Sébaste : Madelipêche compte renaître de ses cendres

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Après 17 ans de latence, l’entreprise Madelipêche revient à l’avant-scène grâce à la relance de la pêche commerciale au sébaste.

La corporation madelinienne, qui était la plus importante entreprise de pêche au Québec au milieu des années 1980, estime qu’elle pourra relancer ses activités avec 16 % des allocations de pêche au sébaste annoncées le 26 janvier dernier.

Selon les chiffres préliminaires dont elle dispose, Madelipêche calcule que près de 4000 tonnes des 25 000 prévues en 2024, lui reviendront en vertu de ses parts historiques, considérant la déduction de 20 % du quota global aux communautés autochtones et aux crevettiers.

Avant le moratoire de 1995, Madelipêche disposait de sa propre flotte de sept bateaux, dont six chalutiers qui mesuraient plus de 30 mètres (100 pieds).

Selon le gestionnaire de Madelipêche, Paul Boudreau, il n’est pas question pour l’entreprise de racheter ses propres bateaux, mais plutôt d’en louer et d’embaucher des capitaines-propriétaires pour pêcher le quota alloué à la corporation.

Un chalutier avec des barils en avant-plan.

Cette photo tirée d’un reportage de La semaine verte diffusé en 1986 montre un des chalutiers qui appartenaient à Madelipêche. PHOTO : RADIO-CANADA / ARCHIVES

Même si la plupart des permis de pêche de Madelipêche sont liés à des bateaux hauturiers de 30 mètres ou plus, l’entreprise peut faire pêcher son quota par des navires plus petits.

Quand tu as un permis pour la pêche hauturière, tu peux toujours faire pêcher par un plus petit bateau, mais jamais par un plus gros, explique le gestionnaire de Madelipêche, Paul Boudreau.

Selon M. Boudreau, l’entreprise compte d’abord faire affaire avec des travailleurs madelinots pour relancer la pêche au sébaste

On a toujours dit que Madelipêche c’est une entreprise des Îles-de-la-Madeleine qui va privilégier de pêcher et de transformer aux Îles-de-la-Madeleine en priorité.

Une citation de Paul Boudreau, gestionnaire de Madelipêche

Madelipêche ne ferme toutefois pas la porte à collaborer avec des pêcheurs d’ailleurs au Québec advenant que la flottille madelinienne ne soit pas en mesure de pêcher le quota alloué.

 Paul Boudreau, représentant des crabiers traditionnels de la zone 12 sur le port de Cap-aux-Meules.

Le gestionnaire de Madelipêche, Paul Boudreau, affirme que l’entreprise veut d’abord faire participer les travailleurs madelinots à la relance de la pêche au sébaste. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

On va attendre de voir si des gens vont nous contacter parce qu’ils sont intéressés. Avant l’annonce, on avait eu des discussions avec l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie, mais on a arrêté de se parler parce qu’ils voulaient avoir nos quotas, affirme Paul Boudreau.

Combien de pêcheurs pourraient-ils en profiter ?

Il est encore trop tôt pour répondre à cette question, selon Paul Boudreau.

Jusqu’à vendredi, on ne pouvait pas faire de plan avec personne, on ne savait même pas si on allait avoir du poisson à pêcher, ni combien, souligne-t-il.

Depuis l’annonce, on est en mode opération pour voir de quelle manière on va opérer l’entreprise, pour la capture, la transformation et la vente. Il faut que tout ça soit fait de pair. Tu ne peux pas pêcher si tu n’as pas de marché de vente. C’est une industrie à développer, ajoute M. Boudreau.

Des bateaux de pêche au port de Cap-sux-Meules.

Des propriétaires de bateaux semi-hauturiers pourront pêcher pour le compte de Madelipêche. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Paul Boudreau précise toutefois qu’un bateau semi-hauturier moyen peut rapporter environ 40 tonnes de sébaste par voyage. Cela signifie que le quota de Madelipêche pourrait permettre une centaine de voyages en mer, ce qui laisse présager la participation de plusieurs pêcheurs.

Même si les quotas de Madelipêche sont liés à une corporation, et non à des capitaines-propriétaires, Paul Boudreau souligne que quatre des huit actionnaires de Madelipêche sont des pêcheurs des Îles qui ont démontré un intérêt à pêcher le sébaste.

L’entreprise a également eu des discussions avec le pêcheur madelinot Marco Turbide, qui n’est pas actionnaire de Madelipêche. Ce dernier, qui pêche déjà le crabe des neiges et le homard, s’est fait construire un nouveau bateau semi-hauturier de 27 mètres (90 pieds) adapté pour la pêche au sébaste.

Un bateau non peint sur terre, dans un chantier naval.

La construction du nouveau bateau de Marco Turbide est en voie d’être complétée au Chantier naval Forillon. Le pêcheur estime qu’il pourra être mis à l’eau en mai et pêcher le sébaste dès cette année. (Photo d’archives). PHOTO : MARCO TURBIDE (FACEBOOK)

M. Turbide compte sur les allocations de Madelipêche pour prendre part à la relance de la pêche commerciale au poisson rouge.

Mon bateau est bien équipé et conçu pour ça et il sera prêt dès cette année, mais je n’ai pas de quota personnel, ça serait la façon la plus simple pour moi, dit-il.

C’est sûr qu’il y a un volume assez considérable auquel je pourrai peut-être avoir accès pour le compte de Madelipêche. Je continue à croire que je vais pouvoir me créer une petite place dans ce merveilleux monde.

Une citation de Marco Turbide, pêcheur de homard et de crabe de Havre-aux-Maisons

Transformation possible chez Fruits de mer Madeleine

Madelipêche possédait jadis sa propre usine de transformation de poisson au centre-ville de Cap-aux-Meules. L’infrastructure a été détruite par un incendie le 19 janvier 2007.

Madelipêche ne compte pas reconstruire d’usine pour transformer le sébaste. Elle souhaite plutôt conclure un partenariat d’affaires avec Fruits de mer Madeleine. Cette entreprise de transformation est actionnaire de Madelipêche et dispose de sa propre usine à L’Étang-du-Nord.

La façade d'une usine de transformation durant l'été.

Fruits de mer Madeleine pourrait transformer le sébaste en partenariat avec Madelipêche. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Le président de Fruits de mer Madeleine, Eudore Aucoin, confirme l’intérêt de l’entreprise à transformer le sébaste.

On est en train de regarder ce que ça demande en termes d’équipement, de main-d’œuvre et les produits dont le marché a besoin, explique M. Aucoin. On pense qu’il serait possible de le faire à même notre usine de L’Étang-du-Nord en déplaçant certains équipements.

Le président de Fruits de mer Madeleine précise que des rencontres sur le sujet auront lieu dans les prochains jours.

Madelipêche : histoire d’une entreprise clé de l’archipel

Madelipêche a été fondée en 1978 grâce au rachat des actifs de la division Gorton Pew de General Mills Canada Ltd aux Îles-de-la-Madeleine qui possédaient deux usines de transformation de poisson ainsi qu’une flotte de six chalutiers.

L’actionnaire majoritaire de Madelipêche était alors la coopérative des Pêcheurs unis du Québec. En 1982, les Pêcheurs unis du Québec commencent à vivre de graves difficultés financières. Devant l’importance stratégique de Madelipêche pour l’économie des Îles-de-la-Madeleine, le gouvernement de René Lévesque décide de sauver Madelipêche de la faillite en rachetant les bateaux et en restructurant la compagnie.

En 1986, Madelipêche était la plus importante entreprise de pêche au Québec. L’entreprise embauchait alors plus de 1000 travailleurs pour transformer, entre autres, le quota de sébaste qui s’élevait alors à 45 millions de livres.

En 1987, 11 actionnaires madelinots ont racheté Madelipêche. L’entreprise, désormais privée, a été lourdement affaiblie par le moratoire sur la pêche au sébaste en 1995.

En 2007, l’usine de transformation de Madelipêche, située au centre-ville de Cap-aux-Meules, est détruite par un incendie, ce qui sonne le glas des opérations de Madelipêche qui avait continué à transformer d’autres types de poissons et fruits de mer après le moratoire.

Bien que l’entreprise ait cessé ses activités après l’incendie, les actionnaires madelinots ont toujours conservé leurs permis de pêche au sébaste.

Madelipêche est aujourd’hui détenu par huit actionnaires madelinots, dont certains sont des capitaines-propriétaires.

LA UNE : Madelipêche détenait environ 25% du quota de sébaste alloué dans le golfe du Saint-Laurent avant le moratoire de 1995. (Photo d’archives) PHOTO : GRACIEUSETÉ DE CLAUDE NOZERES / PÊCHES ET OCÉANS CANADA

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