Le MAPAQ refuse d’octroyer un permis à la Coopérative des pêcheurs des Îles

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La Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine ne pourra pas devenir un nouvel acheteur de homard. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a officiellement refusé sa demande de permis d’acquéreur de produits marins.

La Coopérative avait formulé cette demande en avril 2023 après avoir tenté en vain de racheter les actifs de LA Renaissance des Îles, une usine de transformation qui a fait faillite en février 2023.

Dans une lettre datée du 15 février, le MAPAQ justifie son refus par un seul motif résumé en une seule phrase.

L’objectif de la Loi sur la transformation des produits marins est d’assurer un approvisionnement suffisant au secteur de la transformation des produits marins dans les régions maritimes pour y maximiser la valeur ajoutée, les emplois qui y sont liés et les retombées économiques dans la communauté, écrit le ministère.

Cette justification fait sourciller le président de la Coopérative de pêcheurs de homard des Îles-de-la-Madeleine, Olivier Renaud, qui la qualifie de très peu crédible .

La Loi sur la transformation des produits marins permet d’être utilisée de façon arbitraire afin de protéger l’approvisionnement de certaines entreprises, par le fait même, ça limite la concurrence sur le marché, croit-il.

Dans le motif évoqué pour refuser notre demande, on constate que c’est l’intérêt économique qui semble prévaloir sur l’intérêt du public.

Une citation de Olivier Renaud, président de la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine

Le ministère prétend que l’approvisionnement ne suffit pas au secteur de transformation des produits marins aux Îles-de-la-Madeleine, alors qu’en fait il y a une seule usine qui peut transformer le homard et elle exporte la majorité de ses approvisionnements sous la forme vivante, ajoute M. Renaud.

Olivier Renaud photographié devant le palais de justice, en hiver.

Olivier Renaud est le président de la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

De plus, la Coopérative rappelle que les volumes de homard ramenés à quai ont fracassé des records au cours des dernières années, alors que le nombre d’acheteurs, lui, a stagné.

La Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine n’exclut pas de contester le refus du MAPAQ devant le Tribunal administratif du Québec.

Contexte du refus et nombre d’acheteurs

Le refus du MAPAQ est d’autant plus mal accueilli par les membres de la coopérative, car il a été signifié au terme des audiences concernant la validité du processus de vente des actifs de LA Renaissance, le vendredi 16 février.

Il y a des pêcheurs membres de la coopérative qui sont liés à la requête, précise Olivier Renaud. Pour nous, ce n’est pas anodin d’avoir reçu cet avis de refus, un vendredi soir, quelques heures après la fin du procès quand ça fait trois mois qu’on attendait une réponse. Pour nous, il y a un message politique derrière ça.

La Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine, qui compte actuellement 31 membres, s’est formée à la suite de la faillite de LA Renaissance, dans l’espoir que les pêcheurs puissent reprendre le contrôle sur la vente de leurs prises.

Les pêcheurs veulent faire affaire là où ils se sentent en confiance de le faire et ils ont perdu assez gros dans la faillite de LA Renaissance pour ne plus tolérer cette situation-là, estime le président de la coopérative.

Des pêcheurs trient leurs homards à bord d'un bateau.

Avant 2023, six acheteurs de homard indépendants étaient inscrits au Plan conjoint des pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Olivier Renaud se soucie également du fait que Pêcheries Léomar, qui a racheté les actifs de LA Renaissance, soit détenu par les mêmes propriétaires que Poissons frais des Îles, un autre acheteur de homard. Selon lui, cette situation peut avoir un impact négatif sur les prix versés aux 325 pêcheurs de homard madelinots.

Ça peut avoir un impact vraiment important parce que ces deux entreprises-là peuvent transiger entre elles, explique M. Renaud. L’une peut faire des ventes lorsque la situation est opportune et ça a pour effet de maintenir à cinq le nombre d’acheteurs aux intérêts indépendants. Ça crée une latitude considérable pour influencer le processus qui détermine la fixation du prix payé aux pêcheurs.

Pour les pêcheurs aux Îles-de-la-Madeleine, c’est sûr qu’il y a un intérêt à avoir plus d’acheteurs au plan conjoint et une grande inquiétude sur les mesures prises pour limiter la concurrence dans l’industrie de la pêche.

Une citation de Olivier Renaud, président de la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine

Le Plan conjoint des pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine est en vigueur dans l’archipel madelinot depuis 1991. L’Office des pêcheurs de homards des Îles négocie chaque année une convention de mise en marché avec l’Association québécoise de l’industrie de la pêche, qui représente les acheteurs, dans le but, entre autres, de fixer le même prix de capture pour les 325 homardiers madelinots.

Réactions de Joël Arseneau et de l’OPHIM

Le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine a réagi par écrit à la décision du MAPAQ de refuser l’octroi d’un permis d’acquéreur à la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine.

Le ministre rend aujourd’hui sa décision finale : le problème est qu’on n’a pas plus de justificatifs qu’en novembre dernier, écrit-il en faisant référence à l’avis d’intention du ministère annoncé cet automne.

J’aimerais ça que le ministre Lamontagne vienne aux Îles et qu’il explique aux pêcheurs et à la communauté quels facteurs ont été retenus pour justifier sa décision et en quoi elle sert l’intérêt public.

Une citation de Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine
Rolland Turbide photogrphié devant une pancarte de l'Office des pêcheurs de homard des Îles-de-la-Madeleine.

Rolland Turbide trouve déplorable la décision du MAPAQ. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

De son côté, le président de l’Office des pêcheurs de homard des Îles-de-la-Madeleine se dit déçu par ce refus.

C’est déplorable, lance-t-il. On a toujours eu six acheteurs indépendants et là on tombe à cinq. Avec les débarquements records, le MAPAQ aurait pu se permettre de donner un nouveau permis, croit Rolland Turbide.

LA UNE : La coopérative souhaitait redonner aux pêcheurs de homards le contrôle sur la vente de leurs prises. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / JONATHAN VILLENEUVE

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