Redevance touristique aux Îles : divergence entre les candidats à la mairie

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Les quatre candidats qui briguent la mairie des Îles-de-la-Madeleine ont exposé des visions divergentes concernant l’imposition d’une redevance touristique, dans le cadre d’un débat organisé et diffusé mardi soir par la radio communautaire CFIM, en collaboration avec l’hebdomadaire Le Radar.

Le projet de règlement déposé en novembre dernier par la Communauté maritime des Îles visant à faire payer 30 $ à tous les visiteurs de 13 ans et plus qui séjournent dans l’archipel ne fait pas l’unanimité chez les aspirants maires.

Les candidats Nicolas Arseneau et Antonin Valiquette se sont montrés favorables à l’idée, en apportant toutefois quelques bémols.

Il faut que ce soit faisable, il faut que ce soit réaliste, a insisté M. Valiquette. Il faut que les transporteurs à qui on demande de percevoir cette redevance-là soient à bord. Si ces conditions-là sont réunies lorsque je serai au conseil, je pourrais être très à l’aise avec cette proposition-là.

«La redevance de 30 $, si j’ai bien compris, c’est pour nous aider à entretenir nos infrastructures, mais il faut aussi s’assurer que l’administration de tout ça soit rentable,» a souligné Nicolas Arseneau. «Si on projette de faire 300 000 $ et que, finalement, ça alourdit l’administration et que ce n’est pas trop avantageux, on n’est peut-être mieux d’aller dans une autre direction.»

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De leur côté, Kaven Langford et Steve Chevarie sont contre l’imposition d’une redevance aux visiteurs, dans le but de financer les services municipaux.

Le tourisme, c’est un des moteurs de notre économie, ça coûte déjà très cher de séjourner aux Îles-de-la-Madeleine, a fait valoir Kaven Langford. La plupart du temps ce sont des Madelinots qui reviennent, nos enfants, des descendants et un moment donné ils vont tourner le dos à la destination si on commence à les taxer. Je pense qu’on est capable de mieux gérer notre territoire nous-mêmes, ensemble, plutôt que de taxer toujours un peu plus.

Ça serait une mesure qui engendrerait beaucoup de combats d’un bord et de l’autre, peut-être même juridiques, on ne sait pas, croit, de son côté, Steve Chevarie. Je pense qu’on est mieux de ne pas s’engager là-dedans. Il y a une pression sur les infrastructures […] La petite taxe ne va pas tout changer miraculeusement. Il faudrait un débat plus profond pour trouver une solution plus durable.

Percé a imposé l’été dernier une redevance de 1 $ sur chaque transaction de 20 $ et plus effectué par un visiteur dans les commerces de la Ville, mais la validité de ce règlement est contestée devant les tribunaux.

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Comment diversifier l’économie de l’archipel?

Les candidats qui souhaitent être élus comme maire ont également dû se positionner sur les moyens de diversifier l’économie des Îles-de-la-Madeleine, très dépendante de la pêche et du tourisme.

Le candidat Kaven Langford, qui fait de l’optimisation de la gestion des matières résiduelles son cheval de bataille, suggère de transformer le plastique directement dans l’archipel.

Présentement, on exporte notre plastique brut, on pourrait faire l’importation du plastique pour ensuite l’exporter transformé, croit M. Langford. On peut faire des tuyaux de PVC avec ça, j’ai vu ça sur Internet.

Son idée a été remise en doute par Antonin Valiquette qui propose plutôt de développer l’aquaculture et la mariculture en collaboration avec les provinces de l’Atlantique.

C’est un plan extrêmement ambitieux, importer du plastique aux Îles-de-la-Madeleine, il faudrait qu’on m’explique, ça prendrait des étude, a rétorqué M. Valiquette. De mon côté, je parle beaucoup d’économie bleue, où on peut se démarquer comme créneau. Au Québec, la mariculture, c’est très loin dans le fond. Les Îles pourraient représenter le Québec en matière d’économie bleue et développer des partenariats avec nos voisins.

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Quant à Nicolas Arseneau, il a remis en question sur le développement perpétuel de l’industrie touristique.

Est-ce qu’il faut diversifier ou consolider l’économie, a-t-il questionné. Je trouve que, surtout au niveau touristique, je pense qu’on ne pourra pas toujours continuer dans ce sens-là. J’ai l’impression que collectivement il va falloir se positionner, parce que si on continue comme ça, je ne veux pas être négatif et défaitiste, mais j’ai l’impression qu’on va frapper un mur éventuellement. On ne peut pas construire partout.

Pour sa part, Steve Chevarie a soulevé l’enjeu du chômage souvent inhérent aux emplois saisonniers.

Il ne faut pas tout mettre dans le même panier et dire, la pêche, le tourisme, ça suffit, a-t-il mentionné. Je vois ça comme une roue où on ne sortira pas du cycle de la pauvreté. Quatorze semaines à l’usine et le reste de l’année subventionné pour ne pas se trouver un autre job dans notre milieu, c’est à réfléchir.

bon-pied

Le logement : un enjeu prioritaire

Les quatre candidats ont tous identifié la question du logement et de l’accès à la propriété comme faisant partie de leurs trois dossiers prioritaires respectifs.

Le rôle que peut jouer la Municipalité pour faciliter l’achat d’une maison par les Madelinots a été au cœur des échanges.

Alors que Kaven Langford propose d’interdire la vente de résidence secondaire aux personnes qui ne résident pas aux Îles-de-la-Madeleine, les autres candidats n’ont pas manqué rappeler que les pouvoirs législatifs municipaux en la matière sont limités.

La Municipalité ne peut pas avoir ce pouvoir-là, a insisté Antonin Valiquette. On n’a pas le droit d’empêcher un propriétaire de maison de vendre à qui il veut, c’est un marché, c’est le droit à la propriété privée.

Une municipalité ne peut réglementer à tous les niveaux, a aussi affirmé Nicolas Arseneau. Ce dernier mise plutôt sur une sensibilisation collective pour favoriser la vente de maison aux Madelinots.

Tous ensemble, on peut trouver des solutions pour se loger, a renchéri Steve Chevarie sans toutefois proposer un plan d’action concret.

LA UNE : La question du logement et de l’accès à la propriété a été une des questions débattues par les candidats à la mairie des Îles-de-la-Madeleine. PHOTO : GRACIEUSETÉ : PIERRE AUCOIN (CFIM)
PAR Isabelle Larose