Impact de Fiona sur les insectes : «La totalité de la biodiversité bouleversée»

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Les insectes de l’Île-du-Prince-Édouard pourraient voir leur population fortement diminuée à la suite du passage de Fiona. Gaétan Moreau, professeur d’écologie à l’Université de Moncton, fait le point pour La Voix acadienne et explique en quoi ce déclin pèse sur le reste de la biodiversité.

Après le passage de la tempête post-tropicale Fiona, de nombreux insulaires ont constaté la recrudescence d’essaims de guêpes aux abords des maisons et des jardins. Gaétan Moreau, professeur d’écologie à l’Université de Moncton, explique les raisons de ce phénomène à La Voix acadienne et revient également sur l’impact de Fiona sur les populations d’insectes de la province.

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Photo : Kai Wenzel , Unsplash

Comment expliquer la présence si nombreuse de guêpes désorientées à la suite de Fiona?

Les guêpes font leur nid au niveau du sol ou dans les arbres, souvent dans des trous à l’intérieur des troncs ou sur les branches. Pendant l’ouragan, les fortes pluies ont submergé leurs nids à terre, les vents violents ont détruit ceux qui étaient dans les arbres. Elles se sont donc retrouvées sans-abris et se sont éparpillées, complètement perdues, un peu partout dans la province.

En temps normal, les ouvrières meurent à la fin de chaque automne. Seule la reine survit à l’hiver. Pour l’avenir de l’espèce, la question cruciale en ce moment est de savoir si les reines ont survécu à Fiona. Elles ont pu être noyées, envoyées loin au large par les vents, ou carrément mourir de faim, car la saison d’activité n’était pas finie.

On peut déjà s’attendre à une mortalité accrue des guêpes et à une baisse de la population dans les années à venir. On pourrait se dire que c’est une bonne nouvelle, mais pas du tout. Les guêpes sont des prédatrices qui jouent un rôle de régulateur de l’écosystème, en s’attaquant aux insectes dont la population est trop nombreuse.

Qu’en est-il de l’impact sur les autres insectes?

Il est difficile de savoir comment ce genre d’événements les a affectés, on s’en va dans une direction inconnue. C’est du jamais vu dans nos régions jusqu’alors épargnées par des phénomènes extrêmes si puissants.

Seule certitude, les insectes n’étaient pas équipés pour faire face à Fiona. Un grand nombre a dû être balayé par les vents, emporté et noyé au loin dans l’océan. Pour ceux qui ont survécu, ils ont pu se re-trouver n’importe où, jusque dans les Caraïbes. Il est encore trop tôt pour avoir des données chiffrées, mais on peut clairement s’attendre à une forte baisse des populations dans les prochaines années.

Le contrecoup de Fiona sera par exemple très lourd pour les papillons de nuit en pleine période de reproduction à l’automne. Certains coléoptères qui passent l’hiver sous terre ou sous l’écorce des arbres vont aussi être durement affectés avec le grand nombre d’arbres déracinés et l’eau qui gorge les sols. En revanche, l’impact à court terme pourrait être positif pour les insectes xylophages qui mangent du bois mort.

Quoi qu’il en soit, ce déclin probable des insectes va avoir des conséquences sur l’ensemble de la biodiversité, car ces animaux sont à la base des écosystèmes. Leurs prédateurs, oiseaux et amphibiens, pourraient mourir petit à petit de faim. Et ensuite viendra le tour des prédateurs des oiseaux et ainsi de suite jusqu’à ce que la totalité de la biodiversité soit bouleversée.

LA UNE : Gaétan Moreau, professeur d’écologie et entomologiste à l’Université de Moncton. (Photos : Gracieuseté)
Propos recueillis par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne