Les grandes traversées: épopée des Îles-de-la-Madeleine à l’Abitibi

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Journaliste et auteure de la saga historique Le destin d’Aurélie Lafrenière, Stéphanie Martin s’est inspirée de faits réels pour écrire son nouveau roman, Les grandes traversées. Avec émotion, elle entraîne cette fois ses lecteurs dans une grande épopée entre les Îles-de-la-Madeleine et l’Abitibi, où des pêcheurs madelinots participent à la colonisation au début des années 1940. Un déplacement crève-cœur, difficile, bouleversant pour les familles, transposé dans la vie de trois amis qui font preuve de loyauté les uns envers les autres, contre vents et marées.

Aux Îles-de-la-Madeleine, Delphine, François et Cyril sont liés les uns aux autres par une grande amitié, depuis leur enfance. En 1941, la Seconde Guerre mondiale fait rage et malgré la distance, les Madelinots ressentent les effets du conflit qui changera à jamais le destin des « vieux pays ».

Aux Îles, à des milliers de kilomètres des côtes européennes, la pêche est ardue, les monopoles sont sans pitié et plusieurs Madelinots sont au seuil de la pauvreté. La famille de Delphine, acculée à la faillite, choisit de participer à la colonisation de l’Abitibi, présentée comme une terre de rêve.

Le gouvernement leur fait une offre alléchante : la promesse d’une somme de 1000 $ et d’un lopin de terre. L’offre tombe à point… mais pas pour Delphine, puisque les liens forts qui l’unissent à François sont en train de se renforcer. Elle est donc arrachée à la fois à ses racines et à son amoureux et a beaucoup de mal à s’adapter à la vraie vie de l’Abitibi, beaucoup plus rude qu’on le leur avait fait miroiter. Heureusement, Cyril est là lui aussi, car sa famille a décidé de partir pour l’Abitibi.

Madelinienne d’adoption

À la suite d’un malentendu, qui laisse croire à François que Delphine l’a abandonné, il s’enrôle par désespoir et part pour le front, en Europe. Delphine est dévastée. Cyril, déterminé à retrouver son ami qui se bat aux côtés d’autres soldats canadiens, part lui aussi, au risque d’y laisser sa vie.

Stéphanie Martin explique qu’elle est madelinienne d’adoption.

« Je suis mariée à un Madelinot. On se connaît depuis l’école secondaire, on est ensemble depuis ce temps-là. C’est comme un high school sweetheart ! », dit-elle, en entrevue.

« Ça fait très longtemps que je vais aux Îles presque tous les ans. C’est devenu mon archipel d’adoption. Maintenant, on a une résidence secondaire là-bas et les Îles font partie de ma vie. Déjà, j’ai une sensibilité particulière à cette histoire-là, à ses habitants, à son insularité, sa particularité, sa chaleur, son accueil. »

Histoire vraie

Elle connaissait moins, cependant, l’histoire de l’archipel.

« Cette histoire-là des Madelinots qui sont partis coloniser l’Abitibi, c’est arrivé par hasard dans ma vie. Je suis tombée sur un livre documentaire qui relatait ce périple. Ça a été publié il y a quelques années aux Éditions de la Morue verte. Pendant les années de la guerre, des Madelinots se sont portés volontaires pour participer à un plan de colonisation, à une époque où ça allait plus ou moins bien aux Îles, sur le plan économique. C’était difficile. La pêche, c’était assez précaire comme situation, pour plusieurs. »

La lecture de ce documentaire l’avait frappée.

« Connaissant les gens des Îles et leur attachement à leur petite parcelle de terre, au cœur du Golfe, je pouvais imaginer le déchirement que ça pouvait représenter, pour plusieurs familles, de partir, comme ça, faire une grande traversée vers la Grand’ Terre pour se rendre à l’autre bout du Québec pour démarrer une nouvelle vie. »

Ce sont des familles entières qui sont parties, ajoute-t-elle, en 1941 et 1942.

« J’ai trouvé que c’était tellement riche comme histoire, comme aventure ! De là est venue l’idée de mes trois amis, mon trio inséparable de Delphine, François et Cyril, qui se sont retrouvés mêlés à tout ça. »

 

LA UNE : Stéphanie Martin. PHOTO STEVENS LEBLANC
PAR MARIE-FRANCE BORNAIS