À vous la parole ! • S’il y a un peuple qui peut s’arroger ce droit…

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Le droit sacro-saint de ne pas prêter un serment d’allégeance quelconque au roi Charles III du Royaume-Uni et du Canada, c’est bien foncièrement au peuple acadien. Pour de nombreux élus au pays, le droit de siéger au Parlement canadien, aux législatures provinciales se paie avec le reniement de leurs convictions. Ils ne croient pas à la monarchie et au roi ; ils ne voient pas là la source de leur légitimité, mais ils se plient néanmoins à une obligation humiliante, celle de faire un faux serment. Partout au pays, le début d’un mandat parlementaire commence toujours par ce que certains ont désigné comme une «corruption des esprits».

L’expression «Grand Dérangement» cache pudiquement sous des mots en apparence anodins, une réalité d’une très grande cruauté :

1) nettoyage ethnique fomenté par des forces militaires et politiques britanniques en collusion avec le second fils du roi Georges II, le duc de Cumberland, mais surtout qui avait eu sous ses ordres Lawrence, Monckton, Cornwallis et Amherst, tous au su du roi Georges II.

2) dispersion de quelque 6 000 déportés dans les colonies britanniques éloignées situées tout le long de la côte américaine jusqu’à des camps d’internement en Angle-terre où ils furent soumis à la misère et à la maladie ; et plus proche de nous, l’Île Georges, que l’auteure Dianne Marshall a appelé un Acadian Prison Camp (camp de détention acadien).

3) séparations, dislocations et désunions imposées aux familles par l’embarquement forcé des hommes, des femmes et des enfants sur des navires différents, sans égard aux liens familiaux ;

4) assassinats de ceux qui étaient parvenus à s’enfuir et qu’on pourchassait ;

5) dévastation et terre brûlée pour affamer ceux qui s’étaient réfugiés dans les bois ;

6) emprisonnements arbitraires dans des conditions souvent inhumaines et dégradantes ;

7) incendies systématiques de toutes les maisons, granges, bâtiments, dépendances et des moulins des Acadiens déportés ou qui étaient parvenus à s’enfuir, suivi de la destruction de leurs villages ; et

8) confiscation au profit de la Couronne britannique de 120 000 têtes de bétail et de toutes les céréales appartenant aux Acadiens «devant être appliqués au rem-boursement des dépenses que le gouvernement devra faire pour les déporter de ce pays».

Somme toute, ce tableau de chasse britannique de François Baby est d’une rare brutalité. Il est difficile, dans les circonstances, de ne parler que de «dérangement» même «grand». C’est d’un véritable génocide qu’il s’agit, Messieurs Justin Trudeau, Stéphane Dion, Dominic LeBlanc, René Cormier, et Madame Antonine Maillet.

Pendant presque 275 ans, la Couronne britannique a privé le peuple acadien du droit, de la justice et de la clémence. La seule apparence d’une mauvaise foi est un affront au caractère sacré de la Couronne et une souillure de la monarchie britannique. Le Roi le doit à Dieu et à son pays, de demander à son gouvernement de soumettre l’affaire à une sorte d’enquête équitable. Et non sim-plement entretenir une conspiration du silence sous le prétexte du «Never explain. Never Complain»

Combien longtemps encore nos sénateurs et députés provinciaux et fédéraux de nationalité acadienne, bien que de citoyenneté canadienne, vont-ils continuer à prêter un serment d’allégeance à Sa Majesté britannique, certes pour plusieurs, considéré comme un mode d’initiation à la corruption politique et morale, s’il y en a un au Canada? Au bas mot, c’est ré-vélateur d’hypocrisie.

David Le Gallant (Î.-P.-É.), de nationalité acadienne bien que de citoyenneté canadienne