La Saint-Jean-Baptiste : mais d’où ça vient?

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Les festivités de la Saint-Jean-Baptiste approchent à grands pas. C’est une occasion parfaite pour manger de la poutine, revêtir ses plus beaux vêtements bleus et écouter du rigodon. Mais en fait, qu’est-ce qu’on fête?

La Saint-Jean-Baptiste, dont la date officielle est le 24 juin, est la Fête nationale du Québec. Bien sûr, plusieurs choses allient les Acadiens aux Québécois, à commencer par le fait qu’ils sont tous deux Canadiens-français. Bien que chacun de ces groupes ait ses propres racines et histoires, il est arrivé à plusieurs reprises que celles-ci se croisent. Par exemple, au cours des derniers siècles, il n’était pas rare de voir des curés québécois dans les paroisses acadiennes.

Parmi ceux-ci, le père Georges-Antoine Belcourt. Il est arrivé à Rustico en 1859 et en a été le prêtre pendant dix ans. «Il était très actif et avait fondé une société, l’Institut catholique de Rustico, ce qui est une sorte de société de tempérance et puis il avait placé ça sous le patronage de Saint-Jean-Baptiste», explique l’historien acadien Georges Arsenault. Québécois d’origine, le missionnaire a été le premier à initier la fête de la Saint-Jean-Baptiste à l’Île-du-Prince-Édouard. Saint-Jean-Baptiste étant le patron de tous les Canadiens français, il était normal pour les Acadiens de s’y rattacher également.

Pere Belcourt
Le père Georges-Antoine Belcourt.

Les Québécois, quant à eux, fêtaient une sorte de Saint-Jean-Baptiste dès 1646. Il était coutume d’allumer un feu qui marquait le début de l’été. Mais c’est seulement en 1834 que la célébration a pris un tournant politique lorsque le journaliste Ludger Duvernay a convié une soixantaine d’hommes d’importance à un banquet. C’est à la suite de ce banquet que la Saint-Jean-Baptiste a pris plus d’envergure à la grandeur de la province québécoise.

Pourtant, en 1881, est venue la première Convention nationale acadienne, à Memramcook, au Nouveau-Brunswick. Lors de cette convention, les représentants acadiens ont débattu de plusieurs grands enjeux, entre autres du choix d’un saint patron ou d’une sainte patronne pour l’Acadie. Deux camps s’opposaient. Le premier voulait choisir Saint-Jean-Baptiste et le 24 juin, comme il était déjà fêté depuis plusieurs années. Ces derniers voulaient ainsi unir tous les Canadiens français du pays. Le deuxième camp, dont le père Marcel-François Richard faisait partie, a proposé Notre-Dame-de-l’Assomption et la date du 15 août. Selon eux, il était important que les Acadiens aient leur propre sainte patronne, symbole de leur identité et de leur histoire différentes et personnelles. C’est finalement ce deuxième camp qui l’a emporté et à partir de ce jour, le 15 août a été inscrit dans les archives comme étant la Fête nationale de l’Acadie.

À partir de ce moment, la relation entre la Saint-Jean-Baptiste et les Acadiens s’est peu à peu estompée jusqu’à en devenir presque nulle. Les quelques festivités étaient organisées surtout en mémoire du père Belcourt et de l’empreinte qu’il avait laissée à Rustico. Une tradition en particulier a pourtant perduré à travers le temps jusque dans les années 1950 et c’est celle du feu de joie. Le principe est simple; les hommes abattaient un arbre à coups de fusils de chasse, pour ensuite le couper et le faire brûler dans un immense feu. C’était une sorte de célébration pour la Saint-Jean-Baptiste, mais jamais aussi grosse que celles connues auparavant. Ces feux de joie pouvaient être retrouvés entre autres à Miscouche et à Mont-Carmel.

C’est seulement au cours des trente dernières années que la tradition de la Saint-Jean-Baptiste est tranquillement revenue s’installer à l’Île-du-Prince-Édouard. Selon Georges Arsenault, on peut l’attribuer aux nombreux arrivants québécois à l’Île, surtout dans les grands centres comme Charlottetown et Summerside. Il n’est également pas rare de voir de jeunes acadiens quitter pour poursuivre leurs études au Québec et revenir ensuite, d’autant plus connaisseurs de leur culture voisine. Il s’agit d’une manière simple de reconnaître les origines des Québécois, qui ont souvent épaulé leurs cousins acadiens.

 

LA UNE : La fête de la Saint-Jean-Baptiste est souvent célébrée à l’Île-du-Prince-Édouard.  En 2016, au Carrefour de l’Isle-Saint-Jean à Charlottetown, Jasper Murphy et Emily Jelliff (ci-dessus) ont partagé la traditionnelle poutine québecoise alors que Karine Gallant et Iain MacInnes (photo de gauche) avait offert du divertissement musical.

PAR Charlotte Dubois