme.

« On ne pourra pas jouer à la police. » — Une citation de  Yani Gagnon, vice-président de Pascan Aviation

M. Gagnon soutient néanmoins que les billets à 500 $ sont un pas dans la bonne direction. Il déplore cependant qu’il s’agisse d’une solution à court terme et doute qu’elle suffise à faire augmenter la demande pour du transport aérien régional.

10'' ou ''fois20''","text":"On se croise les doigts pour que les volumes augmentent de manière significative [...]. Il ne faut pas faire ''fois trois'' ou ''fois quatre''. Il faut faire ''fois10'' ou ''fois20''"}}">On se croise les doigts pour que les volumes augmentent de manière significative […]. Il ne faut pas faire  »fois trois » ou  »fois quatre ». Il faut faire  »fois 10 » ou  »fois 20 », illustre-t-il.

Miser sur le développement régional

Le directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile, Mehran Ebrahimi, est plus tranché. Le gouvernement fait fausse route, croit-il, en optant pour un programme sur cinq ans seulement.

« C’est une mauvaise solution dans la mesure où on sera toujours dépendants des gouvernements qui arrivent, qui changent des programmes, des budgets, qui sont alloués ou pas. » — Une citation de  Mehran Ebrahimi, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile

Capture d’écran, le 2022-04-25 à 08.28.37

Le transport aérien régional, selon lui, devrait être conçu non pas comme une finalité par le gouvernement mais plutôt comme un moyen de contribuer au développement des régions.

M. Ebrahimi croit que le Québec devrait injecter davantage de fonds dans l’industrie touristique des régions. Il suggère aussi que les aéroports devraient être des zones de développement industriel.

De cette manière-là, on va créer une espèce de dynamisme économique autour des aéroports. Quand vous faites ça, les gens qui sont dans ces zones industrielles doivent venir dans les villes centres, illustre M. Ebrahimi.

Les gens qui sont dans les villes centres doivent faire affaire avec ces entreprises-là. Ils vont voyager vers ces entreprises-là, donc vous venez de créer un dynamisme pérenne qui permet à la région de se développer, ajoute-t-il.

En même temps, comme il va y avoir de la demande, les compagnies aériennes seront intéressées à établir des liaisons, résume M. Ebrahmi.

LA UNE : L’annonce du ministre François Bonnardel a pris de court les transporteurs aériens sur plusieurs aspects. PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-LUC BLANCHET
PAR Alexandre Duval